« L'analyse monétaire dépasse largement le seul domaine de l'économie ». Partant de ce postulat, Michel Aglietta et André Orléan se sont livrés à une analyse de la monnaie (son rôle, la manière qu'ont les agents de l'appréhender) au sein de la société. En effet, s'il est communément admis que la monnaie recouvre trois fonctions principales : une unité de compte, un intermédiaire des échanges et une réserve de valeur, on oublie trop souvent d'envisager le cadre dans lequel ces fonctions s'exercent.
De fait pour que la monnaie remplisse pleinement son rôle dans l'économie, elle doit faire l'objet d'un consensus, être acceptée et reconnue par tous les acteurs. La monnaie se situe donc au cœur d'un processus de confiance. Un processus de confiance qui se prolonge dans le temps, en effet la monnaie n'est légitime et ne permet la conservation des richesses que si elle est acceptée de façon durable. C'est donc à ce problème de confiance en la monnaie que se sont intéressés Michel Aglietta et André Orléan dans "La Monnaie entre Violence et Confiance" publié en 2002 chez Odile Jacob.
De la lecture de ce livre se dégagent plusieurs grands axes de réflexion. On va d'abord se demander ce qu'est une monnaie et surtout à quelles conditions elle est durablement acceptée . Si comme le disent les auteurs, il n'existe pas de société marchande sans monnaie, cette dernière est aujourd'hui quasiment une condition sine qua non de l'échange en économie, nous verrons comment le lien de confiance peut se détériorer et par quels mécanismes cette crise de confiance aboutit à une crise monétaire. Puisqu'aucune monnaie n'est indéfiniment instituée, quels sont les tenants et aboutissants liés à l'émergence de nouvelles monnaies ?
[...] Le pouvoir de conciliation alors est annulé. Le goût pour l'argent neutralise cette confiance, et la force, la portée de cette confiance s'avère assez faible face à cette inclination. Le palliatif à cette dégradation est la régulation des échanges, par les institutions, les codes, les contrats Nous verrons dans les chapitres suivants que lors d'innovations financières, de mise au point de produits dérivés, ou de conduites imprudentes, ce type de confiance se rompt la première et des crises se déclarent. [...]
[...] L'offre de crédit proposé par les banques diminue, d'où le Credit Crunch. Ce resserrement du crédit a les répercussions que l'on connaît aujourd'hui : baisse de l'investissement, de la consommation, faillites d'entreprises, élévation du taux de chômage. Avec l'avènement d'une Fed indépendante depuis 1951, ces crises vont être atténuées. La Fed vient au secours des banques de second rang par des opérations d'open market (achat d'actifs financiers aux banques) ou comme prêteur en dernier ressort (méthode utilisée pour la première fois en 1966). [...]
[...] D'où l'ambivalence de la monnaie : il n'y a pas de monnaie sans confiance, mais la monnaie s'accompagne de nombreuses tensions et violences. Afin d'illustrer ce propos et d'en énoncer les conséquences, les auteurs, en énonçant la théorie fondamentale de préférence pour la liquidité, vont d'abord distinguer deux systèmes : le système fractionné et le système homogène. Le système fractionné, le système homogène et leurs crises La distinction entre les deux systèmes théoriques se caractérise principalement par la «distance de la monnaie», c'est-à-dire de l'accès plus ou moins facile à la liquidité. [...]
[...] Les stades de transformation de la monnaie, F1, F2 et F3 découlent quant à eux d'une analyse de Marx. Celui-ci part de la situation de violence maximale : la situation des doubles mimétiques. Soit deux individus A et B portant leur désir sur le même objet. C'est ce double désir et la rivalité qui en découle qui vont exacerber la violence. Voyant que A désire le même bien que lui, B va être conforté dans son choix, la valeur de l'objet va augmenter à ses yeux et parallèlement don désir pour lui. [...]
[...] L'exemple est celui de l'entre-deux-guerres en Allemagne et l'épisode d'hyperinflation de 1922. La Reichsbank finance alors par création de monnaie les déficits, tant privé que public : le système est quasi homogène. L'hyperinflation en découlant remet en cause la fonction de réserve de la monnaie, cause principale de la crise monétaire. On cherche alors une autre monnaie, on revient à la situation F2 (concurrence entre plusieurs monnaies). L'indexation des prix se fit alors par rapport au dollar, qui devient la monnaie de référence par dynamique mimétique. [...]
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