Luc Boltanski, Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.
Née en 1965, Eve Chiapello est une sociologue spécialiste de management. Professeur au département comptabilité et contrôle de gestion au groupe HEC, elle est également co-fondatrice et co-responsable de la majeure Alternative Management au sein d'HEC Paris.
Ses domaines de prédilection sont les suivants : « le management des organisations culturelles, les cadres les managers et la transformation du capitalisme, la sociologie des formes comptables et l'étude des idéologies dominantes de la sphère économique ».
On peut dès lors comprendre ses motivations à co-signer le Nouvel esprit du capitalisme aux côtés de Luc Boltansky.
[...] Les premiers se trouvant enchainés dans un processus insatiable, abstrait et dissocié de leurs besoins de consommation, et les derniers ayant « perdu la propriété du résultat de leur travail et la possibilité de mener une vie active hors de la subordination ». De toute part, tant du côté des premiers bénéficiaires du système que de celui de ses perdants, l'adhésion au capitalisme parait surprenante en cela qu'elle manque cruellement de justification. Aucun moyen de coercition De plus, les auteurs font justement remarquer que le capitalisme ne dispose ni ne met en œuvre aucun moyen d'action coercitif afin de forcer l'adhésion d'éventuels éléments réticents. Au sein du système capitaliste, l'Etat demeure le seul tenant de la violence légitime. [...]
[...] Elle sert donc indirectement le capitalisme et est un des instruments de sa capacité à durer. ETUDE D'UN CAS CONCRET – IMPACT DE LA CRITIQUE VOICE DE MAI 68 ET NOUVEL ESPRIT DU CAPITALISME L'étude du cas concret emblématique qu'est la crise de Mai 1968 est l'occasion, pour Boltanski et Chiapello, d'illustrer la dynamique d'évolution du capitalisme dont ils ont dessiné les contours. Cet exemple est significatif en cela qu'il illustre parfaitement la façon dont l'esprit du capitalisme, en se nourrissant de la critique du capitalisme, évolue et contribue à réorienter le système qu'il prône. [...]
[...] Bien évidemment, ces productions culturelles contemporaines ont très souvent été développées à d'autres fins que celle de justifier le capitalisme. Le plus souvent d'ailleurs, elles le fustigent. Ainsi, confronté à l'exigence vitale de sa propre justification, le capitalisme mobilise un déjà-là dont la légitimité est assurée et auquel il va donner un tour nouveau en l'associant à l'exigence d'accumulation de capital. Cette dimension morale est relayée, selon les auteurs, dans les discours des principaux acteurs chargés de se faire les portes paroles des actes économiques associés au capitalisme. [...]
[...] En effet, le capitalisme demeure en premier lieu, les deux auteurs n'ont de cesse de le rappeler au cours de leur ouvrage, un processus économique, guidé avant tout par des forces économiques. L'apport de la sociologie pragmatique dans un domaine aussi cloisonné que celui que Boltanski et Chiapello explorent à l'occasion de cet ouvrage demeure de surcroit limité. Le lecteur ne doit de surcroit surtout pas perdre de vue le fait que l'explication que les deux auteurs proposent, bien qu'extrêmement pertinente et fondée, n'est que pour une infime partie responsable des redéploiements successifs du capitalisme observés ces trente dernières années. [...]
[...] Une chose est sûre, le capitalisme ne tire pas sa suprématie de son essence . mais paradoxe de sa survie Le capitalisme en lui-même, en tant que système portant une exigence illimitée de capital, n'est pas attractif. « Les contraintes systémiques qui pèsent sur les acteurs » ne suffisant pas à elles seules à susciter l'engagement, comment expliquer non seulement la survie du capitalisme, mais d'avantage, l'adhésion quasi-unanime qu'il semble engendrer ? Un système amoral Economiquement fondées, le principe d'accumulation que prône le capitalisme est entièrement déconnecté de la sphère morale. [...]
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