Le point de départ de la réflexion de Galbraith est l'observation des profondes mutations du système économique, en particulier américain, depuis les années 50. Mais là où 'L'ère de l'opulence' ne faisait qu'aborder un des aspects de ce problème, au travers de l'analyse de la société de consommation, 'Le nouvel État industriel' vise à étudier le thème du changement dans une perspective globale
[...] En ces domaines, le système planificateur fait preuve de ses lacunes. La primauté des objectifs purement économiques a au moins l'avantage de se baser sur des données objectives : le PIB se mesure aisément, mais on ne peut pas évaluer objectivement le progrès culturel ou esthétique. Les économistes, par ailleurs, se défient des autres dimensions : il serait impensable d'en entendre un conclure qu'une production inférieure avec des conditions de vie meilleure et moins de pollution serait préférable pour le progrès de la société. [...]
[...] L'entreprise moderne, étant donné son gigantisme, a les moyens d'influer sur les prix auxquels elle vend autant que sur ceux auxquels elle achète. Surtout, elle peut influencer les choix du consommateur lui-même. Les sommes de plus en plus imposantes englouties par le système planificateur dans la publicité sont la manifestation la plus éclatante de la manière dont le producteur s'assure de la docilité du consommateur, dont il élimine ainsi toute interférence potentielle avec le bon fonctionnement de son processus productif. Le système planificateur contrôle donc le marché auquel il est censé être assujetti. Ce contrôle s'étend à l'ensemble de la société. [...]
[...] A ce point de vue, Le nouvel État industriel a bien vieilli et la plupart de ses thèses ont été vérifiée par les faits. En fait, on pourrait même dire que la portée de ses analyses s'est accru avec le temps : en effet, alors qu'il ne parlait que du système américain, les mêmes phénomènes se sont développés dans les autres pays industrialisés, selon des modalités plus ou moins différentes. Aujourd'hui, le système planificateur ne s'étend plus seulement dans un seul pays : il s'est mondialisé comme les échanges économiques, et la puissance des firmes multinationales s'accroît sans cesse, au point que l'on peut se demander dans quelle mesure elle peut concurrencer celle des plus grands États et influencer la politique mondiale. [...]
[...] Son expérience vécue a largement inspiré une oeuvre économique originale. À défaut de pouvoir le classer parmi les chapelles économiques classiques, on a pu occasionnellement le décrire comme un libéral hétérodoxe, appellation bien pratique mais sans grande signification. Ses principaux ouvrages sont : Le capitalisme américain (1952), ère de l'opulence (1958), heure des libéraux (1960), et le plus célèbre d'entre eux, Le nouvel État industriel (1967). Mais son oeuvre témoigne de beaucoup d'autres centres d'intérêt que l'économie (Indian Painting, 1969), ainsi que de ses talents de satiriste et de polémiste : il s'attaquera ainsi à la diplomatie américaine en Amérique latine (The Triumph, 1968), ainsi qu'aux liens entre guerre et expansion économique dans le cadre du complexe militaro-industriel (La Paix indésirable, 1967). [...]
[...] Le plus grand ennemi du marché, conclut Galbraith, est l'ingénieur et non pas l'idéologie. Seules les plus grandes entreprises sont capables de contrôler ainsi tout leur processus productif. Galbraith appelle donc système planificateur l'ensemble constitué des firmes géantes les plus importantes des États- Unis, celles dont le pouvoir est tel qu'elles peuvent peser sur tous les éléments susceptibles d'entrer en ligne de compte dans leur stratégie industrielle, y compris le pouvoir politique élu. En fait le système planificateur est tout à fait favorable à l'intervention de l'État dans l'économie : s'il se dissimule sous le dogme libéral dés qu'il s'agit de conserver sa liberté de manœuvre, le système planificateur presse en revanche l'État d'intervenir de manière à préserver ses intérêts dans des domaines où il ne peut agir lui-même directement, par exemple pour garantir la stabilité de la monnaie, ou bien pour lui assurer une confortable situation par des commandes officielles (c'est éclatant dans le cas du complexe militaro-industriel). [...]
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