La mentalité optimiste provoquée par l'effet de croissance des Trente Glorieuses est vite retombée pour laisser place à l'idée d'une société stationnaire, qui permettrait de préserver le niveau de vie. La volonté de puissance (qui a sans aucun doute contribué au déclenchement des deux guerres mondiales) s'est effacée et la mondialisation aurait aplani les différences puisque tout le monde est soumis à une économie « commune ».
Les disparités montrent toutefois la bipolarité de la mondialisation : à la fois réalité −perçue à travers la « logique économique planétaire » − et illusion −due au fait que l'histoire ne découle pas du mécanisme économique. La crise du monde développé doit être analysée sur trois plans : économique, culturel, et anthropologique ; identifiable aux catégories psychologiques : conscient, subconscient et inconscient de la vie des sociétés.
« La crise ne naît pas d'une évolution économique autonome, mais de mouvements de longue période du niveau culturel des diverses populations ». En effet, l'évolution du niveau culturel stratifie les sociétés, ce qui contredit l'idée d'une nation égalitaire. Mais l'évolution n'est pas infinie, ce qui provoque un sentiment d'impuissance dans le monde. « L'analyse culturelle [...] ramène en fait à une vision réaliste de la dynamique interne des sociétés ».
Le niveau culturel interfère donc (ou explicite) l'économie de la nation, mais amorce une réaction idéologique ultralibérale lors de la chute de ce même niveau (notamment en Amérique). Ceci est un des phénomènes majeurs de la période, compte tenu de son expansion planétaire. Ce sont notamment ces diversités de niveau culturel qui définissent les inégalités économiques.
L'organisation familiale intervient sans aucun doute dans le niveau culturel puisqu'elle génère la transmission des connaissances. Toutefois, les mentalités changent d'un pays à l'autre : les uns sont individualistes (pays anglo-saxons), d'autres privilégient la collectivité (Allemagne, Japon). De cette analyse découle l'existence de plusieurs types de sociétés capitalistes différentiés par les « fondements anthropologiques de chacune des nations ». Les valeurs anthropologiques, bien qu'indépendantes de l'économie, définissent les réactions des citoyens face notamment aux mesures économiques.
[...] Une relation forte entre parent et enfant définit un groupe familial très dense, et au-delà, par perpétuation des valeurs, une nation fortement intégratrice. La famille souche a engendré des nations modernes qui sont à la fois puissamment intégratrices de l'individu et très conscientes de leur originalité. Une telle représentation de soi en tant que groupe a évidemment des conséquences économiques, particulièrement dans le domaine de l'échange international. En effet, dans la pratique japonaise ou allemande, l'importation doit être réduite au strict nécessaire des matières premières, de nature inférieure. [...]
[...] Les régions de déchristianisation ancienne ont voté non ; les régions où la pratique religieuse était restée forte jusque vers 1965 ont voté oui (qui a été la majorité). Ceci est dû au fait de la majorité écrasante du oui dans ces régions par rapport au score assez élevé de celui- ci dans les régions qui ont voté non. Du point de vue de l'anthropologue, c'est la France périphérique, celle qui ressemble à l'Allemagne qui a choisi Maastricht. En effet, le cœur anthropo-idéologique du projet maastrichtien est souche et catholique (Classes sociales et régions anthropologiques En France, la pluralité des attitudes régionales donne aux individus appartenant aux diverses couches sociales une certaine liberté de manœuvre idéologique. [...]
[...] Chaque type de capitalisme a donc son type anthropologique propre, mais celui-ci est défini avec toutes sortes d'interactions, dont le développement du commerce international. L'ouverture n'a pas mené à la convergence des systèmes, mais à leurs différenciations. (Niveau culturel et productivité Le potentiel de productivité dépend du niveau culturel d'une nation. Plus le taux d'alphabétisation est élevé, plus l'économie est florissante grâce à la forte productivité fournie par les citoyens (même dans des pays excentrés où les réserves naturelles font défaut comme la Norvège ou a Suède). [...]
[...] De plus, il n'est pas impossible que la décrue du niveau culturel américain, entre 1963 et 1980, représente simplement un réajustement du niveau éducatif sur le potentiel intrinsèque de la famille nucléaire, le dopage temporaire par la famille souche finissant de s'estomper dans la période. »(p.112) Chapitre 4 : Le tournant des années 90. L'économie américaine est-elle dynamique ? Le tournant des années 90 marque un nouvel essor de l'économie américaine, et de ses institutions. En effet, les États-Unis semblent arborer une des technologies les plus performantes, et la comparaison avec l'Europe prouve sa supériorité (Fabriquer des biens . ou des emplois ? [...]
[...] (LES PLUS Les éloges sont plus faciles à exprimer, par le simple fait que l'organisation du développement est structurée et organisée de façon à faciliter la lecture. En effet, les différents chapitres sont organisés en sous-chapitres, eux-mêmes composés d'une brève introduction, un développement ciblé avec des exemples concrets, ainsi qu'une phrase de conclusion qui permet souvent une transition utile à une bonne compréhension. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait qu'Emmanuel Todd développe sa pensée tout en y réfléchissant, en relativisant, comme si son regard était extérieur. [...]
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