Thomas Piketty fait paraître un livre sur 'Les hauts revenus en France au XXe siècle', dans lequel il montre que la réduction des inégalités a été indéniable au XXe siècle et qu'elle est notamment due à la mise en place d'un impôt très progressif sur le revenu. Cette analyse va être reprise dans un ouvrage sur 'Les inégalités économiques' réalisée par le Conseil d'Analyse Economique à la demande du Premier ministre et qui est très critique quant à la réduction de l'impôt sur le revenu décidé par Laurent Fabius
[...] Ce tournant consacre l'abandon définitif de l'idée selon laquelle les phases avancées du développement capitaliste se caractériseraient par une tendance irrépressible à la diminution des inégalités. Il confirme également et surtout l'impact déterminant de l'impôt progressif sur la formation des inégalités, puisque les deux seuls pays où la pression fiscale a été massivement et soudainement réduite au cours des années 1980-1990 sont également les deux seuls pays dans lesquelles les inégalités se sont subitement mises à croître de façon franche et massive. Existe-t-il néanmoins des exemples historiques où les inégalités auraient connu une compression durable ? Les inégalités avaient-elles commencé à diminuer avant 1914 ? [...]
[...] Quant à l'hypothèse de la réduction des inégalités au XIXe siècle, elle est difficilement vérifiable en raison de la très grande fragilité des matériaux statistiques disponibles. Pour les pays dans lesquels on dispose de quelques informations (Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis et France), les hiérarchies de revenus et de salaires semblent s'être élargies de façon importante au cours du XIXe siècle. Le premier enseignement de l'histoire comparative de l'inégalité est donc que la courbe de Kuznets n'existe pas. Mais, quel est l'impact des inégalités et de la redistribution sur le développement économique ? [...]
[...] Piketty se soit contenter d'analyser l'impact de l'impôt sur le revenu sur les hauts revenus en France. En effet, l'Etat a bien d'autres instruments à sa disposition dans le cadre de la réduction des inégalités : la redistribution pure (qui ne se limite pas au seul impôt sur le revenu), l'assurance (des prestations non liées au niveau des cotisations) et la fiscalité indirecte (financements des équipements collectifs). La conjonction de ces trois outils a peut-être plus contribuée à la diminution des inégalités que le seul impôt progressif sur le revenu. [...]
[...] L'impôt est d'autant plus faible que le nombre de parts est élevé. Depuis cette date, le taux d'imposition n'a plus jamais été exprimé en taux moyen. Cette mesure, mise en place en 1914, limitait énormément la charge fiscale pesant sur les très hauts revenus. Cependant, les barèmes de l'entre-deux-guerres cherchaient à stigmatiser les très hauts revenus, alors que les barèmes de la fin du siècle cherchent à montrer une société dans laquelle les inégalités les plus criantes auraient définitivement disparues. [...]
[...] Un nouveau pas a été franchi avec la baisse d'impôts décidés par le gouvernement Jospin : première baisse de l'impôt sur le revenu effectuée par un gouvernement de gauche. Les augmentations d'impôt sont beaucoup plus risquées à accomplir, car elles obligent à expliquer pourquoi et pour qui les impôts doivent être augmentés ; ce qui les rend particulièrement intéressantes pour analyser l'évolution de la perception des inégalités. Il n'existe que deux augmentations d'impôt qui aient été voulues et assumées en tant que telles : celle du Front Populaire et celle du gouvernement Mauroy. [...]
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