Pour Keynes, « Un économiste confirmé doit posséder une rare combinaison de dons. Il doit être un tant soi peu mathématicien, historien, homme d'État, philosophe. […] Il lui faut étudier le présent, à la lumière du passé, pour préparer l'avenir. » . La démarche de Robert L. Heilbroner dans son ouvrage Les grands économistes, publié en 1953 et complété jusqu'en 1986, se rapproche de cette affirmation. En effet, Heilbroner dresse un panorama original des grands économistes, s'appuyant à la fois sur leur personnalité même et sur le contexte économique, social et politique dans lequel ils ont développé leur analyse.
Au-delà des petites anecdotes sur la distraction de Smith ou les aventures amoureuses de Veblen, souvent attaquées par les critiques de Heilbroner, le récit des expériences de chaque auteur a une double utilité. Il permet d'une part d'humaniser ces grands auteurs et d'autre part de comprendre en quoi leurs études et activités dans des domaines aussi variés que les mathématiques, l'histoire ou la philosophie ont influencé leur analyse. Par ailleurs, Heilbroner ancre systématique l'analyse des économistes dans leur contexte. Ils ont ainsi toujours « étudié le présent », ce qui peut expliquer leurs différences de conception de l'économie.
[...] Keynes rechercha alors ce qui maintenait l'économie en état de crise. Il conclut qu'il n'existait aucun mécanisme de sûreté, et qu'une crise pouvait ne pas se guérir sans intervention extérieure. Il préconisa alors l'investissement, force motrice autonome de l'économie et en particulier l'investissement gouvernemental, consistant en une politique de grands travaux. Son remède connut un relatif échec, parce qu'il ne fut pas appliqué entièrement et que les entreprises y furent hostiles. b. Joseph Schumpeter : l'échec du capitalisme pour des raisons sociales Schumpeter travailla dans un contexte de croissance économique importante. [...]
[...] Le contemporain et ami de Malthus, David Ricardo se montra également très pessimiste, mettant en évidence la lutte sévère pour la prééminence Le passage à cette conception pessimiste de l'économie de marché est expliqué par la naissance, depuis l'époque d'Adam Smith, d'antagonismes entre deux classes puissantes : les industriels et les propriétaires fonciers. Cette lutte se manifesta notamment par les Corn Laws, lois protectionnistes anglaises favorables aux propriétaires. Selon Ricardo, seuls les aristocrates fonciers bénéficieraient de la révolution industrielle, en profitant de leur rente. Ils sont les seuls à faire du profit, étant donné que les entrepreneurs, à long terme, doivent subir la hausse des salaires. Par ailleurs, Ricardo mit en avant l'idée d'une possible crise de surproduction Cependant, ce problème fut résolu par la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say. [...]
[...] Ils forment ainsi une armée industrielle de réserve qui permet de faire baisser les salaires. Cependant, les industriels ne réalisent pas de profit sur la mécanisation. Les profits diminuent donc à nouveau, ce qui mène à a crise capitaliste Pour Heilbroner, le principal apport de Marx est sa conception matérialiste et dialectique de l'histoire, selon laquelle toute société repose sur une base économique, autour de laquelle se mettent en place des superstructures sociales, culturelles, intellectuelles. Selon Heilbroner, l'analyse prévoyant la fin du capitalisme est erronée, car Marx n'a pas prévu que le capitalisme évoluerait et s'adapterait aux nouvelles structures de la société. [...]
[...] Le XIXème siècle fut marqué par l'expansion coloniale des puissances européennes. Selon John Hobson, l'impérialisme témoigne de la nécessité pour le capitalisme de conquérir de nouveaux marchés afin de vendre des biens produits en quantité toujours croissante. Si elle fut rejetée vivement par les économistes officiels la théorie de Hobson fut utilisée par Lénine. Celui-ci souligna en effet que l'impérialisme est la phase ultime du capitalisme Durant cette période, Alfred Marshall, économiste officiel mit en évidence l'équilibre du marché, et sa capacité à s'autoajuster. [...]
[...] Le travail constituait une fin en soi. Pour Heilbroner, la nouvelle société se développa au sein de l'ancienne, et quand sa force fut suffisante, elle fit éclater les vieilles structures La révolution industrielle a donc été un phénomène progressif, dû à des changements politiques, sociaux, et religieux qui aboutirent à la naissance d'une société basée sur la recherche du profit. Le progrès technique et scientifique permit des innovations, qui, auparavant craintes, étaient désormais appréciées. Le concept de sujet économique naquit. [...]
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