La Grande transformation - Karl Polanyi (1944) - La non-naturalité de l'économie de marché

Thèmes abordés

La Grande transformation, Karl Polanyi, Ludwig von Mises, économie de marché, substantivisme, guerre froide, libéralisme économique, non-neutralité du marché, régression sociale, échange commercial, pensée économique, non-naturalité de l'économie, pensée libérale

Résumé du document

Basée sur le livre "La Grande transformation" de Karl Polanyi, cette fiche de lecture, sur le thème de la non-naturalité de l'économie de marché, est un travail de contextualisation historique qui s'appuie sur un travail de recherche. Il s'agit de montrer pourquoi le contexte est important pour la bonne compréhension de l'ouvrage.
La fiche met en perspective la pensée de Polanyi avec celle de Ludwig von Mises, principalement, mais aussi celle d'Adam Smith pour montrer l'évolution de la pensée libérale.

Extraits

[...] Il fait publier en 1944 son ouvrage La Grande Transformation qui fait une lecture historique et anthropologique de l'Europe entre le début de la Révolution Industrielle et le New Deal aux États-Unis. Il relève le rôle important de l'organisation des marchés et leur volonté hégémonique à subordonner le reste de la société à ses principes. La Grande Transformation L'ouvrage La Grande Transformation est structuré autour de trois grandes thématiques : la première et la troisième se focalisent sur les conditions historiques qui ont précipité les principaux évènements qui ont marqué le XXème siècle, de la Grande Guerre à la Dépression de 1929, en passant par la montée du Fascisme en Europe et la mise en place du New Deal aux États-Unis dès 1933, mais également l'exécution du premier Plan Quinquennal en Union soviétique. [...]

[...] Von Mises, Hayek et Polanyi Polanyi se montre plus indulgent avec les limites de la pensée classique de Smith et Ricardo qu'avec ses propres contemporains. Au contraire de Polanyi, Ludwig Von Mises et son étudiant Friedrich Hayek ont essayé de réhabiliter les concepts-clefs du libéralisme de marché à un moment où l'Europe était tiraillée entre le Fascisme d'Italie et d'Allemagne, et de l'autre côté le Socialisme de l'Union soviétique. La dominance du libéralisme de marché a été sérieusement remise en cause suite à la Grande Guerre, mais également à cause de la dépression économique qui a suivi, la déstabilisation des échanges commerciaux et des flux de capitaux suite à l'abandon progressif de l'Étalon-or par les grandes économies mondiales. [...]

[...] Polanyi souligne à juste titre que suite à la Grande Guerre, le rôle de l'agriculture a tout d'un coup pris une importance stratégique - les leçons apprises du conflit étaient que l'autarcie en matière de production agricole était un impératif militaire assurant l'accès à des ressources internes en cas de conflits. Polanyi relève que c'est cette idée qui a poussé à la ruralisation de l'Europe Centrale et Orientale, afin de faire face à la menace - réelle- d'une agression bolchévique. Von Mises y voyait cependant un dévoiement des structures économiques pour servir des buts politiques, et soutenait donc que seul libre-échange - donc la sphère économique- pouvait garantir la paix en Europe et dans le monde. [...]

[...] Social Thought & Research, vol. 29, 2008, pp. 155 - 160. (lien [HYPERLINK: https://www.jstor.org/stable/23250067]) [HYPERLINK: https://www.jstor.org/stable/23250067] Polanyi, Karl The Great Transformation - Edition Beacon Press Boston (1ère édition 1944) Seconde édition Beacon Press 2001. Watson, Matthew Karl Polanyi, The Great Transformation and a new political economy - Université de Warwick. [...]

[...] Pour Polanyi donc, la critique adressée à Adam Smith, Von Mises et Hayek est motivée par le fait que les sociétés industrielles ne sont pas l'aboutissement d'un processus naturel vers lequel les sociétés convergent. Pour les tenants de l'approche néo-classique, le capitalisme moderne est l'aboutissement inéluctable de la civilisation humaine - son caractère a-historique signifie qu'il peut être pensé en dehors de la société, voir l'influer par sa seule présence. Polanyi contredit cette assertion, mais admet cependant qu'elle était prophétique. [...]