Ecrite en 2002 par Joseph Stiglitz, La Grande Désillusion est un ouvrage pour le moins controversé. Son auteur, lauréat du prix décerné par la Banque de Suède en la mémoire d'Alfred Nobel, fait valoir un cursus universitaire et professionnel conférant une certaine intensité et légitimité à la critique qu'il adresse aux instituions économiques internationales. Economiste américain, spécialiste des asymétries d'informations, il fut membre du Council of Economics Advisers, comité de trois experts chargés d'assister le président Bill Clinton, dans ses décisions économiques. En 1997, il est nommé vice-président et économiste en chef de la banque mondiale. Ce qui nous apparaît être le parcours sans faute d'un esprit brillant est tant confirmé qu'infirmé par Kenneth Rogoff, professeur à Havard et conseiller au Fond Monétaire International (FMI): "Joe |Joseph Stiglitz], as an academic, you are a towering genius. Like your fellow Nobel Prize winner, John Nash, you have a "beautiful mind." As a policymaker, however, you were just a bit less impressive". (extrait d'une critique de Rogoff sur la Grande Désillusion). Toutefois, avant de considérer les limites des critiques émises par Stiglitz, concentrons-nous en premier lieu sur le contenu de son ouvrage.
[...] La Grande Désillusion nous livre une analyse éclairée des méfaits de l'action des institutions économiques internationales, concernant en particulier le FMI. Il semblerait que l'action de ce dernier soit gouvernée par un rapport dogmatique à l'idéologie libérale, et conduise à la proposition de mesures peu adaptées aux besoins économiques des pays en voie de développement. En ce sens, il est intéressant de constater que l'action des institutions internationales se fait dans l'illusion d'une dichotomie économie/politique. Or, il apparaît qu'il subsiste une certaine indissociabilité entre ces deux domaines : à la lumière de l'analyse d'Amartya Sen, nous pouvons envisager le développement démocratique comme fonction du développement économique. [...]
[...] En ce sens, il souhaite que le FMI ne se limite par à la préconisation d'une orthodoxie monétaire, mais qu'il agisse également en faveur de l'emploi ou de la protection sociale. D'autre part, il apparaît que le calendrier des réformes soit essentiel. Ainsi, il est primordial de réglementer les systèmes financiers avant de libéraliser les marchés ou encore d'intégrer les pays au commerce international une fois un certain seuil de compétitivité atteint. D'une manière plus générale, Stiglitz considère que les réformes doivent s'inscrire dans le cadre d'une meilleure prise en compte des spécificités politiques, culturelles et sociales des pays en voie de développement. [...]
[...] La Grande Désillusion, J. E. Stiglitz Écrite en 2002 par Joseph Stiglitz, La Grande Désillusion[1] est un ouvrage pour le moins controversé. Son auteur, lauréat du prix décerné par la Banque de Suède en la mémoire d'Alfred Nobel, fait valoir un cursus universitaire et professionnel conférant une certaine intensité et légitimité à la critique qu'il adresse aux instituions économiques internationales. Économiste américain, spécialiste des asymétries d'information, il fut membre du Council of Economics Advisers, comité de trois experts chargés d'assister le président Bill Clinton, dans ses décisions économiques. [...]
[...] Ainsi, en plus de tenir le FMI responsable de la transition économique manquée des pays de l'Est, il suggère que les seuls pays ayant connu un certain succès économique au sortir de l'ère soviétique (la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie), le doivent à leur réticence à appliquer la totalité des recommandations du FMI. En cela, nous aurions donc la preuve de la non prise en compte par le FMI des spécificités politiques et sociales des pays. Le FMI ignore ainsi ce que Stiglitz nomme la puissance du changement systémique liant l'économique, le politique et le social. [...]
[...] La lecture de la critique effectuée par Kenneth Rogoff au sujet de la Grande Désillusion nous amène cependant à prendre certaines distances par rapport aux idées avancées par Stiglitz. D'une part, l'action du FMI semble être en partie caricaturée par l'ancien vice-président de la banque mondiale, dans la mesure où celui-ci ne serait pas aussi réticent aux réformes et serait même conscient de certains problèmes mis en avant par Stiglitz[3]. Il est par exemple reproché à Stiglitz d'amplifier la responsabilité du FMI dans l'échec de la transitions économique de l' ex bloc soviétique. [...]
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