A l'inverse de la morale qui s'efforce de décrire le monde vivant tel qu'on le voudrait, l'économie cherche à en décrire les rouages réels en se basant sur les mécanismes d'incitations. Son champ d'étude ne se limite pas aux entreprises, au chômage et à la croissance : elle peut offrir un modèle d'analyse pour quasiment tous les comportements humains, ce qui sera l'objet du livre. Ainsi par exemple, l'autorisation de l'avortement par la Cour Suprême des Etats-Unis dans les années 1970 à permit de limiter considérablement le nombre de naissances dans les milieux défavorisés, causant en grande partie la prodigieuse baisse de la criminalité observée dans les années 1990 (et qui n'est que peu imputable aux progrès de l'économie et aux nouvelles méthodes policières, contrairement aux dires des économistes de l'époque). L'économie permet aussi d'affirmer que les agents immobiliers attendent bien plus longtemps pour recevoir la meilleure offre possible lorsqu'ils vendent leur propre maison ou que l'argent investi dans les campagnes n'a qu'une influence minime sur les résultats d'une élection.
[...] Leur prénom n'est de toute évidence pas la cause de leurs écarts : si Temptress est si dévergondée, elle doit certainement le devoir en partie à sa mère illettrée au point de ne pas savoir ce que voulait dire temptress et assez frivole pour choisir le prénom d'une actrice du Cosby show pour sa fille, et quant à Amcher, on se doute qu'il n'a pas du recevoir une très bonne éducation de la part de parents qui ne s'étaient même pas donnés la peine de lui chercher un prénom. Revenons au fossé socio-économique qui sépare les Noirs et les Blancs aux Etats-Unis. [...]
[...] III) Pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman ? Ainsi il faut nous méfier des informations que nous recevons en permanence. Mais s'il en est dont nous devons nous méfier plus que tout, ce sont bien celles qui nous sont fournies par la sagesse populaire Cette expression, assez péjorative, que l'on doit à l'économiste John Kenneth Galbraith, désigne le lot de vérités communément admises qui nous entoure et nous inonde en permanence. Souvent bricolée par les médias et la publicité, cette sagesse, selon Galbraith, est toujours opportune et commode, constituée des seules propositions qui nous arrangent ou nous réconforte, et souvent très simple (ce qui nous évite de nous donner la peine de comprendre des phénomènes complexes) mais rarement dans le vrai. [...]
[...] Mais le fossé réapparait rapidement. A la fin de la première année du primaire, l'élève noir obtient généralement de moins bons résultats que l'élève blanc statistiquement identique. L'explication est à chercher ailleurs, à savoir dans l'école fréquentée par l'enfant. L'étude de l'ELCS révèle qu'un enfant blanc fréquente en général une école dont 94% des élèves sont blancs et qu'un enfant noir fréquente en moyenne une école dont les élèves sont à 60% noirs. Or les écoles que fréquentent les élèves noirs sont en général elles-mêmes bien moins performantes et présentent bien plus d'éléments perturbant l'apprentissage (présence de gangs, non- participation des parents à la vie scolaire ) que les écoles à majorité blanche. [...]
[...] Grâce à la supériorité de son information sur la vôtre, votre propre agent immobilier peut donc vous arnaquer à votre insu le plus total. Mais encore une fois, avec l'avènement du web, les gens peuvent désormais se renseigner sur les tendances de marché, les taux d'intérêt pratiqués et même les profils et les préférences des acheteurs. Certes les agents immobiliers continuent encore de vendre leur maison plus cher que celles de leurs clients, mais l'écart a d'ores et déjà diminué d'un tiers depuis la prolifération des sites immobiliers. [...]
[...] On peut comparer le phénomène aux foules de jeunes acteurs, musiciens ou sportifs professionnels qui vivent dans la précarité la plus totale afin d'accéder un jour aux plus hauts niveaux. IV) Où sont passés les criminels ? L'histoire de ces habitants des quartiers pauvres des grandes villes américaines est d'ailleurs liée à un autre phénomène d'ampleur nationale aux Etats Unis dans les années 1990. En 1966, un an après son arrivée au pouvoir, le dictateur roumain Nicolae Ceausescu décrétait l'illégalité de l'avortement dans un pays qui à l'époque connaissait quatre interruptions de grossesse pour une naissance. [...]
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