L'aggravation continue du chômage semble être une caractéristique propre aux pays de l'Union européenne. On peut expliquer cette situation par la volonté des pays membres de mener en préalable à la construction européenne une politique de vertu monétaire ayant pour coût involontaire le chômage; celui-ci serait alors une souffrance à laquelle on consent parce qu'elle serait un investissement sur l'avenir
[...] La baisse des charges sociales présente également des inconvénients instantanés. A moins qu'un financement par l'impôt ou la CSG ne se substitue aussitôt aux cotisations, avec pour conséquence négative de limiter l'effet sur l'emploi, l'opération se traduit par des déficits temporaires qui viennent s'ajouter à une dette déjà forte. Les spécialistes évaluent cette période délicate à trois années, avant que l'enchaînement heureux des causes ne produise un solde positif pour la croissance et pour les finances publiques. A condition, toutefois, que tout se déroule parfaitement car les spécialistes imaginent encore d'autres obstacles: ceux qui résulteraient de l'influence sur la productivité, qui pourrait diminuer, ou sur les investissements, qui pourraient se ralentir. [...]
[...] On évoque alors souvent un nouveau partage salaires-emplois ; mais pourquoi ne pas faire aussi participer le profit et la rente à ce nouvel échange social? Actuellement, un sentiment de précarité et de résignation domine chez les salariés ; la peur de l'avenir conduit à la résignation sociale collective et à la résistance individuelle. Le discours dominant est qu'il n'existe aucune alternative à la politique suivie car l'inflation n'est pas une alternative au chômage ; mais l'alternative à la politique actuelle n'est pas une stratégie inflationniste mais précisément une stratégie de plein-emploi. [...]
[...] Mais, avec l'U.E.M., les politiques budgétaires seront aussi réhabilitées puisqu'il n'existe pas au niveau communautaire de ressources suffisantes pour mener une politique de stabilisation. Désormais, le ciment de la construction européenne ne doit plus être uniquement une politique monétaire restrictive ; la seule, vraie justification de la construction européenne est l'accroissement du bien-être des peuples, c'est-à-dire une amélioration de leur niveau de vie et de leurs opportunités d'emploi. Mais, dans l'hypothèse d'un retard de la mise en place de la monnaie unique, la France doit prendre l'initiative d'une baisse coordonnée des taux d'intérêt en Europe. [...]
[...] Malgré toutes ces critiques, le livre de Jean-Paul Fitoussi a le mérite de bouleverser quelques idées reçues et, surtout, de remettre à la place qui est la sienne le débat sur l´autre politique ; dans son ouvrage, l'auteur explique magistralement qu'on ne peut être pour l'inflation, le franc faible, les déficits et le déclin de la France. Le problème n'est donc pas de savoir s'il faut ou non que le franc soit fort mais de rechercher quelle politique permettrait d'accroître la force de notre monnaie et donc de régler le problème du chômage puisque la force d'une monnaie ne peut se nourrir des fractures d'une société. [...]
[...] La croissance d'ici à l'an 2000 devra être beaucoup plus forte pour réduire le surnombre de chômeurs. Qui plus est, les politiques conduites au nom de la construction européenne se révèlent en fait contraires aux intérêts de cette même construction européenne. Le niveau élevé des taux d'intérêt a pour conséquence une forte dépréciation du futur, le taux d'intérêt étant le taux auquel on escompte le temps ; cela encourage donc l'épargne mais inhibe la volonté d'investir. Dans cette situation, l'entreprise, en privilégiant la liquidité sur l'investissement, consacre le triomphe de la finance sur l'économie. [...]
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