Dans un monde de plus en plus globalisé et caractérisé par un nombre grandissant d'échanges et d'interconnexions, il est intéressant de retourner à la conception d'une économie qui ne serait pas mondiale, mais constituée en plusieurs ensembles. C'est cette idée qu'introduit l'historien Fernand Braudel avec la notion d' «économie-monde», qu'il définit comme un « fragment de l'univers […] économiquement autonome, capable de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges internationaux confèrent une certaine unité organique ». Ce modèle prend en compte une dimension historique qui met en lumière la formation de ces espaces depuis l'Antiquité et une dimension spatiale qui souligne une hiérarchisation qui au XXIe siècle est une caractéristique de la structure de la globalisation contemporaine. Il enrichit la grille de lecture de l'économie-monde avec des variables telles que la culture et la société.
Nous pouvons ainsi nous demander comment Braudel, à travers une analyse spatiale de l'histoire économique, explique la montée de la globalisation.
Le modèle braudélien de l'économie-monde se présente tout d'abord comme un espace autonome et hiérarchisé (I), mais qui est également influencé par d'autres facteurs extra-économiques. (II)
[...] Le rôle de l'Etat conserve la primauté du centre Du fait de son statut de noyau dur de l'économie, les villes ont pour la grande majorité un statut d'Etat-ville. Cette place de l'Etat permet de concentrer en un même lieu le pouvoir politique et le pouvoir économique. Fernand Braudel ajoute que ces Etats sont craints et admirés à la fois. Les Etats-Unis constituent actuellement un bon exemple de cette relation ambivalente avec le reste du monde. La puissance étatique adopte des politiques fermes telles que la discipline du gros peuple Sa puissance lui permet de mener à bien sa politique économique : alourdir charges fiscales, garantir les crédits et libertés marchandes. [...]
[...] Ainsi, l'abbé Leblanc remarque Si vous trouvez à Londres tant de françois pour vous servir, c'est que vos gens ont la manie de vouloir être habillés, frisés et poudrés comme nous. Ils sont entêtés de nos modes et ils paient cher ceux qui leur apprennent à se parer de nos Ridicules. Londres a beau être la capitale économique qui règne sur le monde, mais c'est bien Paris qui imposent les dernières modes. Braudel insiste sur l'idée que le centre économique n'est pas forcément le centre culturel, cette tendance se vérifie de plus en plus à notre époque. [...]
[...] Pour Ricardo, ce processus d'équilibre est naturel. Selon la théorie braudélienne, les relations commerciales s'inscrivent dans un processus historique. De plus, les échanges sont inégaux car il existe une différence de profit entre les secteurs de l'économie. Ainsi, les pays qui se spécialisent dans le secteur primaire s'enrichissent moins que ceux dans le secteur secondaire ou aujourd'hui tertiaire. Ces pays s'enferment dans le cercle-vicieux de la pauvreté que nous observons aujourd'hui avec les pays dépendants de l'agriculture, comme en Amérique centrale : dépendants de leurs productions agricoles- par exemple de la culture des bananes au Nicaragua ces pays sont touchés par une pauvreté constante. [...]
[...] Ensuite, ces espaces sont dominés par un centre puissant, où le capitalisme prévaut. Ce pôle urbain que Braudel appelle ville-monde concentre le pouvoir économique, en asservant les villes périphériques. Le rayonnement de Londres sur l'économie-monde européenne au XVIII° siècle en est un bon exemple, de par le coût élevé de la vie, la multiplicité des échanges commerciaux et le cosmopolitisme de ses habitants. L'existence d'un centre puissant débouche donc sur une hiérarchisation de l'espace, car autour de lui se créent des zones périphériques intermédiaires, voire marginalisées. [...]
[...] La métropole prend le rôle du maître bien soucieuse de ramener à elle les profits marchands tout en maintenant esclave la colonie. Cependant, dans les périphéries non coloniales, les Etats sont moins bien organisés et les échanges contrôlés par des investisseurs étrangers ; c'est le cas de la Pologne où l'Etat ne dispose pas de pouvoir réel. Des périphéries marginalisées vont jusqu'à parfois utiliser la guerre comme outil d'intégration à l'économie-monde. La Suède, par exemple, se situe entre les économies-mondes russe et européenne. Ne bénéficiant d'aucun profit, Braudel défend que la guerre (au sens large) soit justifiée. [...]
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