Pierre DOCKES, dans « Trois Crises de Mutation », étudie la crise contemporaine en comparaison avec celles de la fin du XIXème siècle et des années 30. Par le terme crise, il désigne la phase de longue dépression correspondant à l'un des deux temps caractérisant le cycle Kondratieff (d'une durée de 40 à 60 ans), soit une période de 20 à 25 ans. Ces crises vont être qualifiées de crises de mutation puisqu'elles contribuent à la transformation de l'ordre productif, c'est-à-dire que l'ordre économique et social va permettre d'assurer à long terme l'accumulation du capital. Cette phase de dépression du cycle Kondratieff va correspondre à l'émergence d'un nouvel ordre productif, à une mutation, qui va devoir participer à l'élaboration d'une nouvelle mise en place des techniques, des institutions, des formes sociales pour ainsi voir apparaître des innovations techniques, économique et organisationnelles. Pour sortir de cette crise, il faut donc créer un nouvel ordre productif qui va permettre d'entrer dans une phase d'expansion. Cependant, les transformations de l'ordre productif vont concourir -malgré le succès de ce dernier- à certains dysfonctionnements à l'origine même de chacune des crises de mutation. Deux types de crises, qui sont toutefois en lien puisque l'une peut faire émerger l'autre ou la précéder, peuvent émerger : une crise dite classique résultant d'une évolution inverse de la croissance de la productivité du travail et des coûts, et une crise keynésienne provenant d'un affaiblissement de la demande globale ne pouvant alors plus absorber l'offre globale.
Nous allons alors voir dans une première partie la crise de la fin du XIXème siècle en nous attardant sur la période 1850-fin XIXème. Puis nous traiterons du cycle allant de 1895 à 1950. Et enfin, nous traiterons de la crise «contemporaine » via la période commençant dès 1950.
[...] Cette crise est donc bel et bien une crise keynésienne. En effet, la baisse de la marge des profits n'est pas due à la réduction des gains de productivité ni à l'accroissement rapide des coûts salariaux face aux gains de productivité, mais elle est due à une base de consommation insuffisante face à l'envol de la production de masse. La crise va être renforcée par une baisse des débouchés européens et des cours des produits alimentaires dès 1920, et s'explique par le maintien du rapport de force favorable aux entreprises et la faiblesse des organisations ouvrières. [...]
[...] La crise redevient alors un mode de régulation de second plan. Avec le texte de Pierre DOCKES, nous avons pu voir de façon détaillée les tenants et les aboutissants des trois crises majeures qui ont touché l'économie mondiale. Ces dernières, qui s'étalent de 1850 à aujourd'hui, sont tout de même relativement différentes. En effet, d'une crise classique où la croissance de la productivité du travail et des coûts est inverse, on passe à une crise keynésienne où la demande globale ne peut absorber l'offre. [...]
[...] Sur le plan international, la Belle Epoque se caractérise par le colonialisme qui s'explique en parti par la recherche accrue de nouveaux débouchés. La Première Guerre Mondiale va conduire à la mise en place d'une nouvelle économie : l' Economie de Guerre permettant l'adoption de nouvelles techniques de production, de nombreuses innovations (notamment dans les secteurs utiles à la guerre comme l'automobile, l'armement) et mettant fin aux organisations ouvrières. Tout cela va conduire à l'effondrement de l'Europe en parallèle de la nouvelle domination américaine, ce qui est un facteur d'entrée dans la Grande Crise. [...]
[...] Un nouvel ordre productif se met en place avec une transformation de la base technique. De nouvelles industries motrices émergent (l'informatisation, la télématisation). Le mode d'accumulation se rapproche de celui du XIXème siècle puisque les rapports entre entreprises passent à nouveaux par les marchés qui sont désormais globalisés et, où les principaux acteurs sont les firmes géantes. Le mode de régulation reste étatique et dominé par une régulation marchande globale et, la régulation sociale quant à elle passe par la misère et le chômage. [...]
[...] Jusqu'à la fin des années 1880, peu d'innovations techniques voient le jour. Toutefois, cette période va être marquée par une évolution majeure dans les rapports sociaux. L'intensification du mouvement ouvrier, les luttes de classes l'apparition du plein emploi vont être à l'origine de nouveaux rapports employeurs / employés, et ce en faveur du salariat grâce à une législation du travail plus stricte marquant une hausse des salaires et une baisse du temps de travail. Le mode de régulation marchand jusqu'alors en vigueur va connaître une difficulté : la lente et insuffisante baisse des salaires ne permettant plus d'accroître la marge des profits. [...]
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