Dans son ouvrage intitulé « Les étapes de la croissance économique, un manifeste non communiste », datant de 1960, l'économiste américain Rostow tente de construire un modèle associé à la croissance économique. Il utilise ce dernier comme un outil à l'analyse du développement de l'économie, ce même développement se divisant en cinq étapes : la première étant celle d'une société traditionnelle, puis la deuxième celle d'accès aux conditions de décollage afin que se réalise la troisième, c'est-à-dire l'étape du décollage en lui même. Ces trois premières étapes entraînent, par la suite, une phase de croissance régulière jusqu'à aboutir à une société de consommation de masse. Bien qu'ayant été très discutée depuis sa parution, l'idée de ce modèle permet une approche des faits économiques qui suivent la Révolution Française, deux siècles auparavant. En effet, l'idée « d'étapes » de développement induit une progression dans celui-ci. Appliquée au niveau international, elle induit également une hiérarchisation des pays dans leurs développements économiques : on parle alors de « retard » ou « d'avance ».
[...] Cette période qu'on pourrait qualifier essor de l'industrialisation, entre 1815 et 1860 a donc su -non sans traverser des crises- surpasser ses handicaps inhérents du début du siècle pour réussir à s'imposer à un niveau européen. De plus, elle semble avoir enfin pris la voie de l'investissement et de l'innovation, essentielle pour la modernisation de son économie. Le taux d'investissement atteint d'ailleurs son pic en 1860 où l'on peut parler, au sens de Marx, d'une substitution capital/travail En revanche, ces améliorations ne doivent pas laisser croire que l'industrialisation est absolument terminée en 1860. [...]
[...] Dans quelle mesure distingue-t-elle son évolution économique de celles des autres pays européens ? Au lendemain de la Révolution française, le pays observe de nombreuses mutations sectorielles, néanmoins, on ne peut nier que l'Ancien Régime a laissé un héritage, en particulier économique, que le Consulat et l'Empire s'efforcent de gérer avec bien des difficultés jusqu'en 1815. À partir de cette année, on peut noter l'essor industriel de la France, toutefois ponctué de nombreuses crises et affecté d'une certaine tradition conservée. [...]
[...] On peut donc observer une migration géographique de ces branches industrielles. Au niveau de l'investissement, ce dernier est entraîné par le développement et la modernisation du système bancaire ainsi que par celle du statut juridique des entreprises, plus particulièrement des Sociétés Anonymes. Également favorisé par la baisse des taux d'intérêt, permettant lui même plus de crédits, l'investissement devient presque une substitution capital/travail. Bref, on le voit, le secteur industriel semble avoir en ses mains toutes les aptitudes à une croissance à présent autonome. [...]
[...] Enfin, on a également attribué le frein de l'industrialisation au retard de la France dans le secteur bancaire. D'après D. Barjot, J.P. Chaline et A. Encrevé, en 1850, les dépôts cumulés dans les banques françaises sont cinquante fois moindres que ceux en Angleterre. Pourtant, il n'est pas sur que l'on puisse parler ici de retard mais plutôt de parti pris. En effet, à cette époque, l'expansion industrielle est financée presque exclusivement par l'autofinancement, ce qui ne nécessite pas un recours immédiat à la Banque. [...]
[...] Ce retard que connaît la France par rapport à l'Angleterre résulte clairement d'un autre déjà amorcé à l'heure de la Révolution française et de la fin du XVIIIe siècle. De plus, enfermée dans son protectionnisme, l'économie française repose son dynamisme sur des branches industrielles où l'Angleterre excelle déjà. Il y a donc un certain esprit de continuité du XVIIIe siècle dans la Révolution et l'Empire d'un point de vue économique. Cependant, à l'heure de la Restauration et de l'effondrement des barrières du protectionnisme français, les industries ont beaucoup de mal à supporter une concurrence qui leur est absolument nouvelle. [...]
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