"Le désintéressement : traité critique de l'homme économique ", Jon Elster (2009) - tome 1

Résumé du document

Selon l'auteur, la grande majorité des économistes basent leurs analyses sur deux hypothèses fondamentales : la rationalité des agents et leur intéressement. Ce sont ces deux hypothèses que l'auteur décide de remettre en cause en deux volumes. L'hypothèse de rationalité est selon Elster, la plus importante, car c'est elle qui confère à l'économie le statut de « science » et cette hypothèse ne sera discutée que dans le volume 2 de cette œuvre.

Le volume 1, lui, ne discute que de l'hypothèse d'intéressement qui est avant tout une hypothèse simplificatrice, qui est faite pour trois raisons essentielles : la difficulté de modéliser l'altruisme, la crainte de naïveté et l'herméneutique du soupçon (notion qui sera expliquée plus tard). Ce livre se pose donc la question de savoir si le désintéressement est possible et si oui, s'il est empiriquement important. Pour ce faire, l'auteur répartit son argumentation en deux grandes parties sous-divisées en dix chapitres.

Extraits

[...] Les sentiments, la passion, l'indignation, ce sont tant de sentiments que l'intérêt seul ne peut appréhender. Et au bout du compte, cette approximation certes méthodologiquement peut paraître intéressante, mais elle s'avère logiquement trop limitée. Mais, comme le souligne Jon Elster dans son introduction, si les résultats de certaines expériences s'éloignent autant de ceux prédits par la théorie des jeux, ça peut aussi s'expliquer par le fait que celle-ci requiert des raisonnements trop compliqués pour la majorité des individus, le raisonnement par backward induction en est le plus bel exemple. [...]

[...] Autre cas, qu'il semble intéressant d'étudier est celui des transferts intergénérationnels et des donations charitables où la théorie économique semble montrer ses limites. Les quelques modélisations des motivations désintéressées que proposent les économistes sont assez artificielles et peu convaincantes. Elster n'a décidé d'étudier que quelques cas particuliers. L'altruisme de Nash est introduit par l'auteur afin d'étudier tous les paradoxes mis en évidence par l'auteur. Cette notion présuppose des motivations altruistes et que les contributions se déterminent réciproquement dans un équilibre de Nash. [...]

[...] Le vrai but de l'économie est d'expliquer les interactions économiques entre les agents et pas forcément d'expliquer tous les comportements sociaux des individus, et ce, malgré la théorie de l'électeur médian. Finalement l'homo oeconomicus, cet homme égoïste et calculateur est avant tout une approximation de l'Homme dans ses relations économiques avec autrui et n'a pas pour vocation de décrire l'Homme dans tous ses états. Cette approximation pourrait d'ailleurs se révéler parfaite pour décrire les mécanismes à l'œuvre dans les relations économiques et être très mauvaise pour décrire les relations sociales des individus et leurs motivations non- économiques. [...]

[...] Le désintéressement : Traité critique de l'homme économique I I ｰ) Introduction Selon l'auteur, la grande majorité des économistes basent leurs analyses sur deux hypothèses fondamentales : la rationalité des agents et leur intéressement. Ce sont ces deux hypothèses que l'auteur décide de remettre en cause en deux volumes. L'hypothèse de rationalité est selon Elster, la plus importante, car c'est elle qui confère à l'économie le statut de science et cette hypothèse ne sera discutée que dans le volume 2 de cette œuvre. [...]

[...] Il est intéressant de noter que la coïncidence optimale n'est pas forcément la coïncidence maximale, car si la coïncidence est trop forte, l'agent risque de se faire démasquer. L'autre grande catégorie d'expérience psychologique sont les expériences de réciprocité. Le principe est simple selon l'auteur : on rend le bien pour le bien (réciprocité positive) et le mal pour le mal (réciprocité négative), on parle de réciprocité égale quand on donne autant que l'on a reçu . Trois structures d'interaction permettent d'observer l'interaction entre intérêts, réciprocité positive et négative. [...]