Cet ouvrage rassemble onze articles d'économistes et de sociologues, qui s'interrogent sur l'avenir du capitalisme confronté à la mondialisation économique. Le postulat qui sous-tend cette analyse est celui d'une grande diversité des systèmes capitalistes, s'opposant à la traditionnelle vision d'un modèle capitaliste, qui n'est en réalité qu'un outil théorique.
En dépit de ce qu'annonce le titre, l'observation porte ici non seulement sur quelques pays d'Europe (l'Allemagne, la Suède, la France, l'Italie, le Royaume-Uni), mais également sur le Japon et les Etats-Unis. La question est de savoir si les spécificités nationales résisteront à la mondialisation, ou bien si celle-ci engendrera inévitablement une convergence vers un modèle unique de capitalisme. Les auteurs de l'ouvrage ont chacun leur réponse.
[...] Lors de leur arrivée au gouvernement, les conservateurs ont bénéficié d'une tradition solidement ancrée dans la société britannique : la liberté individuelle. Ils ont aussi disposé d'un pouvoir exécutif fort, qui tire sa puissance de plusieurs sources, notamment le rôle du Premier ministre qui pourvoit à presque tous les postes de l'exécutif, et la présence d'une fonction publique forte et efficace, au service du gouvernement. Le nouveau pouvoir prône une diminution du rôle de l'Etat. Les inégalités sociales sont présentées comme inhérentes au capitalisme, et toute politique de justice sociale ne ferait qu'entraver le marché. [...]
[...] L'internationalisation signifie la désorganisation des marchés du travail et du capital tels qu'ils s'étaient mis en place. L'auteur se révèle alors assez pessimiste sur l'avenir du capitalisme rhénan, en raison de cet effet dérégulateur de la mondialisation. La Suède De 1932 à 1976, la Suède a été gouvernée par les sociaux-démocrates. Un modèle de «capitalisme social» a été mis en place, donnant à la Suède le plus haut niveau d'emploi et le plus bas niveau d'inégalité des revenus au sein de l'OCDE. [...]
[...] L'Etat providence est actif, mais sa capacité d'intervention directe est limitée par une fragmentation verticale (entre Etat fédéral et Länder) et horizontale (entre le gouvernement fédéral et des organismes indépendants comme la Bundesbank), et par le droit constitutionnel qui accorde aux syndicats et associations patronales le pouvoir de réglementer les salaires et les conditions de travail sans intervention des pouvoirs publics. C'est ce système de négociation qui est la cause de la faible dispersion des salaires. Enfin, face à la concurrence internationale par les prix, l'Allemagne avait développé une stratégie de concurrence de qualité (recherche de rentes de monopole par la diversification des produits). Le système allemand combinait donc efficacité compétitive, haut niveau d'égalité économique, et cohésion sociale. [...]
[...] L'avenir du capitalisme diversifié Dans leur introduction, C. Crouch et W. Streeck donnent leur propre vision de l'avenir. Après avoir souligné que les technologies et les marchés ne sont pas les seuls déterminants de la vie sociale dans un régime capitaliste, ils recensent les trois principaux mécanismes de régulation de l'économie hors de l'entreprise : l'Etat, les associations officielles (chambres de commerce, syndicats, etc.) et les communautés et réseaux informels. Certaines économies nationales sont ainsi plus «institutionnelles» que d'autres. Dans les années 1970-80, les économistes vantaient les mérites des économies institutionnalisées (Allemagne, France, Japon) qui savaient à la fois combiner la concurrence et la recherche de biens collectifs sur les économies régies par le libéralisme des marchés (Etats-Unis et Royaume-Uni). [...]
[...] Certes, une certaine élite peut continuer à prospérer, mais sur une base de plus en plus érodée III. La diversité peut-elle persister? Compétitivité et cohésion sociale Ce chapitre aborde le problème de la controverse actuelle autour de l'importance de la cohésion sociale dans une économie capitaliste. Aujourd'hui, l'Etat providence semble de plus en plus difficilement assumer la politique de justice sociale mise en place dans l'après-guerre. Or, deux visions s'affrontent dans le débat : d'un côté, certains considèrent que la protection sociale a un effet pervers sur la compétitivité nationale. [...]
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