Le paradoxe initial de ce livre est le suivant : selon les théories néo-classiques, l'individu est une entité rationnelle qui agit dans le cadre rationnel du marché. Pourtant, ces individus agissent aussi en fonction d'une culture qu'ils ont intériorisée et qui est à priori totalement a-rationnelle. Comment cet élément a-rationnel peut-il donc maximiser ou entraver la création de richesse dans un système éminemment rationnel ? Fukuyama tâche de prouver en quoi le désir des hommes de s'associer entre eux, leur degré de sociabilité spontanée, influe sur les structures économiques d'un pays et peut en favoriser la croissance
[...] Celle-ci n'est bénéfique que dans la mesure où elle sert à bâtir des organisations économiques créatrices de richesse. Elle est intimement liée au bon fonctionnement de la démocratie car elle permet aux affaires, aux sociétés anonymes et aux réseaux de s'auto- organiser. Cette faculté d'auto-organisation est nécessaire aux institutions démocratiques pour fonctionner convenablement car c'est la droit fondé sur la souveraineté populaire qui transforme un système de liberté en un système de liberté ordonné. La performance économique n'est plus un but en elle-même mais un moyen d'obtenir la reconnaissance des autres pays, ce qui se faisait autrefois par des voies belliqueuses. [...]
[...] La direction doit accepter de ne plus compartimenter les tâches et de laisser les ouvriers prendre les décisions élémentaires en matière de production. Le degré de confiance témoigné aux ouvriers est donc bien supérieur à la norme taylorienne. Sous sa forme pleinement développée, le réseau des fournisseurs et des sous-traitants de l'assembleur final est également associé au système. La production maigre permet de réaliser d'énormes gains de productivité ce qui fait que beaucoup d'entreprises occidentales ont souhaité la mettre en place. [...]
[...] En premier lieu, le capitalisme, selon le processus de destruction créatrice décrit par Schumpeter met bas les formes anciennes de solidarité sociale en constituant de nouvelles formes d'organisation. Deuxièmement, les réformes libérales des années 1960 et 1970 ont eu des conséquences inattendues : l'éradication des taudis a détruit les réseaux sociaux qui existaient dans les quartiers déshérités. La campagne anti-corruption contre les pouvoirs publics locaux ont fait que les décisions importantes politiquement ne se sont plus prises au niveau local mais dans les instances toujours plus lointaines de l'administration des Etats et du gouvernement fédéral. [...]
[...] Depuis le jour de leur fondation jusqu'à leur ascension au rang de première puissance industrielle mondiale, à l'époque de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont été tout sauf une société individualiste. Une forte propension à la sociabilité spontanée s'y est accompagné d'un degré élevé de confiance sociale, permettant la constitution de grandes organisations où des étrangers ont pu aisément coopérer à des fins économiques communes. Le pays n'avait pas de passé féodal ni de traditions culturelles dont il aurait pu se nourrir. [...]
[...] Les petites entreprises sont certes nombreuses au Japon mais elles sont en général liées aux keiretsus et ne représentent en aucun cas le moteur de l'économie, que les grands groupes sont. De même l'Allemagne se caractérisait avant la guerre par l'existence de ces grands groupes, revêtant la forme de cartels industriels. Comme au Japon, l'après-guerre a été marqué par la mise en vigueur de lois antitrust de provenance américaine, mais encore une fois elles ne sont pas parvenues à détruire la tradition communautariste allemande, qui se révèle par la persistance des anciennes corporations. [...]
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