L'actualité du sujet. La question de confiance est apparue comme une évidence au cours de ces dernières années pour les deux parties prenantes que sont les investisseurs et les dirigeants ; tout en entraînant les autres questions relatives à ce sujet (qualité du management, taille de l'espace discrétionnaire du dirigeant, etc…). Le succès financier de l'opération dépend du degré d'implication de chacun des partenaires et de leur faculté à coopérer, et notamment, du niveau de confiance mutuelle existant entre eux.
Et même si l'intérêt à cette question est récent le problème est ancien. De plus, il y a dix ans elle ne préoccupait que les praticiens alors qu' aujourd'hui cette question suscite l'intérêt des scientifiques. La preuve en est le Sommet international du Capital - investissement à Sophia (2004) : où se sont retrouvés 89 professionnels et 34 scientifiques afin de s'échanger leur avis sur ce sujet.
Le constat du Sommet est assez optimiste : « Le monde des capital - investisseurs reprend confiance». La qualité du management pour eux se définit par le degré de confiance qu'ils peuvent faire aux dirigeants. Parmi les éléments de base contribuant à créer le climat favorable (celui de la confiance «professionnelle» reposant sur les normes : «ce dirigeant est capable d'accomplir cette tâche » car il a assez d'expérience, par exemple, qui avec le temps peut devenir interpersonnelle, basée sur les valeurs) les capital investisseurs nomment: « la composition de l'équipe de management» et … « l'expérience des managers ».
Ce besoin de faire «confiance préalablement» s'explique par l'instabilité économique et les progrès techniques accélérés. La technologie contribue rarement à motiver un apport financier : « Les brevets sont importants, mais il suffit à un concurrent de les contourner légèrement pour contrecarrer une avance technologique ». Les capital - investisseurs préfèrent « miser sur un excellent jockey (équipe de direction) et un bon cheval (produit/service) que sur un bon jockey et un excellent cheval ».
Ils soulignent également l'importance de la confiance interpersonnelle : « 200 connaissances dans le réseau seront moins utiles pour dénicher des capitaux que sept ou huit amis fidèles parmi les top managers ».
La conséquence importante: les chefs d'entreprise doivent faire leurs preuves technologiquement, financièrement, commercialement, “managérialement” et surtout « RELATIONNELLEMENT».
L'intérêt à cette question ne se limite pas à l'étude de la situation d'aujourd'hui : de nouvelles pratiques sont constamment recherchées. Ainsi, une expérience intéressante a été réalisée (23 entreprises participantes) : les entrepreneurs et investisseurs en capital, ayant des compétences complémentaires ont travaillé en « binôme ». Les résultats sont étonnants: l'efficacité du « binôme » a augmenté grâce à un alignement de leurs intérêts, mais également à des relations de confiance développées entre eux à force de collaborer plus étroitement. Cette confiance a « libéré les énergies » et a permis de prendre rapidement des décisions stratégiques.
La pertinence de la question posée . On peut résumer les questions de recherche sur ce travail de la façon suivante: Capital investisseurs et dirigeants investissent-ils dans le développement d'une confiance mutuelle et cette confiance a-t-elle un impact sur leurs processus d'interaction, sur les rôles des capital investisseurs, et sur la performance financière du capital - investissement ?
La pertinence de cette question s'explique par le fait que la relation entre les dirigeants et capital investisseurs est caractérisée par un fort degré de dépendance mutuelle. Et la qualité de cette relation se définit par le degré de confiance existant entre les parties prenantes. Leurs destins sont, dans une certaine mesure, liés. Si l'un des deux fait défaut et entraîne par là un échec de l'opération, les conséquences négatives pour son partenaire sont importantes, en termes de rémunération et de réputation.
Donc, les paires capital investisseurs/dirigeants sont censées développer entre eux des relations de confiance contribuant à une coopération efficiente et à une limitation des risques de défaut de l'un des partenaires, et ainsi à la production d'une performance financière supérieure.
Ce problème fait partie de la réalité managériale, donc, théoriquement cette question comprenant la dimension relationnelle est peu étudiée. La connaissance de deux aspects (théorique et pratique) a permis à l'auteur que est à la fois le chercheur et le professionnel dans le domaine des finances de saisir toutes les nuances de ce type de relation, de mettre en ordre de nombreuses observations et de proposer de nouvelles pistes aux capital investisseurs pour orienter leur action en laissant une marge de manœuvre aux scientifiques pour étudier les questions liées à ce sujet. Ce travail de recherche est également très utile pour les dirigeants car il permet de leur donner des recommandations pratiques pour gagner la confiance des capital investisseurs (ce qu'on a essayé de faire à partir de cet article).
L'objectif de ce travail de recherche est d'étudier l'influence du niveau de confiance interpersonnelle existant entre capital investisseurs et dirigeants d'entreprise sur trois types de variables: les processus d'interaction qui caractérisent leur relation, les rôles tenus par les capital investisseurs vis à vis des dirigeants dans la phase post-investissement, et, par l'intermédiaire de ces processus et rôles, sur la performance financière de l'investissement dans les entreprises concernées.
[...] D'autre part la performance est affectée par de nombreux autres facteurs internes et externes à l'entreprise et à l'opération de LBO. Commentaires Cette recherche a démontré l'impact positif de la confiance par le biais des variables médiatrices (les processus, les rôles du capital investisseurs) sur la performance financière de l'entreprise. On va essayer présenter les points forts faibles et forts de ce travail mais ensuite extrapoler ses résultats sur la réalité managériale en le complétant par les informations présentées insuffisamment par l'auteur et donc donner quelques recommandations aux dirigeants comment gagner la confiance des capital investisseurs. [...]
[...] KRACKHARDT D. & HANSON J. (1993), Informal networks : The company behind the chart, Harvard Business Review, July-August 1993. LERNER J. (1995), Venture capitalists and the oversight of private firms, The Journal of Finance, vol p. 301-318. LEWICKI R. & BUNKER B. (1996), Developing and maintaining trust in work relationships, in Kramer R. & Tyler T. Trust in organizations - Frontiers of theory and research, Thousand Oaks (California), Sage Publications, p.114-139. [...]
[...] Les réponses des capital investisseurs et des dirigeants ne diffèrent de façon significative pour aucun de quatre types d'évènements. La fréquence des réunions de CA : une réunion de conseil d'administration par trimestre dans des cas environ, ce qui correspond aux obligations légales de 4 réunions par an. Les autres types d'évènements : des pratiques plus diverses. Les autres processus. Les résultats obtenus pour les autres processus sont indiqués dans le tableau 3. La qualité perçue des échanges d'information. Les résultats indiquent la satisfaction des capital investisseurs pour les deux dimensions mesurées : la qualité du contenu de l'information (moyenne 4,1 sur et le respect des délais convenus (moyenne 3,8). [...]
[...] La transparence dans les relations et les échanges d'information, accompagnée par un niveau élevé de confiance, est favorable à l'émergence de conflits cognitifs, d'une part car les partenaires sont bien informés, d'autre part car ils sont incités, par ce climat de confiance, à faire valoir ouvertement leurs divergences de vues. H4 : La confiance est associée positivement à un niveau élevé de normes d'effort. La confiance entre administrateurs et dirigeants favorise une coopération plus active et intense entre eux (les prises de décisions de nature stratégique). Elle nécessite des efforts de la part des partenaires en vue de s'informer, d'échanger leurs points de vue, et d'étudier l'impact possible des différentes possibilités d'action. [...]
[...] Le capital investisseur est incité par l'existence d'un niveau élevé de confiance à développer un capital humain spécifique à l'entreprise, donc à se montrer actifs dans leurs rôles de conseil. H8: La confiance est associée positivement aux rôles interpersonnels des capital Investisseurs. Des rôles interpersonnels : celui de confident, de coach d'apporteur de soutien et d'encouragement apparaît lorsqu'un fort niveau de confiance existe. Hypothèses concernant les relations entre processus et performance H10 : La fréquence d'interaction est associée positivement à la performance. [...]
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