Le capitalisme moderne est organisé comme une gigantesque société anonyme. A la base, trois cents millions d'actionnaires contrôlent la quasi-totalité de la capitalisation boursière mondiale. Souvent d'âge mûr, de formation supérieure, avec un niveau de revenus relativement élevé, ils confient la moitié de leurs avoirs financiers à quelques dizaines de milliers de gestionnaires pour comptes de tiers dont le seul but est d'enrichir leurs mandants. Les techniques pour y parvenir s'appuient sur les règles du « gouvernement d'entreprise » et conduisent à des exigences de rentabilité excessives. Elles transforment les chefs d'entreprises en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires et polluent de pure cupidité la légitime volonté d'entreprendre. Ainsi le capitalisme n'est pas seulement le modèle unique d'organisation de la vie économique mondiale : il est devenu « total » au sens où il règne sans partage ni contre-pouvoir sur le monde et ses richesses.
[...] Or l'individualisation entraîne automatiquement la recherche des profits les plus élevés possible. De plus, l'apporteur de capitaux entend que son épargne demeure liquide, et donc pouvoir la mobiliser à tout moment. Les structures d'intermédiation assuraient la liquidité du système grâce à un équilibre entre les apports nouveaux et les retraits et un système de stock- tampons. Mais l'apporteur de capitaux ne disposant plus de garantie de liquidité donnée par les structures d'intermédiations, il doit s'assurer lui-même que ses actifs peuvent être transformés en monnaie sonnante et trébuchante. [...]
[...] Enfin en France, la rémunération annuelle moyenne des présidents des sociétés du CAC 40, supérieure en 2003 à six millions d'euros (valeur des stock-options comprise), est égale à plus de 200 fois le salaire moyen et 400 fois le SMIC. Les actionnaires : qui sont-ils ? A la fin de l'année 2003, la capitalisation boursière mondiale était égale à milliards de dollars, soit 86% du PIB annuel de la planète. La richesse boursière mondiale est concentrée dans un petit nombre de pays développés. Les Etats- Unis représentent un quart de la production et presque la moitié de la capitalisation mondiale. L'Europe à quinze regroupe un quart de la capitalisation boursière mondiale. [...]
[...] L'Etat occidental s'est retiré devant le capitalisme actionnarial et il dissimule son impuissance sous le manteau de la neutralité Que faire ? Pour réguler la mondialisation, les politiques qui doivent être mises en œuvre doivent être mondialisées. Pour être capable de critiquer et de remettre en cause le capitalisme, il faut connaître les rouages de la machine, c'est-à-dire apprendre l'économie. Le discours des intellectuels doit être unifié et non plus fragmenté comme il est actuellement par les distances géographiques. Les intellectuels sont contraints d'adresser aux politiques leurs observations. [...]
[...] A cela s'ajoute le Japon l'Australie, le Canada, la Suisse. Il existe dans le monde environ 300 millions d'actionnaires. En d'autres termes de la population mondiale, dont la moitié aux Etats-Unis, ont entre leurs mains la quasi-totalité de la richesse boursière de la planète. En France des ménages détiennent presque la moitié du patrimoine en actions du pays. Plus précisément les actionnaires sont des personnes d'âge mûr des actionnaires ont entre 50 et 60 ans) et de formation supérieure et à hauts revenus. [...]
[...] Mais l'ambition excessive des représentants des actionnaires pèse aussi de manière très concrète sur nos modes de développement économique. Il est devenu exact que la finance commande désormais à l'économie réelle. Le système de pouvoir où commande le capital accélère le mouvement de mondialisation et il encourage l'implantation des unités productives dans les régions du monde à bas salaires. Ce qui a pour conséquence de mettre les territoires en concurrence. De plus, la recherche d'une rentabilité élevée conduit les dirigeants d'entreprises à investir de moins en moins afin de distribuer plus aux actionnaires. [...]
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