La chute du mur de Berlin marque l'avénement d'un capitalisme triomphant mais dissocié: le capital d'un côté, de l'autre les dirigeants d'entreprise et le travail qui lui sont soumis. Les 300 millions d'actionnaires que compte la planète confient pour la moitié leurs avoirs à des gestionnaires pour compte de tiers dont le seul objectif est d'enrichir leurs mandants. Pour ce faire, ils imposent aux entreprises les règles de la corporate governance, conduisant celles-ci à délocaliser, sous-investir, fusionner. Si cela crée de la croissance, celle-ci est inégalitaire et dévoreuse de ressources: une régulation s'impose. Face à des Etats passifs et à des altermondialistes sans proposition alternative, le retour du politique est la seule voie pour un développement plus équilibré.
[...] Calpers est ainsi un des champions de la corporate governance : surveillance des rémunérations, remerciement des CEO défaillants (Disney, Hewlett-Packard, AIG il y a peu). On pourrait peut-être parler du retour d'un capitalisme de rentiers, «tombeur de coupons" dont les taux d'intérêts élevés depuis vingt ans et la contrainte de la corporate governance seraient les symptômes inédits. Chapitre IV Marchés et croissance La mondialisation aurait deux caractéristiques: Les capitaux infiniment mobiles imposent leurs règles aux pays souhaitant les attirer ou les retenir ("pour ne pas être sanctionné, il faut être soumis"). [...]
[...] Au sommet, on retrouve cette dualité avec un président défendant l'intérêt des actionnaires (non-executive chairman) et un chef d'entreprise (chief executive officer). La moitié des entreprises cotées aux Etats-Unis suivent cette recommandation au Royaume-Uni. En Allemagne et aux Pays-Bas, la législation impose un conseil de surveillance (qui représente les actionnaires) et un directoire (qui gère). Le premier désigne les membres du second et approuve les comptes et les décisions stratégiques. En France, les deux systèmes coexistent. Mais le modèle anglo-saxon s'impose peu à peu. [...]
[...] Chapitre I La fin du modèle rhénan Le capitalisme contemporain est un capitalisme financier: les marchés financiers commandent désormais à l'économie réelle. Auparavant, il y avait d'une part la sphère productive et d'autre part, réglementée par la puissance publique, "la tuyauterie financière", car la finance fût longtemps accusée de parasitisme. C'est la finance intermédiée : les épargnants confient leurs économies en toute sécurité aux institutions financières qui assument les risques en apportant aux entreprises prêts et fonds propres. Ces institutions sont étroitement liées au pouvoir politique car elles sont un instrument d'orientation des investissements. [...]
[...] La révolte altermondialiste. Il ne suffit pas de s'insurger contre le libre-échange, de dénoncer la logique capitaliste, il faut d'abord en comprendre les mécanismes pour espérer pouvoir ensuite fonder une politique constructive. En revanche, on peut envisager que le système s'essouffle de lui- même. A partir de 2010, les pensions versées par les fonds de pension commenceront à excéder les cotisations en raison du vieillissement: ils deviendront donc dés investisseurs nets, ce qui freinera la progression des cours et de leur pouvoir. [...]
[...] Le salarié peut changer d'emploi tout en conservant le bénéfice de son épargne. C'est ce type de fonds qui connaît depuis vingt ans un fort développement avec le désengagement des entreprises. A la règle de la prudence collective se substitue la recherche de l'enrichissement. Les fonds de pension américains détiennent aujourd'hui 10000 milliards de $ d'actifs dont la moitié d'actions, c'est-à-dire 30% de la capitalisation boursière du pays. Les autres fonds mutuels (SICAV) gèrent 3000 milliards de $ d'actions soit près de 15% de la capitalisation. [...]
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