John Kenneth Galbraith est considéré comme l'économiste contemporain le plus lu au monde. Né en 1908 au Canada, cet homme du siècle est en effet l'auteur d'une œuvre immense : La crise économique de 1929. Anatomie d'une catastrophe financière (1954), L'Ère de l'opulence (1958), Le nouvel État Industriel (1962) ou encore La Science économique et l'intérêt général ne sont que les plus connus de ses écrits.
Véritable passionné, il mène une double carrière d'universitaire émérite et de haut fonctionnaire de l'administration fédérale (aux côtés des démocrates) passant (comme Keynes lui-même le fit) de l'une à l'autre en fonction des circonstances et alliant avec brio politique et économie.
Brève histoire de l'euphorie financière ("A short history of financial euphoria") (paru en 1990) est à la fois une analyse technique et une description historique des dangers de la spéculation. John Kenneth Galbraith justifie sa rédaction par une réelle passion pour le sujet mais également par le désir de s'adresser à tous ceux qui sont liés au monde de la finance, pour les appeler à la prudence. Il présente son livre comme universel, même s'il n'est pas « universellement applaudi ». En effet, il est conscient de s'opposer aux idées reçues en critiquant les conséquences désastreuses auxquelles peuvent mener capitalisme et libéralisme
[...] Il reçoit le droit d'ouvrir une banque, la Banque Royale, et l'autorisation d'émettre des billets (en principe échangeable contre des pièces). Ces billets servent en fait à payer les dépenses courantes de l'État et à prendre en charge la dette publique. On en produit de plus en plus mais il s'agit maintenant de trouver une source de revenus en pièces. On y pourvoit par la création de la Compagnie du Mississipi (chargée d‘exploiter les gisements dont on présume l‘existence en Louisiane), dont les actions proposées au public connaissent un succès sans précédent. [...]
[...] Les billets sortis pour payer ces dettes revinrent pour acheter plus d'actions. On émit donc plus d'actions, afin de satisfaire une plus forte part de la demande intense - qui faisait grimper le cours, tant des anciennes que des nouvelles émissions, à des altitudes toujours plus extravagantes. Tous les billets, dans cette circulation au sens remarquablement littéral du terme, étaient, présumait-on, garantis par des pièces à la Banque Royale, mais le montant des pièces qui soutenaient ainsi les billets fut bientôt minuscule par rapport au volume du papier. [...]
[...] Le butin qu'on y prendrait payerait les coûts de l'expédition. Mais l'attaque échoue et la forteresse ne tombe pas. De retour dans la colonie, les pièces manquent donc pour payer les soldats et le gouvernement décide d'imprimer des billets de papier, qui promettraient un payement ultérieur en or ou en argent. Après quoi, pendant deux décennies ce papier circula côte à côte et au pair avec les pièces métalliques sur la base de cette promesse. Nous voici, apparemment, devant un instrument financier innovateur et merveilleux - et en fait, une fois de plus, devant la merveille bien spéciale du levier C'était une dette sous forme de papier-monnaie garanti par beaucoup moins de vrais actifs -les pièces sonnantes et trébuchantes- qu'il n'en faudrait si tous les billets étaient présentés en même temps à l'encaissement. [...]
[...] Une nouvelle fois c'est une preuve des talents que déploient les grands noms de la finance pour jeter le voile sur les réalités à occulter. Des exemples plus récents de folie spéculative peuvent également être relevés : en mars 1990, les actions japonaises connaissent une incroyable chute tout à fait inattendue, dont on attribue la cause aux manipulations du gouvernement et des grandes maisons de placement. La même année, on fait face à l'effondrement des spéculations de Robert Campeau, promoteur canadien qui faisait un usage intensif du levier. [...]
[...] La spéculation porta sur les bulbes de tulipe, et elle est passée dans l'histoire depuis trois cent cinquante ans sous un nom bien à elle - la Tulipomanie. ( ) La spéculation, on l'a dit, survient lorsque l'imagination populaire se fixe sur quelque chose d'apparemment nouveau dans le domaine du commerce ou de la finance. ( ) Et si l'on aimait beaucoup les plus exceptionnelles de ces fleurs, on aima vite encore plus la hausse de prix que leur beauté et leur rareté imposaient. [...]
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