Et si on aimait la France, Bernard Maris, Charlie Hebdo, Bon goût à la française, pessimisme français, France
Bernard Maris publie chez Grasset un court essai intitulé « Et si on aimait la France ». L'économiste actionnaire de Charlie Hebdo, assassiné lors de l'attentat de janvier, avait livré son manuscrit quelques jours avant, le 2 janvier 2015. Il prévoyait une parution en avril. L'éditeur, en accord avec ses enfants, a publié le texte sans retouches, « inachevé, mais nécessaire ».
[...] La distinction entre sexualité et procréation Cent ans avant l'Europe, la France invente le planning familial et sépare l'acte sexuel de la procréation. Déjà Hélène et Pâris savaient comment s'y prendre, et le crime d'Onan, qui par un mauvais glissement sémantique a donné l'onanisme, est bien répertorié depuis longtemps comme un crime contre la vie. La noblesse du Dauphiné savait déjà comment éviter les grossesses. Les Cathares pratiquaient une forme d'abstinence. Pierre Chaunu, historien catholique et royaliste, les déteste. Il remercie le Ciel, saint Louis et la Sainte Inquisition de les avoir exterminés. [...]
[...] Le choix du plaisir La France a fait le choix du plaisir. Pourquoi ? Personne n'a vraiment su apporter de réponse : division de la propriété ; apparition d'un désir d'enrichissement ; perte de la pratique religieuse ; dureté du temps ; diffusion des Lumières ; apparition soudaine du mariage d'amour ; etc. Les raisons sont sans doute multiples et croisées. La France entre en tout cas la première dans la transition démographique Cette transition démographique a maintenant atteint les Canadiens, les Espagnols, les Italiens, les Latinos-Américains, les musulmans. [...]
[...] La France rurale est une fable qui a la peau dure. C'est un vieux pacte entre le pouvoir central et les régions, un pacte qui se méfie des villes. Entre le Prince et le paysan existe une vieille stabilité que la ville remet en cause parfois. La paysannerie, un monde de gens justes. Le philosophe Alain dit que le plus visible de l'homme juste est de ne point vouloir gouverner les autres. La France est diverse, elle l'a toujours été. [...]
[...] Civilisation : le désir contrôlé La France reste pour Bernard Maris le pays de la courtoisie. La courtoisie : une forme d'exacerbation du désir et du contrôle de soi. Une forme de résistance à ses pulsions profondes. Assez proche finalement du raffinement de la philosophie japonaise qui donna les geishas, jonglant avec les désirs, ou la gastronomie japonaise qui consiste à éviter la satiété et à ne la combler qu'à c'est-à-dire à sortir de table avec un reste de faim. [...]
[...] La gauche est victime de L'Internationale, écrit Bernard Maris, la droite de la mondialisation. Peu rousseauiste, Maris n'est pas dupe de la bonté de l'homme, ni de la méchanceté de la société. Il admit mal que la France appartienne à la droite, celle de la mondialisation heureuse, la droite qui bave sur la gauche et préfère toujours Hitler à Blum, prête à poignarder son pays dans le dos. Bon goût à la française Maris revient sur l'importance en France de l'écriture, de la littérature, du bon goût littéraire souvent battu en brèche par le style conceptuel administratif, jargonneux, émaillé d'anglicismes absurdes, qui tend aujourd'hui à prévaloir sur la langue précise et claire où ce qui se conçoit bien s'énonce clairement Un pessimisme français Le savoir écrire : une spécificité française. [...]
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