Jeremy Rifkin est un essayiste américain assez controversé, spécialiste de prospective économique et scientifique qui a acquis une grande influence en Europe en tant que conseiller de dirigeants de gouvernement et de chefs d'Etat. Personnalité influente aux Etats-Unis, Jeremy Rifkin doit une grande part de sa notoriété à la publication d'une quinzaine d'ouvrages, souvent alarmistes, comme son plus célèbre La fin du travail, sur les conséquences attendues des bouleversements technologiques dans notre vie économique et sociale. Il se fait le militant médiatique contre « le meilleur des mondes » que la logique mondialiste nous prépare selon lui.
Tout au long de son livre, Rifkin cherche à nous démontrer que le marché, conçu en tant qu'espace structuré pour l'échange des biens et services, est en train de se transformer laissant place aux réseaux, et que la notion d'accès tend à se substituer à celle de propriété. La figure du marché expliquant les échanges économiques, quasi hégémonique depuis 500 ans existe toujours mais sa vertu explicative est en train de décroître fortement dans une société marquée de plus en plus par la circulation de l'information. La relation vendeurs-acheteurs cède peu à peu la place à la relation prestataires-usagers.
Rifkin va illustrer sa thèse avec de nombreux exemples afin de constituer le panorama d'une nouvelle économie vers laquelle nous nous dirigeons. Il cherche ainsi à mettre en garde contre les problèmes qui pourraient être générés par ce genre de fonctionnement.
[...] Rifkin pointe de quelle manière la télévision et le cyberespace sont de plus en plus devenus les réalités auxquelles les individus postmodernes consacrent la majeure partie de leur temps et au travers desquels ils donnent sens à leur existence. L'importance de l'image et de l'apparence devient déterminante, créant des personnalités protéiformes capables de s'adapter aux environnements changeants et multiples auxquels ils ont accès. L'identité devient rationnelle. Comme le dit Rifkin, la formule de Descartes Je pense donc je suis pourrait être remplacée par Je suis connecté, donc j'existe (p. [...]
[...] Peut-être est-ce là un point aveugle de l'analyse de Rifkin, comme le suggère Jacques Robin dans la présentation qu'il fait du livre dans le Monde Diplomatique de janvier 2001, en disant que l'auteur ne prend pas le soin de remonter à la démarche de base de l'économie capitaliste de marché : encastrer progressivement tous les rapports sociaux et culturels dans la seule activité marchande. A trop vouloir montrer ce qu'il y a de nouveau dans les formes du capitalisme, il en oublie que c'est sans doute même dans l'essence du capitalisme de vouloir s'étendre à l'infini, y compris en absorbant l'être des individus. [...]
[...] Il a l'idée du partenariat individuel avec les clients. Si l'art était au début un moyen de contestation de la société industrielle, il a peu à peu été repris au début de XXe siècle par les capitalistes pour forger une culture de la consommation, pour donner une aura culturelle aux produits. La dernière phase du capitalisme s'est amorcée puisque la société n'a plus besoin de biens matériels, il lui faut autre chose: des expériences humaines C'est ainsi que l'économie mondiale devient peu à peu une gigantesque scène de théâtre où tous les acteurs font des prestations pour satisfaire le public: les clients. [...]
[...] Comme le pressent l'auteur, le succès de cette nouvelle étape du capitalisme risque aussi de semer les germes de sa propre destruction (p.317). Pour lutter contre cette forme de dégénérescence, Rifkin appelle à un renouveau de l'entreprise d'éducation, pour refonder un certain nombre de valeurs liées à l'exercice des relations dans le monde des territoires réels (éducation civique et citoyenne); afin de rétablir un équilibre entre l'universalité du marché et les spécificités culturelles liées aux territoires, tout en évitant les replis communautaristes, pouvant nourrir les mouvements fondamentalistes. [...]
[...] Le marketing devient alors une activité essentielle pour le développement des entreprises. Ce que montre bien Rifkin lorsqu'il dit que le marché c'est le client : Les spécialistes en marketing utilisent l'expression 'liftime value' (LTV) pour souligner les avantages de la logique de l'accès sur celle de produit en termes de durée de la relation marchande avec le client (p.130). C'est pourquoi nombre d'entreprises essaient de séduire leurs clients dès leur plus jeune âge. Les sciences du marketing alimentées par les études psychosociologiques permettent de connaître de mieux en mieux les individus marqués par leurs appartenances sociales et culturelles (classes sociales, groupes ethniques, groupes d'âge . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture