La microentreprise constitue un outil privilégié pour encourager l'initiative privée et l'esprit entrepreunarial et pour concrétiser les objectifs nationaux en matière de développement, de création d'emplois et de génération de revenus. De par sa capacité à résorber une partie du chômage en faisant face à la croissance de la population active, la microentreprise devient un outil prisé par les Etats des pays en développement et toutes les initiatives qui visent à son soutien sont encouragées.
En sachant que la carence de services financiers limite l'amélioration durable des conditions de vie et entrave la dynamique d'auto-emploi et en constatant que le système formel bancaire est loin d'être un soutien à l'activité économique de la grande majorité des populations, les organisations internationales de développement ont encouragé les initiatives ciblées et innovantes. A partir de son intervention qui favorise l'accès au crédit aux pauvres, le microcrédit permet d'élargir le champ du système financier et d'outiller les populations ayant des capacités entrepreunariales des moyens nécessaires pour assurer leurs projets professionnels et pour intégrer le tissu de développement. En effet, depuis la fin des années 1990, le microcrédit a connu un intérêt de plus en plus important au Maghreb.
La section 1 expose les caractéristiques de la microentreprise au Maghreb du point de vue des secteurs d'activités et du caractère formel ou informel de l'activité. La section 2 examine et compare, à travers l'étude de plusieurs enquêtes dans les trois pays, les modalités de financement des microentrepreneurs. La section 3 met l'accent sur l'insuffisance des initiatives et financements publics. La section 4 s'interroge sur les capacités du microcrédit à répondre à ces besoins. La conclusion émet des réserves et avance des recommandations.
[...] Concernant l'appartenance des microentreprises au secteur formel ou au secteur informel, il ressort des différentes études l'absence de frontière délimitée et étanche entre les deux secteurs, comme l'illustre le cas de l'Algérie [Hamed, 2002]. Les travaux consacrés à la Tunisie [Sidhom ; Sboui, 2002] montrent qu'il n'y a pas un secteur informel mais plusieurs segments différenciés selon leur dynamique d'involution ou d'évolution. En Algérie, en l'absence d'une définition univoque du secteur informel, nous avons d'abord identifié au sein d'un échantillon de 482 microentrepreneurs (indépendants à compte propre compris) 335 microentrepreneurs informels selon trois critères : non tenue de la comptabilité, non paiement des impôts et absence d'enregistrement ; puis nous avons déterminé le caractère de ces unités au regard de leurs relations avec leurs clients et leurs fournisseurs ainsi que leurs habitudes de financement. [...]
[...] De telles expériences sont récentes en Afrique du Nord ; la quasi-totalité date de la deuxième moitié des années 1990. Elles rencontrent un franc succès auprès de la population des microentrepreneurs qui font preuve d'une grande assiduité dans les remboursement et de beaucoup de sérieux dans la démarche [entretien avec des clients de Enda Inter Arabe, 2002]. Au Maroc, l'engouement pour ces initiatives apparaît à travers le nombre de clients actifs qui a été multiplié par 10 entre 1997 et 1999 [Brandsma et Hart, 1999], ainsi qu'une couverture de marché de moins de 1%. [...]
[...] Le taux cumulé d'acceptation des demandes de crédit par la BTS est de l'ordre de 52% [Belarbi, 1999]. Les délais officiels d'octroi de crédit par la BTS de 45 jours sont en pratique plus longs et peuvent atteindre un an. Seuls des débiteurs de la BTS sont analphabètes [Boukhari, 1999] bien que le taux national d'analphabétisme soit supérieur à 30% [World Bank, 2002]. La BTS, qui se définit comme s'adressant à des entrepreneurs sans garantie, se prémunit contre le risque de défaillance de ses clients en prenant un nantissement sur matériel ou sur fond de commerce. [...]
[...] Au regard du faible niveau d'investissement en locaux et en équipements pour la plupart des microentreprises, l'investissement initial est généralement limité et peut être financé par des ressources propres ; la contrainte financière majeure réside dans le financement du fond de roulement et du manque des crédits à court terme. D'une manière générale, le financement bancaire, quoique marginal, s'accroît avec la maturité de la microentreprise. Une microentreprise en croissance jouit d'une certaine reconnaissance et donne une image de pérennité qui lui facilite la multiplication des sources de financement et l'accès au financement bancaire [Adair et Hamed ; McLeod, 1991]. Ce dernier est plutôt octroyé pour financer le fond de roulement sauf dans le cas où l'emprunteur peut justifier d'une garantie solide (terre, immobilisations . [...]
[...] Mead D., & Liedholm C The dynamics of micro and small enterprises in developing countries, World development, Vol 26, n pp 61-74 Marniesse, S. & Morisson, C La dynamique des microentreprises dans les pays en développement : de nouveaux enseignements, Revue d'Economie du Développement décembre, pp 3-33 Mourji F Le développement des microentreprises en question, Fondation banque populaire pour la création d'entreprises Mourji F Le financement semi formel du secteur informel : Le microcrédit, une alternative à l'impasse Les Cahiers du GRATICE 2ème semestre. [...]
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