La notion de “commerce équitable” correspond à un mouvement relativement récent (30-40 ans) qui se définit par la mise en place d'alternatives de commercialisation au niveau international, permettant le développement durable de groupes de producteurs marginalisés et exclus. Parallèlement, ce mouvement mène des campagnes de sensibilisation et d'information sur les relations commerciales Nord-Sud. Les consommateurs du Nord étant de plus en plus sensibles aux considérations éthiques et environnementales, ce mouvement va continuer à se développer. Cette situation est une chance, mais comprend aussi des risques de banalisation et de récupération. Le recensement des expériences existantes, un large débat pour l'évaluation de leurs impacts et la définition de stratégies pour le développement des différentes formes de commerce équitable apparaissent comme autant d'éléments nécessaires au renforcement et à la croissance maîtrisée du commerce équitable.
Le développement remarquable de certaines filières de commerce équitable, notamment de produits tropicaux de consommation courante (café, thé, banane…) dans certains pays du Nord ont rendu accessible et crédible la notion de commerce équitable vis à vis des consommateurs, et jouent donc un rôle éducatif et illustratif important. Ces filières sont un appui pour le renforcement de coopératives de petits producteurs du Sud marginalisés. Mais leur impact sur le développement intégral des territoires est mal connu et mal évalué.
De toute évidence, un énorme effort reste nécessaire pour permettre à un nombre plus significatif de producteurs de pouvoir vendre leurs produits à des conditions équitables. Mettre en place les conditions concrètes pour le renforcement des filières existantes et le développement de nouvelles filières équitables est un exercice difficile et de long terme, qui demande un travail sur plusieurs plans : renforcement des groupes de producteurs, négociations avec les structures de distribution, campagnes auprès des consommateurs, affirmation et reconnaissance d'un statut pour le commerce équitable.
L'avenir du commerce équitable est intimement lié à l'attitude des consommateurs, c'est à dire au développement de la consommation éthique. La “ qualité sociale ” d'un produit est dorénavant un argument qui compte pour une proportion grandissante dans le choix des consommateurs, notamment dans les pays du Nord. Cette tendance actuelle est encourageante mais elle comporte des risques.
Après le déferlement de la “ vague verte ”, nous sommes probablement au début d'une “ vague éthique ”. Certaines très grandes entreprises cherchent à en tirer profit, sans pour autant toujours accepter de respecter les principes du commerce équitable ou de se soumettre à des contrôles vraiment indépendants. Ainsi, les principes de transparence, de traçabilité et de durabilité ne sont pas toujours rigoureusement observés par tous les acteurs se réclamant du commerce équitable. La multiplication des codes de conduite et des chartes éthiques, dont certains ne sont pas soumis à un contrôle indépendant et citoyen, signifient un risque important de banalisation et de dénaturation de la notion de commerce équitable.
Engagés dans des objectifs opérationnels concrets, les partenaires du commerce équitable n'ont pas toujours le temps ni les moyens de débattre en profondeur des objectifs de leurs associations, des stratégies à mettre en œuvre, ou de l'impact d'actions passées. Cet échange apparaît cependant essentiel dans le contexte actuel. L'accès à l'information et la capacité de proposition des différents types d'acteurs du commerce équitable (producteurs, importateurs, labels, magasins…) restent inégaux. Les acteurs du Sud ont plus de difficultés que ceux du Nord à faire connaître et à diffuser leurs expériences, leurs points de vue et leurs propositions. L'information leur parvient plus difficilement. L'établissement de relations équitables suppose que l'on cherche à corriger ce déséquilibre.
Le mouvement du commerce équitable se situe majoritairement dans une dimension Sud-Nord. En fait, les expériences de commercialisation éthique et solidaire Sud-Sud et Nord-Nord ne sont pas pris en compte dans la définition commune du commerce équitable. Or la dynamique du commerce mondial ne produit pas seulement un échange inégal entre producteurs de matières premières et pays industriels (qu'un “ juste prix ” peut tenter de rééquilibrer) mais aussi la déstructuration des territoires, et le sacrifice de l'environnement. Se limiter à cette dimension mettrait le commerce équitable devant une série de contradictions et l'empêcherait de prendre en compte toutes les conséquences de deux objectifs du développement durable : le développement intégral des territoires, et l'évaluation des effets négatifs du commerce et du transport international sur l'environnement. Il apparaît ainsi de plus en plus nécessaire d'ouvrir la définition du commerce équitable à des expériences où le commerce prend appui sur des solidarités locales et régionales, et de trouver de nouvelles articulations entre les échelles d'action, de la région ou de la collectivité locale au niveau international.
Les négociations multilatérales sont plus souvent des menaces pour le développement de relations commerciales équitables qu'elles n'en constituent des opportunités. L'interprétation dominante des accords multilatéraux sur le commerce international, les négociations en cours sur l'investissement, et celles visant à la mise en place d'espaces régionaux de libre échange menacent le droit des citoyens à l'information sur les conditions de production des produits. C'est pourquoi il reste important d'opérer un suivi et une information sur l'implication de ces négociations, qui s'opèrent souvent sans contrôle démocratique.
Mais l'exemple de l'Union Européenne et celui des accords avec le groupe des Etats d'Afrique-Caraïbes et Pacifique montrent qu'il est également possible d'avoir une stratégie proactive par rapport aux institutions multilatérales, et de se saisir des avancées même minimes en ce domaine pour faire progresser le cadre des échanges internationaux. Les récents Accords de Cotonou entre le groupe des Etats ACP et la Communauté Européenne mentionnent brièvement la “ promotion du commerce équitable ”. Ce sont des opportunités qu'il faut saisir.
[...] Le mouvement du commerce équitable est à la croisée des chemins. Son entrée dans les circuits de la grande distribution lui a permis de toucher un plus grand public. Mais ce développement semble se faire au risque que les produits équitables ne deviennent, comme les produits biologiques, qu'un segment dans la gamme des produits offerts aux consommateurs par les super et hypermarchés et que progressivement les campagnes marketing se substituent aux campagnes citoyennes. Le commerce équitable aurait alors permis l'intégration d'un certain nombre de producteurs du Sud dans le commerce mondiale, mais abandonné au passage sa dimension critique du commerce international et l'ambition de promouvoir d'autres manières de produire et de consommer. [...]
[...] Fruit d'une volonté forte de l'ensemble du mouvement pour offrir davantage de débouchés commerciaux à nos partenaires du Sud, offrir aux consommateurs un lieu de "consommation citoyenne" de proximité, peser sur les choix de société en faveur de la constitution d'un monde solidaire, respectueux des droits de l'Homme et de son environnement, et répondre aux demandes d'intervention et d'animation en milieu scolaire, universitaire, associatif a.2. L'éducation au commerce équitable Il s ‘agit de permettre aux citoyens d'avoir un regard critique sur les dysfonctionnements du commerce mondial et de devenir acteurs d'un projet de société plus juste. A côté des actions d'information menées au quotidien dans les boutiques, une Fédération nationale, créée en 1981, anime et développe le réseau d'Artisans du Monde. [...]
[...] Or pour toute une série de ces produits, les prix restent à des niveaux faibles ou se détériorent encore, en comparaison à l'évolution générale des prix. Selon des calculs de l'ONU, les prix réels - c'est-à-dire les prix exprimés en dollars et ajustés sur la base des prix des articles manufacturés exportés par les pays développés - des produits de base, autres que combustibles, auraient baissé d'environ entre 1985 et 1995. Un exemple frappant parmi d'autres : le cours du café a atteint 0.55 euro la livre en octobre 2001 alors qu'il était de 1.69 euro en mars 1998. [...]
[...] La fracture économique et sociale apparaît non seulement au Sud, mais entre régions au Nord. Pour intégrer ces préoccupations à ses objectifs, le commerce équitable doit s'ouvrir à une définition élargie de son propre objet, lui permettant de s'articuler à des pratiques innovantes se situant davantage sur le plan du développement local. La prise en compte de seuls critères économiques dans la construction de prix équitables n'est pas suffisante pour assurer l'équilibre des échanges. Il est nécessaire de contribuer également à la souveraineté alimentaire et de la préservation de l'environnement, notamment. [...]
[...] racontent le commerce équitable, Artisans du Monde, la solidarité . Artisans du Monde 1999 Annuario del Commercio equo, edizione 1998-99, FCE Commercio equo e solidale, IRER Articles et Revues Le commerce équitable face aux défis du marché global : le cas du café au Mexique, Pierre Johnson, Economie et Humanisme, n°344, avril 1998 Commerce équitable : et si on faisait attention aux producteurs ? [...]
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