La notion d'économie fondée sur la connaissance émerge de la perception du rôle croissant de la création, la distribution et l'utilisation des connaissances dans le fonctionnement des entreprises et des économies. L'importance grandissante de l'accumulation des connaissances dans la mise en œuvre des forces productives, et notamment dans la formation et l'emploi de la main d'œuvre qualifiée, est une réalité indéniable. Les théoriciens du cognitivisme à l'origine de la thèse du « capitalisme cognitif » - désignant l'ensemble des connaissances que le système capitaliste cherche à s'approprier pour valoriser le capital immatériel composé des connaissances, des informations, de l'intelligence, de l'esprit… - sont particulièrement inspirés par la notion de « capital humain ». Celle-ci porte en elle une influence idéologique néo-classique très marquée : l'éducation est considérée comme un choix strictement privé, détachée de toute détermination sociale et sert d'instrument, jamais comme une fin en soi. L'éducation, si c'est un capital, ne peut donc être accumulée que dans une perspective de rentabilité, comme toute autre forme de capital. Or, dans ce processus de valorisation économique, les rapports sociaux sont évincés, et donc c'est toute la question de l'encastrement des actions économiques dans les contextes sociaux (Granovetter, 1985, 2000) qui est laissée de côté. La collectivité, pourtant considérée comme le principal cadre social chargé de la production du savoir, tout en étant son principal bénéficiaire, est largement sous-estimée dans l'économie de la connaissance.
Le système de valorisation du savoir à Cuba remet en cause, à notre point de vue, les rapports d'exploitation capitalistes, dans le sens où le savoir a trouvé sa validation dans son application sociale et non uniquement dans sa vente. La réponse à la « demande sociale » se pose avec une certaine acuité dans l'objectivation de l'économie du savoir collectif à Cuba. Les activités d'innovation scientifique et technologique, de production d'éducation, de construction du « savoir social » sont toutes planifiées et coordonnées par les pouvoirs publics au service d'une gestion collective. En bénéficiant d'un cercle vertueux d'investissements importants dans la recherche et de formations hautement qualifiées, la biotechnologie cubaine contribue nettement à l'amélioration de la santé nationale par la production de vaccins, accroît la productivité agricole et animale et permet de rapporter des devises par la commercialisation des produits biotech.
Dans cette contribution, un premier point sera consacré à préciser la signification du concept « économie du savoir », voire la société fondée sur la connaissance. Les référentiels théoriques de la littérature portant sur l'économie fondée sur la connaissance nous amèneront à souligner les contradictions qui apparaissent dans les modes de production, de diffusion et d'appropriation des connaissances. Un second point abordera la place du savoir, des sciences et des technologies dans la dynamique du développement national cubain. Nous verrons que le savoir a pour caractéristique spécifique une production de nature collective et une valorisation « hors-marché » avec une auto-organisation des retombées sociales de la recherche scientifique. Enfin, un dernier point révélera les principales tendances actuelles et les perspectives de valorisation de l'effort de recherche national dans le secteur biotechnologique.
[...] L'héritage d'un stock important de capacités technologiques acquis au sein du Conseil d'assistance économique mutuel (ou CAME) ont certainement favorisé, jusqu'à aujourd'hui, les avancées cubaines en bioscience, biotechnologie, pharmacologie, développement des équipements médicaux de haute technologie Mais Cuba a continué d'investir massivement dans le secteur de la recherche et du développement durant les années 1990, en misant sur les externalités associées à la concentration des centres de recherche et des universités, des laboratoires et des entreprises d'innovation. L'effort d'accumulation des ressources humaines dans le secteur de la recherche et du développement a progressé. Les institutions d'enseignement supérieur ont été en mesure de susciter l'agglomération de talents. L' universalisation de l'enseignement supérieur a contribué à éviter que l'avantage comparatif, en termes de potentiel scientifique, puisse s'éroder, et avec lui les spécialisations dans le secteur biotechnologique et pharmaceutique. [...]
[...] et VERCELLONE C. (2003), Transformations de la division du travail et general intellect in VERCELLONE C. (sous la dir. de) [2003], Sommes-nous sortis du capitalisme industriel Paris, La Dispute, pp. 23- 54. LAGE A. (2007), Cuba a créé les bases pour le passage à une économie fondée sur la connaissance (disponible sur : http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=820, consulté le 02/01/2008). LAGE A. [...]
[...] Mais ce qu'il convient de souligner est que l'économie de la connaissance insiste fondamentalement sur la capacité de rendre rentable et appropriable le processus de mise en œuvre du savoir dans des rapports de production capitalistes : le savoir apparaît comme la force productive qui produit la connaissance tandis que les connaissances et leur développement dépendent de l'évolution des forces productives dans le rapport capitaliste marchand (Mouhoud et Plihon, 2005). Car le savoir est, à l'origine, de nature collective. Il est produit essentiellement par le système d'enseignement public. Sa diffusion est logiquement destinée à la société toute entière. [...]
[...] Les relations bilatérales entre la Chine et le Venezuela sont surtout basées sur le potentiel de consommation que la Chine représente. L'économie chinoise a besoin de pétrole pour soutenir son développement économique. Le Président vénézuélien a donné son accord aux compagnies pétrolières chinoises pour l'exploitation de 15 sites de gisements dans son pays et a garanti à la Chine barils de mazout en exports (Trinkunas, 2006). En contrepartie de cet accès privilégié au pétrole vénézuélien, la Chine fournit de l'aide technique et économique destinée au domaine agricole et à la mise sur pied d'une société d'État en télécommunications. [...]
[...] Elle a consisté à mettre en place un secteur d'investigation spécifique à l'étude des sciences jamais développé auparavant, grâce à la création d'infrastructures adaptées des centres de recherche scientifique comme l'Universidad Politécnica, le Centro de Investigación Digital, le Centro Nacional de Investigaciones Científicas (CNIC), le Jardín Botánico Nacional, l'Instituto de Ciencia Animal le Centro Nacional de Sanidad Agropecuaria (CENSA), l'Academia de Ciencias de Cuba. Parallèlement, la collaboration scientifique et les échanges universitaires se sont intensifiés avec les autres pays socialistes. Le dynamisme engagé dans le secteur de la recherche assumait le fait que, désormais, le développement social dépendrait de la capacité, de l'intelligence et du talent que le pays était capable de créer (Jover, 2005). La seconde étape (1977-1989) fut caractérisée par l'application d'une politique scientifique et technologique où les directives de recherche étaient centralisées (modelo de dirección centralizada). [...]
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