En France, de l'avis général, le pouvoir d'achat a baissé, mais d'où vient cette certitude ?
Il y a deux causes principales à cela, l'une d'elles est politique, l'autre est d'ordre médiatique. Lorsqu'il nous a promis une hausse du pouvoir d'achat, Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle de 2007, a répandu l'idée selon laquelle les Français ne disposaient pas d'un pouvoir d'achat suffisant. Tout le long des élections, le débat s'est donc articulé autour de cette idée : comment augmenter le pouvoir d'achat des Français ? A tel point que l'actuel Président est depuis surnommé « le Président du pouvoir d'achat ».
Les médias martèlent quant à eux chaque jour les esprits avec l'augmentation du prix des matières premières, la hausse du prix de l'énergie, et l'explosion des prix des biens alimentaires. Il n'est, pour s'en rendre compte, que de lire la une des journaux : Nouvelle flambée des cours des matières premières ; Alimentaire : les prix flambent toujours ; Le pétrole à plus de 100 dollars …
Avec toute cette médiatisation et cette agitation autour du pouvoir d'achat, d'insuffisant il est devenu en baisse dans l'esprit des Français, contredisant pourtant les statistiques de l'INSEE.
Cette impression est concrètement apparue depuis le passage à l'Euro. On a alors accusé les entreprises et commerçants d'avoir profité du changement de monnaie pour augmenter leurs tarifs, raffermir leurs marges devant la perturbation des consommateurs face aux nouvelles pièces…
Ainsi, lorsque le quotidien gratuit Métro (nº1328) pose la question suivante : Qui est responsable de la hausse des prix ? voilà ce qu'il reçoit en guise de réponse: L'Euro, et le fait qu'on arrondisse les prix à la décimale supérieure (d'après Laura, 19 ans, étudiante en droit), réponse reflétant l'opinion générale.
En réponse à toutes ces préoccupations, le gouvernement a lancé, mercredi 27 février 2008, une enquête sur la réelle augmentation du prix des denrées alimentaires. Ceci afin de mettre en avant une possible hausse de la marge que se réservent les distributeurs.
Cependant, même si les conclusions parviennent à ce genre de résultats, cette enquête restera tout de même un vecteur d'information principal et non une préparation à l'action, puisqu'en France, l'Etat ne dispose d'aucun moyen efficace pour pénaliser les « profiteurs » ou tout simplement relancer le pouvoir d'achat. En effet, les mesures suggérées par les différents partis politiques, les médias ou la population, telles que la baisse de la TVA ou une augmentation significative des revenus des fonctionnaires, sont tout simplement inenvisageables étant donné l'impact que cela aurait sur le budget.
Autre solution récemment apportée par le rapport Attali dont l'objectif est d'une meilleure efficacité de la croissance. Celle de favoriser les entreprises et la main d'œuvre française en mettant l'accent sur une meilleure éducation à l'objectif de relancer la recherche et le développement afin d'encourager les entreprises (en mettant l'accent sur le développement des TPE et PME), engendrer de la concurrence sur le marché de l'offre français et créer de l'emploi en France en essayant dans le même temps de réduire les dépenses publiques. Bref, des solutions clairement envisageables existent nécessitant un travail de fond sur le système français pour en dégager une productivité nettement efficace, de l'emploi, pour un pouvoir d'achat que tous souhaitent voir augmenter plus vite.
Mais avant d'entamer l'étude détaillée, il est important de définir clairement le pouvoir d'achat afin de saisir la réflexion menée.
L'Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE) nous donne cette définition : Le pouvoir d'achat du salaire est la quantité de biens et de services que l'on peut acheter avec une unité de salaire. Son évolution est liée à celles des prix et des salaires.
Pour comprendre cette définition, il faut définir ce qu'est un bien et ce qu'est un service, toujours en nous aidant des définitions de l'INSEE.
Les biens sont des objets tangibles, physiques, que l'on peut toucher et qui sont commercialisés afin de répondre à une demande, elle-même stimulée par un besoin ou un désir .
Les services, quant à eux, sont des prestations de personnes mettant à disposition d'autrui leur(s) capacité(s) physiques ou intellectuelles qui ne nécessitent pas toujours une contrepartie monétaire, c'est ce qu'on appelle les services marchands et les services non-marchands .
On peut maintenant traduire une partie de la définition de l'INSEE : le pouvoir d'achat du salaire est la quantité d'objets et de prestations que l'on peut se fournir avec un certain salaire. La suite mérite encore quelques approfondissements. En effet, on peut se demander de quoi est composé le salaire tandis que la mention du mot « prix » amène forcément celle du calcul de l'IPC, Indice des Prix à la Consommation.
Le salaire correspond aux revenus du travail sur les revenus d'activité. Cependant, un ménage ne dispose pas que de ses revenus d'activité pour vivre. Il dispose aussi des revenus du patrimoine* (immobilier, boursier…) et des prestations sociales (retraites et indemnités chômage, allocations…). On appelle revenu disponible l'addition des revenus du travail, des revenus du patrimoine et des prestations sociales, moins les impôts directs (taxe d'habitation, impôt sur le revenu…).
Pour l'IPC, le plus clair, c'est cette définition venue de l'INSEE encore une fois :
L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure, entre deux périodes données, de la variation du niveau général des prix sur le territoire français. Il s'agit des prix des biens et des services proposés aux consommateurs sur l'ensemble du territoire.
L'Insee suit les prix affichés toutes taxes comprises (TTC). Cela comprend les soldes et les promotions, mais exclut les réductions privées (cartes de fidélité) et les remises en caisse.
Une faible part, moins de 5 %, des biens et services ne sont pas couverts par l'indice : il s'agit principalement des services hospitaliers privés, de l'assurance vie et des jeux de hasard.
Ces produits sont exclus pour des raisons méthodologiques : par exemple les assurances vie sont en général à la fois des assurances, qui devraient être suivies par l'IPC, et des placements financiers, exclus du champ de l'IPC. Or ces deux fonctions sont indissociables et il est donc impossible de déterminer le prix du seul service d'assurance.
Mais pourquoi s'intéresser à l'IPC ?
Si l'on s'intéresse à l'IPC, c'est parce que calculer l'évolution du pouvoir d'achat revient à comparer l'évolution du revenu disponible (dont on a précédemment évoqué la définition) à celle de l'IPC. Ainsi, si le revenu disponible augmente plus vite que les prix, le pouvoir d'achat augmente. A l'inverse, si ce sont les prix qui augmentent plus vite que le revenu disponible, le pouvoir d'achat stagne, mais ne diminue pas car étant une constante évolution. L'IPC est donc primordial dans le calcul du pouvoir d'achat.
Afin d'être plus précis, il faudra distinguer l'évolution du pouvoir d'achat selon les différentes professions et catégories socioprofessionnelles (agriculteurs ; artisans, commerçants ; cadres, professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; ouvriers ; retraités ; autres personnes sans activité professionnelle) étant donné que l'une des bases de calcul du pouvoir d'achat est le revenu. Or le revenu est différent pour chaque ménage, mais se rapproche à l'intérieur même des catégories socioprofessionnelles.
[...] Une faible part, moins de des biens et services ne sont pas couverts par l'indice : il s'agit principalement des services hospitaliers privés, de l'assurance vie et des jeux de hasard. Ces produits sont exclus pour des raisons méthodologiques : par exemple, les assurances vie sont en général à la fois des assurances, qui devraient être suivies par l'IPC, et des placements financiers, exclus du champ de l'IPC. Or ces deux fonctions sont indissociables et il est donc impossible de déterminer le prix du seul service d'assurance.[7] Mais pourquoi s'intéresser à l'IPC ? [...]
[...] En 2001 pour les ménages les plus modestes, la part de leur revenu consacrée au logement représente une charge particulièrement élevée, soit un tiers de leur consommation totale. En effet, que ce soit les loyers et les diverses charges liées au logement ou les remboursements d'emprunts suite à l'achat d'un bien immobilier, ces dépenses sont de plus en plus importantes. Les principaux facteurs de cette hausse des prix sont d'une part les polices d'assurance qui ont beaucoup augmenté dès 2000 suite à la tempête de 1999, et d'autre part la demande croissante des biens immobiliers qui causent une inflation dans le secteur. [...]
[...] La raison la plus immédiate est celle des aléas météorologiques. La culture des produits agricoles dépend pour la plus grande partie de la météo. Une mauvaise année de récolte provoque donc une augmentation du cours des produits agricoles touchés et donc par analogie une augmentation tarifaire de tous les produits dont la fabrication nécessite ce produit (et bien évidemment, s'il est encore besoin de le préciser, cela contribuerait à une baisse du pouvoir d'achat). Une succession de plusieurs mauvaises années serait catastrophique, car l'utilité marginale des produits touchés exploserait. [...]
[...] SENAT, L'évolution du pouvoir d'achat des ménages : mesure et perceptions, Décembre 2006, Rapport de la délégation pour la planification. SILEM Ahmed et ALBERTINI Jean-Marie, Lexique d'économie, 7ème édition 2002, Edition Dalloz pages. TAYLOR J.B., Discretion versus policy rules in practice National Bureau of Economic Research, Business Cycles Series, Volume pages. VUITTON Jacques et Philippe, Nouveau Lexique d'Economie Edition EDEC en coopération avec Editions Formation-Carrières, Diffusion Bordas pages. http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_cons/info_ipc.htm#q14, dernière consultation : 28 février 2008. http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/biens.htm dernière consultation : 28 février 2008. [...]
[...] en fonction du revenu Selon l'économiste Keynes et sa théorie de la consommation[26], beaucoup de facteurs subjectifs individuels peuvent influencer la consommation de manière contradictoire : la générosité s'oppose au calcul, l'imprévoyance à la réflexion, Au niveau macroéconomique ces caractéristiques sont stables et se compensent ; seuls importent en définitive les déterminants économiques.[27] Ainsi, Keynes pense que le montant du revenu disponible serait un déterminant fondamental, car les dépenses que réservent les ménages à la consommation sur une période sont liées au montant du revenu disponible courant. La théorie de Keynes est un fondement de la théorie de la consommation, mais n'est pas suffisante. Brown, quant à lui, note le fait que les consommateurs sont pris dans leurs habitudes de consommations et donc que la consommation ne change pas en fonction du revenu immédiatement. Il faut, selon lui, que l'augmentation du revenu soit durable pour que les ménages ajustent leur consommation. [...]
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