Par le passé, la mort économique de l'entreprise précédait toujours sa mort juridique. Lorsque sa liquidité à court terme n'est pas suffisante pour lui permettre de poursuivre quelque temps son activité, l'entreprise se déclare en cessation de paiement. Si aucun plan de sauvetage n'est opéré, la mise en liquidation judiciaire de la société est prononcée. Son activité cesse alors.
Le cas du groupe Arthur Andersen rompt avec cette tradition. En effet en 2001, à la veille du scandale qui le conduira à sa perte, le cabinet d'audit est au sommet de sa gloire avec un chiffre d'affaires de 9336 millions de dollars, 85000 employés répartis dans plus de 380 bureaux à travers le monde. Pourtant en 2002, le couperet tombe. Le glaive de la justice s'abat sur le cabinet ; on reconnaît son implication dans l'affaire Enron. Résultat : l'entreprise est interdite d'exercer le métier d'auditeur.
Dans ce cas retentissant, c'est la justice d'un pays qui donne le coup fatal à un groupe dont nul n'aurait pensé qu'un jour, au regard de ses fondamentaux il puisse cesser d'exister.
Cette fois, la logique est inversée. La mort juridique du groupe entraîne sa mort économique.
Cette décision annonce-t-elle le début d'une nouvelle ère ou les particularités du secteur de l'audit et la singularité du groupe Arthur Andersen sont telles qu'il serait difficile de voir cette sentence infligée à d'autres entreprises ?
[...] Partageant tous ce sentiment de punition collective stupide les anciens d'Andersen se sont naturellement regroupés. Effectivement, à entendre les anciens d'Andersen, les employés de la firme nouaient entre eux des rapports très forts autour des valeurs de solidarité, de mérite et de réussite. En effet, la culture de l'entreprise favorisait l'ascension sociale rapide des plus jeunes. Pour les salariés du cabinet, Arthur n'a donc pas été qu'une entreprise comme les autres, Arthur a été notre école de pensée, notre référence de valeurs, notre bannière et notre fierté. [...]
[...] Dans l'inconscient collectif, Enron a fait faillite à cause d'Andersen. Dans les faits, il y avait des criminels à la tête d'Enron et Andersen n'a rien pu faire contre cela. Seulement une vingtaine de personnes du bureau de Houston étaient fautives. Il fallait un bouc émissaire et ce fut Andersen. En effet, l'administration républicaine cherchait à tout prix à se détacher de l'affaire. La Cour suprême américaine a pourtant cassé le jugement en 2005, reconnaissant Andersen non coupable. Mais il était trop tard : la perte de la confiance avait prononcé la mort d'Andersen. [...]
[...] Ce type de fusion ne peut intervenir que dans le secteur de l'audit. En effet, les auditeurs des différents groupes se connaissent (ils n'y avaient, à l'époque, que les Big Five sur la scène internationale), et connaissent également la qualité de leur travail. Par conséquent, un Andersen remplissait parfaitement les compétences pour travailler chez les concurrents. De plus, la fuite des clients d'Andersen a eu un effet aspirant pour les autres Big Five : la prise en charge de nouveaux clients exigeait pour eux une augmentation de personnel : quoi de plus naturel que de reprendre les anciens auditeurs d'Andersen qui étaient en charge de ces dossiers. [...]
[...] La peine de mort pour les entreprises. Étude dans le secteur de l'audit à partir du cas d'Andersen Sommaire Introduction Comment et par qui une entreprise de la taille d'Andersen a-t-elle été mise à mort ? Cette mort concerne-t-elle toute l'activité de l'entreprise ? Une croissance exponentielle fondée sur la confiance Andersen et l'affaire Enron Andersen dans la tempête La chute de l'empire II- Les répercussions sociales du scandale Andersen Des conséquences sociales inégales pour les employés d'Andersen Quel reclassement pour les anciens d'Andersen ? [...]
[...] Ceci montre à quel point le cas d'Andersen est exceptionnel. Sa mise à mort juridique a été suivie par une nouvelle loi visant la réglementation des services fournis par les cabinets d'audit et l'augmentation de leurs responsabilités. Le Sarbanes-Oxley Act oblige les auditeurs à vérifier l'adéquation des contrôles internes effectués par leurs clients. L'augmentation des responsabilités des auditeurs et la multiplication des contrôles devraient décourager les entreprises de truquer leurs résultats financiers et empêcher de nouveaux scandales. B. Le fameux Sarbanes-Oxley Act (SOX) 1. [...]
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