Quel objectif viser en matière de taux de chômage ? Exposé d'économie de 13 pages
Nicolas Sarkozy, à son élection, a clairement affiché un objectif ambitieux : l'obtention du plein-emploi en France en 2012. Lionel Jospin avait lui-même, en 1999, fixé l'objectif de retour au plein-emploi pour les années 2000. Le Conseil européen de Lisbonne, en 2000, avait lui aussi fait état de cet objectif. En fait, depuis les crises des années 1970 et l'apparition du chômage de masse en Europe, la baisse du taux de chômage a été un objectif primordial des gouvernements successifs, en France comme en Europe. En effet, l'Europe a connu le plein emploi du temps des Trente Glorieuses, avec des taux de chômages proches de 3%, et ses hausses successives depuis les années 70 ont entretenu dans certains pays une sorte de « mythe » du plein emploi, qui serait un « idéal » à atteindre à nouveau.
I/ Le plein-emploi, un « maximum » difficilement atteignable
II/ Atteindre un taux de chômage d'équilibre : un « optimum » plus réaliste, mais pas une fin en soi
[...] De plus, on présente le chômage comme l'un des pires maux de nos sociétés. Mais un autre aspect du chômage est rarement évoqué : son utilité. Pierre Cahuc et André Zylberberg mettent ce point en évidence dans leur ouvrage En effet le chercheur d'emploi assure la réallocation de la force de travail vers les emplois les plus efficaces et constitue ainsi une source essentielle de la croissance. La recherche d'emploi est donc une activité économique utile dans le sens ou elle permet la destruction créatrice, c'est-à-dire le renouvellement incessant d'activités économiques. [...]
[...] Il s'agit du plus bas taux de chômage ne générant pas de poussée inflationniste. Il est déterminé par la courbe de Phillips (réinterprétée par les keynésiens) : Selon ce concept, quand le chômage est trop bas, les salariés sont encouragés à revendiquer des hausses de salaires ce qui conduit les entreprises à augmenter leurs prix pour préserver leurs marges. Le tout entraîne une augmentation de l'inflation. Si le taux de chômage coïncide avec le NAIRU, la pression exercée permet de modérer les augmentations salariales et il n'y a donc pas d'inflation. [...]
[...] Il s'avère donc difficile de viser un taux d'équilibre précis. Par exemple, le consensus entre keynésiens et monétaristes ne porte que sur l'existence d'un taux de chômage n'accélérant pas l'inflation : le NAIRU. Mais ils ont des idées diamétralement opposées des liens de causalité entre inflation et chômage. Les keynésiens contemporains admettent que chercher à maintenir durablement le taux de chômage au dessous d'un certain seuil n'est envisageable qu'au prix d'une inflation croissante. Pour les monétaristes, l'inflation est un phénomène exclusivement monétaire et l'inflation détermine le taux de chômage. [...]
[...] D'autre part la productivité dépend directement de la valeur des salaires réels versés. En effet plus le salaire est élevé plus les salariés encourent des pertes importantes s'ils sont surpris à ne pas fournir l'effort demandé. Même lorsque le chômage devient important les salaires ne baissent pas significativement, car les entreprises ne veulent pas provoquer une chute de la productivité du travail et un accroissement de la rotation de la main d'œuvre. - la théorie des contrats implicites qui a été élaborée dans le début des années 70, explique qu'il y a un fort lien entre l'entreprise et ses employés. [...]
[...] S'agit-il de l'objectif ultime à viser en matière de chômage ? Peut-on d'ailleurs viser un objectif précis ? Et le taux de chômage lui-même doit-il forcément être un objectif en soi ? Finalement, notre problématique sera la suivante : Faut-il chercher à tout prix la disparition du chômage ? Nous verrons dans une première partie que le plein emploi correspond à un taux de chômage le moins pénalisant pour une économie, mais qu'il est cependant difficile à atteindre, puis dans une seconde partie qu'un taux de chômage d'équilibre serait un objectif plus réalisable et efficace, mais que le taux de chômage n'est pas forcément une fin en soi. [...]
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