Un cadre d'analyse fragmenté et des résultats discutables ont caractérisé les travaux sur les fusions et acquisitions (F&A) bancaires de ces dernières années. Des travaux récents ont avancé de nouvelles explications qui améliorent sensiblement le pouvoir explicatif. Une première explication conçoit les F&A comme une forme d'arbitrage opérée par des dirigeants rationnels sur des marchés inefficients en période d'euphorie boursière où les firmes sont évaluées d'une façon incorrecte (Shleifer et Vishney (2003), Esty, Narasimhan et Tufano (1999)). Une deuxième explication considère les F&A comme une réponse du secteur bancaire à la déréglementation : un relâchement dans les contraintes pourrait permettre, à travers la consolidation, d'accroître la richesse des actionnaires mais également de faciliter aux dirigeants de réaliser leurs objectifs opportunistes (Andrade, Mitchell et Stafford (2001), Vander Vennet (2000)). Enfin, un troisième argument révèle qu'avec la montée en puissance du pouvoir des actionnaires, les dirigeants des banques se trouvent contraints de s'engager dans des opérations de F&A en opérant un arbitrage entre le gouvernement d'entreprise et la demande incessante et pressante de création de valeur (Poon, Newbould et Durtschi (2001), Prowse (1997), Vander Vennet (1996)). Ainsi, la prise en compte de ces explications nous a permis de proposer de nouvelles orientations susceptibles de mieux évaluer les coûts et avantages des F&A bancaires (Writz (2004), Rossi et Volpin (2003), Charreaux (2002a), Jensen (2000)).
[...] Concernant maintenant les banques européennes, Cybo-ottone et Murgia (2000) montrent des effets positifs suite aux annonces de fusions bancaires entre les banques domestiques et entre les banques et les compagnies d'assurance. Berger et al (1999) stipulent que les instruments d'ingénierie financière, tels que les contrats dérivés, les garanties des opérations hors bilan et la gestion de risque peuvent être plus efficacement exploités par les grandes institutions Ils montrent que ces deux facteurs établissent un environnement favorable pour tirer d'importants gains à travers les fusions et acquisitions entre les entités au sein de l'Union Européenne. [...]
[...] Ce modèle conduit à des recommandations en termes de gouvernance qui pourraient être qualifiées de palliatifs à une destruction possible de valeur. Dans une optique de bonne gouvernance, le critère de jugement central est celui de la création de valeur (Jensen, 2000). Dès lors, toute pratique est jugée meilleures pratiques de gouvernance quand elle contribue à un accroissement de la valeur. Or, la conception traditionnelle de la notion de création de valeur devient partielle et l'acceptabilité d'une approche exclusivement disciplinaire de la gouvernance est largement contingente et contredit l'ambition universialiste des meilleures pratiques. [...]
[...] Les dirigeants s'engagent dans des opérations de fusions pour imiter leurs concurrents ou pour éviter de devenir une cible de prise de contrôle. Les dirigeants peuvent être capables de poursuivre leurs propres objectifs par les décisions de rapprochement, particulièrement dans le secteur bancaire où le contrôle d'entreprise est relativement faible. Un des objectifs des dirigeants est l' empire building La compensation managériale tend à s'accroître avec la taille de la firme, ainsi les dirigeants peuvent espérer compléter les profits personnels pécuniaires en s'engageant dans des opérations de F-A (malgré la compensation élevée observée des dirigeants des grandes institutions qui récompensent mieux leur savoir faire et les efforts déployés). [...]
[...] (1999) “Financial consolidation : Dangers and opportunities”, Journal of Banking and Finance Mitchell, M. et Mulherin, J.H. (1996) impact of Industry Shocks on Takeover and Restructuring Activity”, Journal of Financial Economics 41, pp 193- Nelson, R. (1959) “Merger movements in American industry, 1895-1956”, Princeton University Press / NBER Peristrani, S. (1997) Do mergers improve the x-efficiency and scale efficiency of U.S. Banks? Evidence from the 1980s”, Journal of Money, Credit, and Banking 29, August Pilloff, S. et Santomero, A. [...]
[...] Les travaux de Aktas et al (2004) représentent une extension à ces travaux antérieurs. A partir d'une analyse multivariée, ils arrivent à un résultat clair et robuste : la commission européenne désormais protectionniste. Cette confirmation a été avancée suite aux résultats obtenus quant à l'analyse des déterminants de la probabilité d'une intervention réglementaire- l'effet joint de la nationalité de l'acquéreur et les rendements anormaux des concurrents européens est significatif,- pour les fusions initiées par les acquéreurs étrangers, la corrélation est positive entre les rendements des concurrents européens négatifs, autour de la date initiale d'annonce de fusion, et la probabilité d'intervention réglementaire élevée- (les résultats restent toujours valables devant une variété de difficultés statistiques, y compris l'endogénéïté entre l'estimation des investisseurs et les actions réglementaires). [...]
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