Après une tentative avortée en 2001 - à l'époque, les discussions avaient achoppé sur le poids respectif des deux entreprises dans le nouvel ensemble- Alcatel et Lucent ont réussi cet hiver à s'entendre et fusionner pour créer le numéro deux mondial des équipementiers telecom avec un chiffre d'affaires consolidé de 25 milliards de dollars. Juste derrière on retrouve le leader du secteur Cisco (28 milliards) mais le groupe se retrouve devant Ericsson (21,9), Siemens (16,2) et Nortel (11,1).
Le mariage ne fût en effet pas sans difficultés en raison du caractère stratégique des activités des deux entreprises des deux côtés de l'Atlantique et de la réputation des deux entités pour les gouvernements et populations des deux pays.
Avant de nous intéresser aux objectifs et aux difficultés liées au rapprochement d'Alcatel et de Lucent, il est intéressant de donner un bref historique des deux entreprises prises séparément.
[...] La stratégie consiste à additionner et à tout combiner : les tarifs, les fréquences, les réseaux. Et en Europe la part de marché progresse pour passer de 27 à 28% pendant l'été 2006. Une fusion réalisée amicalement permet aussi en théorie de prendre son temps pour acclimater les équipes. Contrairement aux opérations éclair des années 1999-2000, où les promesses étaient de rigueur, Air France-KLM, mariées depuis 2004, s'emploient à jouer la prudence. Au début jugées peu alléchantes par les marchés, les synergies apparaissent doucement, mais sûrement. [...]
[...] Sur le plan opérationnel, la fusion Alcatel-Lucent risque d'être particulièrement compliquée à mettre en oeuvre. Environ 9.000 emplois doivent être supprimés car il existe des doublons, notamment dans l'optique. Et il est prévu d'unifier les lignes de produits technologiques et les plates-formes, sauf quand un client souhaite garder encore quelque temps ses produits. D'autant que les deux groupes ont promis à leurs actionnaires 1,4 milliard d'euros de synergies annuelles à partir de 2009. Dans l'Hexagone, les syndicats sont particulièrement inquiets, mais le fonds commun de placement des salariés actionnaires n'a aucune raison de ne pas voter en faveur de l'opération. [...]
[...] Le groupe avance que, étant présent dans 144 pays, la présence commerciale n'a pas d'incidence sur la nationalité, qu'il restera inscrit à la Bourse d'Euronext, qu'il ne sera plus représenté que par des ADR à Wall Street, que le siège restera français, que les comptes seront publiés en euros et que la majorité de ses actionnaires sont européens, et parmi eux une majorité est française. Oui, mais jusqu'à quand ? Le groupe disposant de 13 milliards d'euros de reports fiscaux déficitaires, les deux parties ont privilégié la domiciliation fiscalement la plus intéressante : la France. Quant aux employés seront américains pour 11.000 Français. Et d'un point de vue des clients, les principaux et plus gros seront américains. [...]
[...] De même, présenté comme une fusion entre égaux, le rapprochement , en novembre 1996, d'Axa et de l'UAP tourne vite à l'avantage des axiens. Le charisme et la détermination de Claude Bébéar ne laissant aucune chance à l'ancien patron de l'UAP, Jacques Friedmann, contraint de jouer les seconds rôles. Comme le souligne Bruno Angles, du cabinet Mercer-Delta, l'UAP était une belle endormie alors qu'Axa était en pleine ascension, bâtie à coups de rapprochements successifs et baignés par la culture de la performance. [...]
[...] Alcatel, qui possédait de Thales, envisageait de lui apporter son activité spatiale, ce qui lui permettrait de porter sa participation à environ Mais l'italien Finmeccanica, partenaire du groupe de télécommunications, avait son mot à dire. Et surtout, le groupe franco-allemand EADS, qui a toujours voulu prendre le contrôle de Thales n'avait pas l'intention de se laisser marginaliser. Il a donc proposé lui aussi d'apporter à Thales ses activités spatiales voire un peu plus en échange de de son capital. Une offre toutefois non exclusive de celle d'Alcatel, précise l'industriel. Selon ce scénario, l'Etat, qui possède de Thales, redescendrait logiquement aux environs de - contre 31,3% aujourd'hui mais il restera le premier actionnaire du groupe. [...]
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