L'entreprise joue un rôle majeur dans les sociétés contemporaines : organisation économique centrale, elle est également un outil efficace et indispensable à la régulation sociale. Toutefois, l'entreprise n'a pas toujours assumé cette fonction sociale qui reste très moderne : les premières formes d'entreprises sont exclusivement économiques et sans aucune fin sociale. Ce n'est véritablement qu'à partir de la fin du XIXe siècle que la sphère sociale s'immiscera au sein de l'entreprise avant de devenir une condition indispensable de sa croissance et de sa stabilité. Aujourd'hui, le rôle de l'entreprise est double : à la fois organisation économique et organisation sociale, elle semble s'adapter tant bien que mal à cette nouvelle forme de régulation. Cette ambivalence soulève de nombreuses incertitudes : l'entreprise doit-elle se borner à l'économie ? Ses fonctions relèveraient-elles du social ? Quel compromis établir entre ces deux aspects ?
Dans quelle mesure les objectifs de l'entreprise sont-ils doubles ?
[...] Pour Karl Marx, dans Le capital, l'entreprise aspire à une meilleure efficacité dans l'exploitation des ressources productives, aussi bien du travail que du capital. L'entreprise s'impose ainsi comme un véritable régulateur économique. Elle a été le principal vecteur et moteur de la Révolution Industrielle. L'entreprise devient ainsi, dès le début du XXe siècle, le cœur des débats théoriques ; la théorie économique se focalise sur le rôle de l'entreprise, qu'elle place au centre de ses modélisations. Ainsi J.A.Schumpeter dans Business cycles (1939) étudie le rôle de l'entrepreneur dans la croissance économique. [...]
[...] L'entreprise : organisation économique ou organisation sociale ? L'entreprise joue un rôle majeur dans les sociétés contemporaines : organisation économique centrale, elle est également un outil efficace et indispensable à la régulation sociale. Toutefois, l'entreprise n'a pas toujours assumé cette fonction sociale qui reste très moderne : les premières formes d'entreprises sont exclusivement économiques et sans aucune fin sociale. Ce n'est véritablement qu'à partir de la fin du XIXe siècle que la sphère sociale s'immiscera au sein de l'entreprise avant de devenir une condition indispensable de sa croissance et de sa stabilité. [...]
[...] Cette définition de l'entreprise faite par R.Coase nous permet de dater la naissance des premières véritables entreprises : elles apparaissent, pour leurs formes les plus abouties, au début du XVIe siècle. Pour Fernand Braudel dans La dynamique du capitalisme, l'entreprise nait à Gênes dans le cadre d'un commerce méditerranéen foisonnant. Elle vise ainsi à assurer le développement du commerce et à créer des structures adaptées aux ambitions naissantes de ces marchands italiens. L'entreprise est ainsi créée pour faciliter à la fois les échanges et les conditions de production. Les objectifs qu'elle poursuit sont initialement économiques. La Révolution Industrielle généralisera, au XVIIIe siècle, l'entreprise comme régulateur économique central. [...]
[...] Mais le XXe siècle a vu naître un nouveau compromis social dont l'entreprise a constitué la charnière. Le rôle social de la grande entreprise était une norme. Toutefois cette adaptation et cette évolution de l'entreprise vers une organisation sociale semblent bien peu volontaires. Depuis la fin des années 1970, l'entreprise est largement remise en question dans sa nature sociale : d'une part en raison de la mondialisation, d'autre part par la succession de crises violentes depuis une trentaine d'années. L'entreprise en tant qu'organisation sociale est réellement menacée, déstabilisée. [...]
[...] Elles tendent, à ce titre, à se recentrer sur leurs seules fonctions économiques au détriment de leur rôle social. De plus, de grands symboles du socialisme social d'entreprise sont remis en cause : tel est le cas de Ford ou de General Motors. Le capitalisme vorace anéantit ces symboles, ces modèles. Ce fut le cas, déjà, au début des années 2000 avec le scandale Enron. L'image qui s'en dégage est celle d'un capitalisme sans cœur : c'est le grand méchant marché. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture