S'il y a peu d'études des crises financières, il existe néanmoins de bonnes synthèses: Clément Juglar (1860) et Charles Kindelberger (1978). Celles-ci nous enseignent qu'on peut assimiler les crises à des « accidents fréquents ».
En effet, l'âge classique des crises financières s'ouvre avec Waterloo: à partir de là, les grandes crises financières ont une périodicité quasi-décennale. En revanche, la période qui sépare l'après deuxième guerre mondiale du quatrième conflit arabo-israëlien (1973) celui-là cause immédiate du premier choc pétrolier, apparaît doublement exceptionnelle. Non seulement la crise de reconversion attendue ne se produit pas, mais encore on n'enregistre plus de graves crises financières, ni de baisses sérieuses d'activité. Il y a certes des baisses boursières, mais elles restent limitées. Mais depuis 1973, on assiste à une prolifération des crises financières.
Ainsi, en premier lieu, nous verrons tout d'abord que si les deux écoles « classiques » peuvent chacune apporter des réponses satisfaisantes, quoique incomplètes, face au caractère récurrent des crises financières, elles sont bien souvent éclipsées par des explications plus conjoncturelles, fatalistes, mais surtout éminemment fallacieuses, dans la mesure où elles ignorent les risques propres au système accentués par la dérégulation financière internationale Enfin, nous essayerons de nous extirper d'une vision hermétiquement économique des crises financières, pour expliquer leur récurrence malgré les risques, qui sont identifiés, malgré les enseignements des crises précédentes.
[...] La faiblesse des banques et le développement de l'autofinancement Cette asymétrie de l'information a d'importantes conséquences sur les banques Du fait de cette asymétrie de l'information, les prêteurs sont amenés à acquérir des informations privées et à exercer une surveillance de l'utilisation des fonds, mais la concurrence, du fait de la hausse considérable de l'autofinancement, décourage la prise en charge de ces coûts supplémentaires, de sorte que l'on privilégie le volume du crédit à la qualité. D'autre part, les crises bancaires, et surtout le phénomène de contagion qu'elles entraînent, placent les banques dans une position critique. [...]
[...] Et dans ce cas-ci le FMI semble incapable d'exercer le rôle de prêteur en dernier ressort (assurance collective contre le risque systémique) et donc de substituer une liquidité immédiate à des créance dévalorisées. Ainsi, la diversité des crises n'est pas à ce point large qu'il faille se résoudre à considérer le phénomène comme totalement imprévisible. Mais le nombre d'éléments récurrents n'est pas suffisant pour en assurer la prédictibilité, ce qui pourrait expliquer leur récurrence. En effet, si les crises financières ne sont pas reproductibles selon des lois de probabilité connues, c'est peut-être parce que les crises financières seraient sujettes à des facteurs macro-économiques imprévisibles. [...]
[...] - L'ouverture des frontières aidant, les banques locales ont eut tendance à emprunter en devises étrangères pour prêter dans leur monnaie nationales (fait à l'origine de l'explication de la crise asiatique par Krugman) On est donc passé d'une relative maîtrise des cycles dans les 30 Glorieuses à une instabilité chronique ponctuée de crises financières pour reprendre les termes d'Aglietta. Alors que le système monétaire international semblait bien fonctionner depuis l'après-guerre, son dérèglement accompagne et renforce aujourd'hui la dépression car ce qui caractérise la finance internationale actuelle c'est la volatilité des monnaies. Dans la mesure où il n'y a pas fixité des taux de change, on assiste régulièrement à des phénomènes de sur réaction propres au prix des actifs que sont la monnaie. [...]
[...] Le rôle de la presse dans la diffusion de ces idées doit être souligné. Dans ce cas, souvent, appeler à la prudence relève de la gageure, comme le souligne Keynes, je cite : La sagesse universelle enseigne qu'il vaut mieux pour sa réputation échouer avec les conventions que réussir contre elles Les exemples d'esprits critiques ayant eu à subir les foudres de l'opinion coalisée, lors de bulles spéculatives, ne manquent pas. Ainsi, ce sont de bien fortes raisons qui dictent les comportements financiers à l'origine des bulles spéculatives ou des crises financières, réapparaissant régulièrement, et ces, malgré les enseignements des crises précédentes. [...]
[...] Les marchés, après tout, n'étaient pas responsables des crises, et mieux valait les laisser aller jusqu'au bout pour qu'ils purgent leurs excès. Puis, dans les années 1980, aux Etats-Unis, la mort des actions fut annoncée, du fait de l'ampleur des crises financières en l'espace d'une décennie. Pourtant, la spéculation a repris de plus belle, marquée par un manque de prudence de spéculateurs qu'on aurait pu croire, pourtant, avertis. Mais si l'incapacité des spéculateurs à tirer les enseignements des crises précédentes peut être dénoncée comme un facteur explicatif de la résurgence régulière des crises, lorsque les spéculateurs se transforment en historiens économistes zélés, cela peut également poser problème : tel creusement du déficit de la balance des transactions courantes dans certains pays asiatiques évoquera, aux yeux des investisseurs et des grands intermédiaires internationaux, les crises du SME et du Mexique. [...]
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