C'est en février 2007 que la crise boursière et financière actuelle est révélée aux Etats-Unis. Les établissements spécialisés dans les crédits subprimes annoncent leurs premières pertes et provisions. Les milieux financiers établissent plusieurs scénarios. Est-ce une crise passagère, qui va permettre de corriger les excès sur le marché du crédit immobilier américain ? Est-ce une crise au long cours qui risque de toucher d'autres acteurs que les banques américaines ? Va-t-elle s'attaquer au marché européen ? Les réponses sont diverses : certains acteurs restent optimistes et pensent que la crise ne durera pas. D'autres parlent d'une crise systémique globale qui affectera l'économie mondiale dans son ensemble.
« Ce à quoi nous assistons sur le segment étroit du « subprime lending » est le début d'une vague et non pas sa fin », déclare Susan BIES
Mais avant d'expliquer ce phénomène, et de tenter de trouver une réponse aux questions ci-dessus, il est important de resituer la crise des subprimes dans son contexte historique.
Mars 2000, la bulle internet née en 1995 éclate. Durant 5 années, les investisseurs essentiellement américains n'hésitent pas à investir des sommes colossales dans les start-up internet. Non seulement attirés par les nouvelles technologies, ils voient également, dans « la Toile » une révolution économique. En effet, l'essor d'internet s'accompagne d'un développement considérable de l'ensemble des technologies de l'information. Rapidité des flux, facilité de la communication, la révolution n'est donc pas uniquement technologique mais elle devient également économique. Les investisseurs y voient une source intarissable de rentabilité et de profits.
Dans cette ambiance euphorique, entre 1995 et 2000, le cours du NASDAQ est multiplié par cinq, passant de 1000 à plus de 5000 points. (cf. Annexe 1)
Les introductions en bourse de ces start-up se succèdent à des cours dépassant toutes les prévisions : par exemple, la fourchette d'introduction de la Société Netscape, connue pour son navigateur internet, était évaluée à 12$-14$ par action. Les actions se sont finalement vendues à 28$ à l'introduction et ont atteint 58,25$ dès la fin de la première séance de cotation soit une croissance de 108%. Ebay constitue un autre exemple très marquant de ce qui pouvait s'apparenter à une success-story sans fin. A son entrée en bourse en 1999 Ebay a été valorisé à 8600 fois ses bénéfices de l'année 1998. A titre de comparaison, la valorisation moyenne pour les grandes entreprises industrielles se situe entre 10 et 20 fois leurs bénéfices.
Fin 1999, les premiers signes de faiblesse sur le marché de l'internet apparaissent, les cours des start-up atteignent leur paroxysme. Ce secteur a connu un développement trop rapide, a accueilli une masse de capitaux trop importante en un espace de temps trop restreint. Le 10 mars 2000, la bulle éclate et le cours du NASDAQ va connaître une chute aussi impressionnante qu'en a été son ascension entre 1995 et 2000. En 30 mois, entre mars 2000 et octobre 2002, le cours du NASDAQ va perdre 78% de sa valeur(cf. Annexe 1). Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette « spirale infernale ». D'une part la concurrence sur ce marché était devenue trop forte, il n'y avait pas de la place pour tout le monde.
D'autre part, la hausse des taux d'intérêts de la Réserve Fédérale Américaine pesait sur les comptes pour ces entreprises technologiques et start-up internet surendettées. Enfin, les capitaux rendus disponibles par les investisseurs ont été utilisés trop rapidement et les développements internationaux n'ont pas toujours été maîtrisés.
« On s'est laissé porter, reconnaît un créateur en liquidation judiciaire. On n'a pas su durer. On a surdimensionné les équipes, acheté du matériel informatique pour 2 millions de francs alors que nous pouvions démarrer avec 100 000 francs ».
Nous pouvons citer comme exemple de faillite suite à ce krach celle du site boo.com (vente en ligne de vêtements). Cette start-up a disparu en mai 2000 soit à peine deux mois après le krach après avoir dépensé plus de 120 millions de dollars en à peine 18 mois. Les explications sont donc étroitement liées au mode de management et de gestion.
La chute de ce secteur a entraîné une récession de toute l'économie américaine, accentuée par les événements du 11 septembre 2001. Afin de limiter l'ampleur des dégâts, la Réserve Fédérale Américaine décide en 2001 d'apporter des liquidités sur le marché. Dans le même temps une baisse des taux d'intérêts est décidée afin de ne pas trop ralentir les dépenses des ménages et les investissements, et donc ne pas trop faire souffrir la croissance. L'impact de ces décisions de la FED ne s'est pas fait attendre : les agents économiques, et les ménages en particulier, se sont mis à investir massivement dans l'immobilier, secteur qu'ils ont jugé le plus apte à accueillir des capitaux et le plus sécurisant.
C'est dans ce contexte qu'est né le marché des subprimes, en étendant aux populations les moins aisées, la possibilité d'accéder à la propriété.
Comment ce marché fonctionne-t-il ?
Un ménage souhaite profiter de la baisse des taux d'intérêts pour devenir propriétaire. Cependant, sa situation financière étant délicate, il n'a pas accès à un crédit classique dit « prime », qui est le crédit le plus avantageux. Afin de se protéger contre le risque d'insolvabilité, le courtier ou la banque va lui proposer un crédit « subprime » à un taux d'intérêt variable, et beaucoup plus élevé que celui d'un crédit « prime ».
En outre, l'emprunteur concède une hypothèque sur le bien qu'il souhaite acquérir, qui sert de garantie à la banque prêteuse. Les deux premières années, l'emprunteur ne rembourse que des intérêts sur son crédit, à un taux promotionnel fixé avec la banque. Après ces deux années, il va devoir commencer à rembourser le capital, à un taux d'intérêt qui devient variable et peu avantageux pour l'emprunteur. Cependant, tant que les taux de marché, auxquels le taux variable du prêt est adossé, baisse, l'emprunteur peut généralement faire face à ses obligations. C'est quand les taux montent que le risque de défaillance augmente très rapidement. En cas d'insolvabilité du client, la banque est en droit de saisir la maison et de la vendre aux enchères pour recouvrir le prêt accordé à l'emprunteur défaillant.
Nous voyons bien que l'enchaînement de ces défaillances peut conduire à une crise, dont nous allons expliquer plus précisément les origines, avant d'en évaluer l'impact éventuel sur le système bancaire, notamment en Europe, enfin d'examiner, alors que la crise des subprimes n'est pas terminée, quelles leçons les autorités de régulation, comme les hommes politiques en ont d'ores et déjà tiré.
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[...] Cela permet des classifications plus fines des différents emprunteurs. Ces différentes notations peuvent être scindées en deux grandes familles : la catégorie "Investissement" ou "High Grade" contenant les notes comprises de AAA à BBB, la catégorie dite "spéculative" pour les notes inférieures. Il faut également souligner que la notation est assortie d'une orientation à moyen terme permettant de situer un peu mieux la tendance à venir pour la qualité de l'émetteur. Dans certaines situations, on parle de "mise sous surveillance". [...]
[...] La première tranche, qui représente une part moindre de l'encours est la plus risquée. On l'appelle "Equity", elle n'est pas notée par les agences de rating. La seconde tranche appelée "mezzanine", possède un rating BBB. Les tranches les plus solides, les "senior", qui bénéficient d'un rating AA, et "super-senior", notées AAA, sont en principe surpondérées dans l'encours. Ainsi un investisseur prudent n'achètera que les titres les moins risqués tandis que les hedge funds iront vers les tranches les plus risquées mais les plus grassement rémunérées. [...]
[...] Cet examen doit également porter sur le rôle et la responsabilité des banques dans le bon fonctionnement des marchés de crédit. Enfin, compte tenu de la dispersion très large des risques dans les réseaux d'investisseurs, nous devons veiller à l'efficacité de nos systèmes d'alerte et à la diffusion efficace de la liquidité à l'ensemble des acteurs économiques qui peuvent être confrontés aux mouvements soudains affectant les marchés de crédit : il faut se mettre en mesure d'éviter une contagion injustifiée de tensions locales à l'économie réelle. [...]
[...] La difficulté se situe dans le fait qu'outre la capitalisation boursière, à hauteur de 620 millions de livres, il faudra aussi pouvoir assurer les quelques 20 milliards de livres que Northern Rock devra trouver pour répondre aux demandes de crédits immobiliers des ménages anglais qui la solliciteront Le rôle des agences de notation Qui sont-elles et que font-elles ? La crise des subprimes provient d'investissements massifs sur le marché immobilier américain réalisés en partie par de fonds d'investissements ou des banques. [...]
[...] Parallèlement, comme c'est souvent la règle d'une économie de marché basée sur la concurrence, des diplomates américains et des officiels de la Maison Blanche apportaient, parfois brutalement, à la défense des intérêts de l'entreprise privée mondialisée (Enron fut la 16ème du monde par le chiffre d'affaires) tout l'appui de la puissance publique. Deux agences fédérales furent même mobilisées par les administrations Clinton et Bush pour garantir les investissements d'Enron à l'étranger. Et l'entreprise, experte des paradis fiscaux, parvint à ne pas payer d'impôts entre 1996 et 2000, période pendant laquelle elle déclara néanmoins 2 milliards de dollars de profits. [...]
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