Au XIXe siècle se développent deux idéologies constitutives de nos sociétés, le capitalisme et le socialisme. Elles se proposent de présenter des programmes de vie économiques, sociaux et politiques, voire culturels. En ce sens-là, elles vont entraîner des changements fondamentaux, tant en matière de politique intérieure des Etats, qu'en matière de hiérarchie mondiale. Pourtant, si elles apportent des modifications géopolitiques et si elles donnent des instructions concrètes de gestion d'un pays, elles ne prennent pas la même direction. En effet, leurs sociétés idéales respectives ne se ressemblent pas, et les moyens employés afin de les atteindre encore moins.
Ainsi, capitalisme et socialisme nous sont souvent présentés comme deux concepts largement opposés. Quelle comparaison peut-on objectivement établir entre ces deux projets ?
[...] Rien que par leur définition abstraite, ils ne se situent pas dans la même optique. Le capitalisme est un système économique, c'est-à-dire un ensemble d'institutions et de mécanismes inspirés par un certain esprit à l'intérieur duquel se développe l'activité économique. En ce sens là, il se développe autour de structures clairement définies, prend pied dans la réalité, est un système de faits. Il n'y a pas théorisation, mais bien démarche empirique. En revanche, le socialisme est très théorique dans la mesure où il se pose en tant qu'adversaire et détracteur du capitalisme. [...]
[...] Moyen d'échanges certes, mais surtout utilisé pour l'épargne et confronté aux fluctuations de l'économie, à la conjoncture. Il n'existe en fait que pour les riches, il est discriminatoire, contrairement au troc revisité par les coopératives, plébiscitées par les socialistes utopiques (expression de Karl Marx) : les ouvriers y sont copropriétaires, l'égalité est le maître mot, on y échange des marchandises. Ce système, dont Robert Owen se fait le représentant, verra la création de la première coopérative à Rochdale. Avec ces deux systèmes, ce sont deux conceptions différentes de l'homme qui s'opposent. [...]
[...] S'opposent les maîtres tels Ricardo et Malthus, qui refusent toute aide financière sinon la classe la plus pauvre deviendrait trop nombreuse et donc dangereuse, et d'autres économistes comme Mill (John Stuart) ou Alfred Marshall pour une intervention de l'État en la matière. De même, les socialistes ne sont pas unanimes quant à la manière d'atteindre le pouvoir : faut-il s'appuyer sur la bourgeoisie ou la détruire ? Les menchéviks en Russie seront pour l'alliance avec la bourgeoisie, contrairement aux bolchéviks de Lénine. De plus, ce sont des similitudes dans la direction politique de l'État qui se révèleront petit à petit. [...]
[...] Dans la société marxiste parfaite, chacun pourra vivre de la manière dont il le désire, sans pression : il y a prise en main de sa destinée, contrairement à l'existence de l'ouvrier capitaliste qui dépend de mécanismes complexes (s'il y a progrès technologique, la concentration se fera plus forte, le chômage augmentera et les salaires eux diminueront afin de compenser la baisse des taux de profit). Mais nous pouvons souligner une dernière opposition : le capitalisme est un système plus dynamique. Il est fondé sur l'action, sur la quête perpétuelle de progrès, certes dans une optique nullement humaniste. En revanche, le socialisme reste plus abstrait, il reste un idéal tout comme le marxisme. De plus, en théorie, dès que le marxisme sera atteint, l'Histoire s'arrêtera, car la perfection existera. [...]
[...] Il faut ajouter que le capitalisme n'est bien entendu qu'une étape vers la société idéale selon Marx, mais qu'il est nécessaire. D'ailleurs, d'après Samuel Gompers, président de l'American Federation of Labour le syndicalisme recherche comme le capitalisme le gain. Socialisme et capitalisme sont donc tous deux des phases de l'histoire et constituent les bases de nos sociétés, d'où leur présence répétée dans des œuvres littéraires : c'est par exemple la critique du capitalisme dans Germinal de Zola, ou celle des horreurs bolchéviques dans Le docteur Jivago de Boris Pasternak. [...]
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