En utilisant des données américaines (troisième trimestre 2003 et premier trimestre 2004), cet article a pour objectif d'analyser dans quelle mesure le dépassement des résultats prévus (approchés par l'EPS) par les analystes a une incidence sur le comportement des investisseurs boursiers (étude d'événement). Par la suite, nous avons essayé d'expliquer cette attitude (étude d'association) en incorporant des variables liées tant à la surprise en tant que telle (ampleur de la surprise, évolution des niveaux de performance situés plus haut dans le compte de résultats) que des éléments de contrôle (taille, investisseurs institutionnels, marché d'appartenance). Les résultats auxquels nous sommes parvenus montrent un mouvement de création de valeur boursière à l'annonce de la surprise (même si, en terme brut, il est relativement faible). Nous avons également constaté que l'ampleur de la surprise ainsi que la taille et la présence d'investisseurs institutionnels tendaient à influencer le comportement des investisseurs boursiers. Par contre, nous n'avons obtenu que peu de résultats statistiquements significatifs en considérant d'autres indicateurs de performance.
[...] A ce niveau, l'étude de Brown (1999) montre qu'afin de satisfaire les exigences des investisseurs boursiers, les managers américains (comparativement aux managers d'autres pays au système boursier développé) ont tendance à essayer de présenter des surprises positives ; dans le cas d'annonces de surprises négatives, ils essaient de faire en sorte de les limiter, ce qui peut amener à s'interroger sur les techniques de gestion des résultats utilisées par les dirigeants américains Références bibliographiques Ali, Durtschi, Lev, Trombley (2002), Changes in Institutional Ownership and Subsequent Earnings Announcement Abnormal Returns”, SSRN Working Paper pages Baber, Kang (2002), Meeting the Consensus EPS Good News or Bad News? [...]
[...] Plusieurs autres variables se sont également avérées statistiquement significatives. Premièrement, la variable binaire censée représenter le marché sur lequel sont cotées les entreprises n'est statistiquement significative que dans un petit nombre de régressions, mais son effet est systématiquement positif, ce qui semble vouloir dire que les surprises émises par les entreprises cotées sur le NASDAQ ont un effet plus positif que celles des entreprises du NYSE (hypothèse 3 non vérifiée). On peut penser qu'en fonction du processus de sélection naturelle qui s'est opéré depuis mars 2000 (avec la faillite de nombreuses entreprises de ce marché utilisant des techniques comptables frauduleuses), les investisseurs boursiers accordent à nouveau leur confiance aux niveaux de performance présentés par ce type d'entreprises. [...]
[...] Ce mouvement se prolonge durant toute la semaine qui suit l'annonce en tant que telle. Toutefois, en considérant l'ensemble de la période événementielle, l'effet de l'annonce en terme de rentabilité boursière est négatif. Suite à cette étude événementielle, nous avons également mis en évidence des variables susceptibles d'expliquer ces mouvements boursiers. Les variables qui se sont avérées être statistiquement significatives au seuil communément utilisé sont l'ampleur de la variation (effet positif sur la valorisation boursière de l'entreprise), la taille de l'entreprise (effet négatif sur la valorisation de l'entreprise), le niveau de détention par les investisseurs institutionnels (effet positif sur la valorisation boursière). [...]
[...] De manière générale, cette focalisation sur les niveaux de performance peut engendrer des politiques comptables agressives et ce en fonction des pressions du marché des capitaux. Dans cette optique, Richardson, Tuna, Wu (2002) montrent que les entreprises qui utilisent ce type de techniques comptables sont des entreprises en phase de croissance, qui ont un recours à un financement externe important et empruntent d'importants montants de cash. La publication des résultats peut donc être considérée comme utile à partir du moment où celle-ci induit une révision des cours boursiers au moment de son annonce. [...]
[...] Une autre faiblesse de ce test est que la comparaison ne se fait pas en se référant à une norme extérieure aux rentabilités du titre. De manière générale, un des problèmes majeurs posés par l'utilisation des études événementielles est la possibilité de superposition d'événements qui empêchent de cerner clairement l'impact d'un événement en tant que tel (par exemple, une entreprise qui annonce de manière simultanée de faibles niveaux de performance et des licenciements massifs). Pour l'événement analysé dans le cadre de cette étude (qui possède, a priori, un contenu informationnel positif pour l'entreprise), ce problème ne semble pas devoir se poser dans la mesure où l'éventuelle superposition résulte le plus souvent de l'apparition d'un événement négatif que l'entreprise veut rapidement compenser par une annonce positive pour regagner la confiance des investisseurs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture