Les récentes visites de Nicolas Sarkozy aux gouvernements chinois et algérien témoignent de la forte attractivité qu'exercent ces pays en développement. L'économie chinoise offre l'exemple d'un pays à fort potentiel où investissement et croissance vont de pair. Qu'en est-il de l'investissement dans un pays développé comme la France, dont la croissance oscille depuis quelques années entre 1% et 2% ? Depuis 2005 environ, l'investissement français connaît une reprise relative après une période, s'étendant de 2001 à 2003, que certains ont pu qualifier de « crise de l'investissement ».
Tout d'abord, il est nécessaire de définir la notion d'investissement. Au sens large, l'investissement est l'acquisition de biens de production, ce que la Comptabilité Nationale désigne par la Formation Brute de Capital Fixe. Cette définition ne prend donc pas en compte les investissements financiers qu'on appelle « placements ». Les biens de production acquis peuvent être matériels (achat d'actifs fixes) ou immatériels (R&D, formation, publicité, achats de logiciels). Les acteurs de l'investissement sont les sociétés (à hauteur de 55 % en France), les ménages (25%) et l'Etat.
Ces acteurs s'inscrivent dans ce qu'on peut appeler une dynamique de l'investissement. En amont, l'investissement est déterminé par la volonté d'investir et la possibilité d'investir : on veut investir si on espère en tirer un profit et on peut investir si on détient le financement nécessaire. En aval, l'investissement a un effet bénéfique sur l'ensemble de l'économie. A court terme, il améliore les fluctuations conjoncturelles, à long terme, il détermine la production et le potentiel de croissance d'une économie. Par conséquent, on peut parler d'un « cercle vertueux » de l'investissement. Comme la consommation des ménages, l'investissement joue donc un rôle moteur dans la croissance.
En économie, la notion de crise correspond à une interruption dans une phase d'expansion. Lorsqu'on parle de « crise de l'investissement », on suppose deux mécanismes. D'une part, en amont, les déterminants ne sont plus assez forts pour pousser les agents à investir. D'autre part, en aval, une baisse de l'investissement peut entraîner un ralentissement du progrès technique, de la production et de la demande. Dans le cas d'une crise de l'investissement, ces mécanismes néfastes à la croissance sont accentués.
On peut se demander si ces deux mécanismes sont à l'œuvre dans l'économie française. Dans ce cas, la reprise de l'investissement devrait être minimisée. Autrement dit, peut-on pour le cas français que la baisse de l'investissement a brisé son « cercle vertueux » ? Il est indéniable que le fort ralentissement de l'investissement a eu des effets néfastes sur l'économie française, mais on peut nuancer l'idée d'une crise de l'investissement.
On montrera que le ralentissement de l'investissement est dû à des faiblesses structurelles et à une conjoncture mondiale défavorable subie par la France avant de relativiser l'idée d'une crise de l'investissement en montrant la réactivation de certains atouts français et la permanence d'une position privilégiée.
[...] Des partenariats privilégiés La France reste la troisième terre d'accueil des investissements directs étrangers dans le monde. Dans les investissements industriels, les pays qui investissent le plus en France sont les pays européens les Etats-Unis et l'Asie Mais si l'on considère, le pays d'origine, ce sont les Etats-Unis qui arrivent en tête. La France est la première terre d'accueil dans la zone euro. La France développe par exemple des partenariats avec l'Allemagne dans le secteur des services aux entreprises et de la construction automobile, dans l'aéronautique, dans les machines et équipements, dans la chimie avec la reprise d'Albermale par l'Allemand PPC SAS, et avec le Royaume-Uni pour le laboratoire pharmaceutique GSK dans le Nord-Pas-de-Calais et le centre d'appel de Virgin Mobile en Mayenne, en plus de petits investissements dans le transport et la logistique. [...]
[...] L'investissement est un pari sur le futur, mais pour qui veut prendre le moins de risque possible. Dans ce contexte d'incertitude, entre un pays attractif comme la Chine, et un pays comme la France, on préfèrera la Chine. Keynes et Tobin avaient déjà souligné le fait que l'investissement est instable et dépend grandement des phénomènes financiers. La conjoncture incertaine accentue les faiblesses structurelles de la France. Cependant un élargissement de perspectives à la fois sur les secteurs et la période nous permet de relativiser l'idée d'une crise de l'investissement. II. [...]
[...] L'endettement des entreprises françaises Daniel Dewavrin, président du Groupe des fédérations industrielles, qui rassemble les 12 fédérations industrielles du Medef, a commenté la crise de l'investissement en disant que les entreprises ont besoin d'investir mais n'ont pas d'argent pour le faire Autrement dit, l'investissement a des coûts élevés tandis que les entreprises manquent de ressources. L'endettement des entreprises est aujourd'hui très élevé ; il atteint 140% de la valeur ajouté et les prêts bancaires sont de plus en plus difficiles à obtenir. Comment peut-on l'expliquer ? La fiscalité joue un grand rôle dans ce problème. [...]
[...] Mais cette crise touche aussi les secteurs novateurs. Le retard de la France dans les NTIC et le manque d'investissement dans la recherche et le développement entraînent un cercle vicieux qui décourage encore l'investissement. Le cycle du produit de Vernon montre que l'innovation d'une firme du Nord comme la France lui permet d'abord d'avoir un avantage comparatif, ce qui favorise l'exportation sur les marchés du Sud qui ne disposent pas encore de cette technologie. Cependant, cet avantage comparatif disparaît peu à peu, car l'innovation est imitée par les pays du Sud. [...]
[...] Elles attirent donc les investisseurs, notamment les investisseurs étrangers. Ainsi les investisseurs étrangers ont contribué à la création ou au maintien (par la reprise d'entreprises en difficulté) de emplois sur le territoire français en 2006. Ceci est une tendance de fond qui s'est développée au cours des 10 dernières années, la structure des investissements étrangers en France s'est progressivement modifiée par une progression très marquée des activités à forte intensité technologique et/ou à forte valeur ajoutée. L'ensemble de ces secteurs a représenté, en des créations d'emplois, contre seulement en 1993. [...]
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