« Dans le domaine financier, il faut être très courageux pour ne pas prendre un risque qui vous rapporte beaucoup ». En 2008, le banquier américain James Dimon, PDG de Morgan Chase avait trouvé la formule pour expliquer l'origine de la crise bancaire. En 2009, Vladimir Poutine évoque « une crise parfaite », un phénomène qui se produit selon les dires du premier ministre russe « quand les forces de la nature convergent en un point de l'océan et démultiplient leur capacités destructrices ».
Comme l'explique J.C Trichet, cette crise résulte d'un triple phénomène : la fin (classique) d'un cycle de 5 années de croissance mondiale exceptionnelle, l'effet dépressif dû à des prix des matières premières, notamment énergétiques extravagants, et enfin, une crise financière qui a aggravé la situation de manière considérable et brisé la confiance mondiale : dans les semaines qui ont suivi la faillite de la banque Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, il s'est produit un phénomène jamais observé, parce que de la multinationale occidentale à l'ouvrière chinoise, la totalité des agents économique à perdu confiance et réduit ses dépenses au minimum. En 1997, l'Asie en crise avait bénéficié de l'appétit du consommateur occidental pour relever la tête ; en 2002, l'éclatement de la bulle internet et le traumatisme économique du 11 septembre avaient rapidement été oublié grâce au dynamisme des pays émergents.
[...] Encore une fois, l'on s'accorde sur une nécessaire intervention des autorités, sans pour autant réussir à le faire sur les modalités. Au demeurant, l'on retiendra peut-être des évènements les visions de Freud et de Keynes des différents acteurs du capitalisme. Les deux auteurs répondent à la question de l'obéissance de banquiers par celle de la pulsion de mort c'est-à-dire un amour irrationnel de l'argent. Freud est en effet convaincu qu'au plus profond de l'individu se niche l'humaine pulsion d'agression et d'auto- anéantissement celle qui affronte sans cesse la pulsion de vie. [...]
[...] Et, de facto, traders et spéculateurs de tout genre sont dans la ligne de mire de politiques. Les marchés financiers n'ont évidemment pas vocation à constituer des casinos de la finance. Leur existence obéit à des impératifs de gestion : les entreprises, les institutions financières, les investisseurs institutionnels, les Etats eux- mêmes doivent gérer leurs risques dans un environnement devenu très instable. Toutefois, pour exercer ce rôle, les marchés doivent être liquides, chaque opérateur doit pouvoir trouver une contrepartie aux opérations qu'il effectue. [...]
[...] A supposer alors que ce nombre d'erreurs se multiplie, c'est une large part des investissements de l'économie qui se trouvent sapés, alors même qu'ils sont absolument nécessaires au développement économique d'une société (entraînant par ailleurs un cercle vertueux). De fait, il est certain que valeurs des titres et activité économique peuvent ne pas correspondre, les premiers déterminant alors la dynamique économique. Bien sûr, lorsque les marchés financiers se portent bien, la croissance s'en trouve renforcée, mais lorsqu'un retournement survient, cette dernière a bien rarement les capacités d'éviter le marasme, parce que jouent effectivement des mécanismes puissants d'entraînement, tout autant que les acteurs qui composent les marchés. Mais, que faire lorsque de tels événements surviennent ? [...]
[...] Il s'agissait donc d'un projet politique. Il fallait faire en sorte que le capital puisse être distribué au mieux sur les marchés. Pour cela, il fallait créer un marché financier unique. Il a alors été question de réunir sur les marchés tous les intervenants (banques, fonds, entreprises, états, particuliers), qui auraient à leur disposition tous les instruments financiers (actions, obligations, dérivés, ) et quelle que soit la maturité des investissements : à long, moyen, ou court terme. Pour simplifier : la libéralisation des marchés qui s'est opérée par la volonté politique de l'Etat a fondé la liquidité des investissements, laquelle, aujourd'hui, est au cœur des crises financières. [...]
[...] Il se trouve alors que l'évolution du cours des obligations ne correspond absolument pas à la santé économique du pays ; il y a encore une fois déconnexion. De fait, quoiqu'en dise la théorie, l'efficience des marchés financiers n'est pas totale, et, l'Histoire le prouve, leur existence bascule bien souvent entre bulle financière et krachs, de sorte qu'il n'est pas rare que valeur des actifs et dynamisme de l'économie soient absolument disjoints. Mais, de la même manière, il n'est pas moins rare que ces épisodes se soldent par des dépressions, ce qui mettrait en évidence l'existence de mécanismes capable de lier dynamisme du prix des actifs et de l'activité économique, et principalement dans les périodes de retournement (ou de marasmes). [...]
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