Depuis plus de deux siècles, philosophes et sociologues ont souvent annoncé le déclin des religions. L'hypothèse de base, parfois qualifiée d'hypothèse de sécularisation, est que le développement économique et l'élévation des niveaux de vie, la diffusion de l'instruction, les progrès de la science et de l'urbanisation, provoquent une disparition des besoins religieux, aussi bien en ce qui concerne la pratique que les croyances. Pourtant, les succès actuels du Protestantisme évangélique aux Etats-Unis et en Amérique latine, l'expansion du Fondamentalisme islamique en Afrique et en Asie, la reprise spectaculaire de la pratique religieuse en Europe de l'Est depuis la disparition de l'URSS, témoignent de la vitalité des religions au point de relancer le débat entre sociologues et économistes.
[...] A l'inverse, la forte religiosité caractéristique de l'Amérique du Nord serait le résultat d'une économie ouverte au dynamisme des entrepreneurs religieux et de la concurrence. Réglementation du travail et sécularisation Toute déréglementation est-elle pour autant souhaitable ? La question se pose aujourd'hui en France avec les débats déclenchés par les projets d'ouverture des magasins le dimanche ; elle a été abordée aux Etats-Unis où elle donne lieu à des analyses économiques permises par une importante documentation statistique ; celle-ci concerne de nombreux Etats et porte sur plusieurs dizaines d'années au cours desquelles les restrictions au travail dominical ont été progressivement levées. [...]
[...] Ou bien encore, l'instabilité économique et politique peut favoriser la recherche de sécurité dans l'appartenance religieuse. Du côté de l'offre, si la hausse des revenus augmente le coût d'opportunité de la fourniture de biens religieux, en d'autres termes si les activités séculières dissuadent certaines personnes d'entrer dans le clergé ou les ordres religieux, on peut s'attendre à un déclin de l'offre et du pluralisme religieux. Mais si le progrès des techniques de production et de communication améliore les conditions de l'offre, on doit envisager l'effet contraire. [...]
[...] Hungerman: Are Church and State Substitutes ? Journal of Public Economics J. Lecaillon: Foi et Business Model: l'économie de la religion, Paris, Salvator M. McBride : Religious Market Competition in Richer World, Department of Economics, University of California, avril 2008. Ministère du Travail et des Relations sociales : Le travail du dimanche, Fiche Internet janvier 2009. [...]
[...] Sans doute faut-il se garder de transposer à d'autres pays les enseignements fournis par l'expérience américaine ; celle-ci a au moins le mérite de rappeler que beaucoup de décisions à caractère économique ou commercial peuvent avoir un coût social et humain qui ne saurait être négligé. Références bibliographiques Collectif des Amis du dimanche, www.travail.dimanche.com J. Gruber : Religious Market Structure, Religious Participation and Outcomes, Advances in Economic Analysis and Policy J. Gruber and D. Hungerman: What Happens When Religion faces increased secular Competition NBER, WP D. [...]
[...] Quelles peuvent être les conséquences de cette abrogation ? En principe, l'abrogation de cette législation a deux effets possibles : d'une part, le temps consacré à la religion se réduit si les fidèles choisissent de consacrer plus de temps au travail ou aux consommations séculières, par exemple en faisant leurs achats le dimanche. Il se peut, d'autre part, qu'il y ait des conséquences sur les contributions monétaires des fidèles à la marche de leur Eglise : si leur revenu augmente parce qu'ils travaillent plus longtemps, ils peuvent se montrer plus généreux ; en revanche, si de nouvelles occasions de dépenses se présentent, ils pourront être tentés de réduire la part de la religion dans leur budget. [...]
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