Concentrations, opérations de fusion-acquisition, licenciements boursiers […], sont aujourd'hui des termes et des faits courants. D'où l'importance de comprendre les liens qui peuvent exister entre ces changements du point de vue de l'entreprise, la croissance économique et finalement la nature même du système capitaliste qui semble avoir passé un nouveau cap ces deux dernières décennies.
Mais commençons par énoncer une définition précise des termes employés. L'entreprise, qui dans la théorie néoclassique ne semble être qu'un « point » ou une « boite noie », est plutôt comme l'ont justement fait remarquer Cyert et March, un ensemble complexe d'organisation, de décision, de négociation qui permet la création de richesses, biens et services. Il s'agit donc d'une entité importante au cœur du processus de croissance économique. L'entreprise est en sommes « l'institution cardinale du capitalisme » (F. Perroux). En effet, le capitalisme repose sur une accumulation des richesses même s'il n'existe pas de modèle unique. La question des interdépendances entre entreprise, croissance économique, et capitalisme est donc essentielle. Comment les entreprises se sont transformées, modifiant ainsi les bases du capitalisme, en vue de s'adapter à un nouvel environnement et ainsi favoriser la croissance ? En quoi la recherche de cette croissance économique a-t-elle modifié la structure même de l'entreprise et finalement tout le système capitaliste ?
Afin de répondre au mieux à ces différentes questions, nous allons organiser un raisonnement suivant deux axes. Dans un premier temps, nous remarquerons que depuis le XIXe siècle et la Révolution Industrielle, les entreprises n'ont cessé d'évoluer au sein du système capitaliste, et ont ainsi entrainé la croissance. Puis, nous verrons que la quête de croissance économique, au centre du système capitaliste, en modifie la structure en provoquant des changements au sein de l'entreprise.
[...] Transformations des entreprises, croissance économique et capitalisme sont des notions essentielles qui nouent de nombreux liens depuis le XIXe siècle. Les modifications dans l'organisation des firmes apportent la croissance et justement, cette quête de croissance économique qui motive les changements au sein de l'entreprise a profondément transformé le capitalisme des différents ays occidentaux. Le capitalisme actionnarial pousse à une maximisation de la valeur des entreprises. La logique boursière semble l'emporter sur la logique industrielle. Cela risque de mettre en danger tout le système monétaire mondial. [...]
[...] Or, ces transformations ont tendance à modifier le type même de capitalisme. En effet, dès l'apparition de la grande entreprise moderne au XIXe siècle, le capitalisme devient managérial Ainsi, au gouvernement du père s'est substitué le gouvernement des experts C'est la technocratie qui domine donc les stratégies de production, l'organisation, la gestion : elle possède le contrôle technique et réel de l'entreprise. Il ne reste ainsi que le contrôle formel aux actionnaires, qui sont d'ailleurs particulièrement marginalisés dans les années 1920. [...]
[...] Les propriétaires des titres de propriété imposent de nouvelles normes aux managers (Return on Equity de et les contrôlent de plus en plus. Les coûts d'agence expliquent bien cela. En effet, la relation principal-agent implique une asymétrie d'information, puisque comme W. Baumol l'a fait remarquer, les intérêts des actionnaires et des cadres divergent, les premiers recherchant la maximisation de la valeur de l'entreprise, les seconds la croissance à long terme. Meckling et Jensen montrent alors que le contrôle de l'agent par le principal est nécessaire. [...]
[...] Mais y a-t-il finalement convergence entre les différents pays capitalistes ? L'Allemagne, que Michel Albert appelle le modèle rhénan au début des années 1990, est caractérisée par des investissements croisés entre banques et entreprises. Mais, avec le contexte actuel international de mondialisation, de libéralisation, les banq-industries sont remises en cause. Les investisseurs institutionnels pénètrent le capital des entreprises et les normes anglo-saxonnes de corporate governance s'imposent. Au Japon aussi, le rôle des banques est très important même si elles ne peuvent détenir plus de du capital des entreprises. [...]
[...] Les entreprises passent alors du travail à domicile au manufactury system, où les ouvriers sont dans un même lieu mais n'utilisent pas de machines, et au factory system ou système usinier, au cours du XIXe siècle. En permettant un accroissement de la productivité, ces modifications ont été un des facteurs de la forte croissance économique qui a accompagné la Révolution Industrielle. Ce sont aussi de nouveaux produits, comme par exemple les indiennes, qu'ont lancé les entreprises, mais également de nouvelles techniques dans de nombreux domaines ; et par là même, elles ont été au cœur du phénomène de croissance économique. [...]
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