En 1972, lors d'une conférence à l'Université de Princeton, l'économiste James Tobin propose la taxation des transactions de change en vue de limiter la volatilité des capitaux en réduisant les mouvements de capitaux à court terme. Cette mesure devrait permettre aux gouvernements de retrouver leur autonomie en matière de politique économique. En effet, selon le triangle d'incompatibilité formalisé dans les années soixante par Robert Mundell, il est impossible de mener une politique économique autonome, en garantissant une parité de changes fixes et la liberté des mouvements de capitaux (...)
[...] Les marchés financiers peuvent donc refléter des tendances déconnectées des réalités économiques, voire permettre la constitution de bulles spéculatives qui, quand elles éclatent, ont des conséquences profondes sur l'économie réelle. Ces conséquences peuvent aller jusqu'à empêcher le développement de certaines économies qui se retrouvent privées de capitaux. Keynes expliquait déjà ce phénomène en comparant les marchés financiers à des concours de beauté où celui qui gagne est celui dont le palmarès anticipé correspond le plus au palmarès final, préconisé par la majorité des parieurs. [...]
[...] De toute manière, l'instauration d'une telle taxe renchérirait le coût du commerce international, ce qui n'est pas forcément favorable pour une économie comme celle de la France qui se situe au quatrième rang des exportateurs mondiaux. De plus, s'ajoutent à ces objections en ce qui concerne l'application de la taxe certaines objections de fond. Il parait en effet absurde de diaboliser les marchés financiers et la spéculation. Ces derniers permettent d'effectuer les transactions internationales en assurant la convertibilité des monnaies, et de répartir le risque monétaire entre ceux qui acceptent de l'assumer dans l'espoir d'effectuer un profit et ceux qui souhaitent s'en prémunir. [...]
[...] III-Les obstacles à l'instauration d'une telle taxe et les objections qu'on peut y faire. La première remarque que l'on objecte souvent à la Taxe Tobin est la difficulté rencontrée lors de sa mise en place. En effet, ses opposants soutiennent la nécessité de l'appliquer à toutes les places où peuvent avoir lieu des transactions de changes sous peine de voir les transactions être délocalisées des pays adoptant la taxe vers ceux qui ne l'appliquent pas. On a déjà vu que la taxation sur le lieu de négociation limite ce risque. [...]
[...] Il fait partie du Conseil Economique de l'Administration Kennedy entre 1961 et 1962. Il est récompensé pour ses travaux sur la théorie des choix des portefeuilles par le Prix Nobel d'Economie en 1981. I-Le principe et les objectifs de la Taxe Tobin L'objectif premier d'une telle taxe, à savoir celui affiché dès 1972 par James Tobin, était de limiter la spéculation sur les variations de taux de change ; spéculation qui peut rendre les économies dépendantes du bon vouloir d'investisseurs pour qui le long terme est de dix minutes. [...]
[...] Cependant, la taxe Tobin pose de nombreux problèmes, notamment du côté de sa mise en œuvre mais aussi en ce qui concerne son efficacité. Les expériences financières de pays comme le Chili ou la Malaisie nous donnent cependant à réfléchir sur la pertinence de la mise en place de mesure régulant les marchés des capitaux. Ainsi, le fait que le Chili ait instauré un système de dépôt obligatoire et non rémunéré pour toute entrée de capitaux entre 1991 et 1998 lui a permis de connaître une plus grande stabilité monétaire que ses voisins, comme le reconnaissait Dominique Strauss-Kahn, alors Ministre français de l'Economie et des Finances. [...]
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