Il y a quelques mois mourrait Jacques Chaban-Delmas dit Chaban, résistant, gaulliste historique, ancien premier ministre et président de l'assemblée nationale. Pourquoi parler de Chaban-Delmas lors d'un exposé sur le syndicalisme ? Parce Qu'il fut le grand promoteur, inspiré notamment par son conseillé Jacques Delors de la nouvelle société, concept forgé durant l'après 1968 sur le rejet de l'affrontement comme mode privilégié des rapports sociaux au profit de la participation de chacun au processus décisionnel. Ce rejet de l'affrontement devait trouver en particulier sa place prioritairement dans les rapports entre travailleurs et patronat où une plus grande place devait être faite à la concertation et où l'on devait aboutir à un système de cogestion. Il ne faut pas oublier le traumatisme des grandes grèves de 1968, je parle ici des grandes grèves de ouvrières de Billancourt et de Sochaux où il y eut, ne l'oublions pas, deux morts. Accusé de livrer la France au socialisme, Chaban-Delmas ne put mener à bien ses projets mais la cogestion avait fait son apparition dans le débat syndical français et à partir de ce moment là, on n'assistera plus à une grève sans que ne soit cité en exemple le système allemand ou Suédois.
Revenons tout d'abord à une courte définition du syndicalisme. Qu'est-ce que le syndicalisme ?On peut tout d'abord distinguer syndicalisme de corporation. Une corporation est une association professionnelle de type verticale, c'est à dire qu'elle regroupe tous les membres d'un même corps de métier. Cette forme d'association n'a pas survécu au XVIII° siècle et donc au capitalisme débutant. La corporation des tanneurs regroupait par exemple tous ceux qui travaillaient le cuir, des apprentis au maître artisan. Au contraire, le syndicat, forme d'association apparue au XIX°, est la traduction organisationnelle du conflit latent du capitalisme entre les travailleurs et le patronat. Les syndicats sont des associations de type horizontales qui réunissent les travailleurs d'une même classe appartenant à différentes branches voire à différents pays. Le mode d'action typique du syndicalisme, très influencé au moins dans sa genèse par la pensée marxiste, est la grève.
Peut-on dire que la grève et la confrontation est un archaïsme hérité du XIX° siècle qui ne profiterait à personne et que la cogestion est l'avenir du syndicalisme et du mouvement ouvrier ?
[...] Non car le système capitaliste dispose pour se défendre de nombreux artifices (idéologies dit Marx) visant à empêcher le travailleur exploité de se rendre compte de sa situation. Ces artifices sont la religion avec son idéal d'une vie meilleure pour les pauvres dans une autre vie, du nationalisme et de son équivalent dans le monde économique, l'attachement à une entreprise favorisée par le paternalisme. Le rôle du syndicat est donc de montrer au travailleur sa nature d'exploité et par une politique d'opposition au patronat de faire naître une conscience de classe. [...]
[...] Pour le patronat, la réponse est évidente : il y a dans cette démarche décentralisée plus de souplesse. Tel est le discours classique et rebattu. En fait, on observe que cette méthode offre une marge de manœuvre supérieure au patronat que celle des conventions collectives. En effet, un tel processus décentralisé contourne le contrôle étatique et le législateur n'a plus son mot à dire. La logique des négociations est donc purement économique et plus politique et sociale. De plus, les syndicats se trouvent divisés en petites unités sans cohérence et sans perspective nationale comme cela peut-être le cas lors de négociations collectives et une grève est toujours plus difficile à organiser au niveau locale. [...]
[...] A l'inverse, en ce qui concerne une plus petite échelle, le niveau macro-économique, la cogestion ou la négociation dans un climat social détendu et ce particulièrement par le biais des conventions collectives est une solution le plus souvent satisfaisante. La confrontation apparaît cependant comme un horizon indépassable des rapports entre patronat et syndicats, tant que ceux-ci restent représentatifs du monde des travailleurs même si l'objectif des syndicats n'est plus la fin du système capitaliste. En effet, la confrontation entre les travailleurs et le patronat est un cadre de lecture des relations de travail d'une importance extrême pour le travailleur. [...]
[...] En effet, ce système exige tout d'abord l'existence de forces syndicales assez puissantes et bien implantées dans le monde ouvrier pour être crédibles face au patronat. Il faut pouvoir disposer face aux puissances de l'argent, celles de la rue. Ce modèle ne pourrait donc jamais être en France où les syndicats sont des plus divisés et où aucun ne peut plus divisés en plusieurs sections irréconciliables de la CGT à la CFTC en passant par SUD ou la CGC. Rien de comparable au DGB allemand, fort de plus de sept millions d'adhérents et qui possède son réseau bancaire propre. [...]
[...] Syndicalisme et patronat en économie de marché : affrontement ou cogestion? Introduction Il y a quelques mois mourrait Jacques Chaban-Delmas dit Chaban, résistant, gaulliste historique, ancien premier ministre et président de l'assemblée nationale. Pourquoi parler de Chaban-Delmas lors d'un exposé sur le syndicalisme ? Parce Qu'il fut le grand promoteur, inspiré notamment par son conseillé Jacques Delors de la nouvelle société, concept forgé durant l'après 1968 sur le rejet de l'affrontement comme mode privilégié des rapports sociaux au profit de la participation de chacun au processus décisionnel. [...]
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