Une stimulation conjoncturelle a-t-elle encore un sens à l'heure de la mondialisation ?

Résumé du document

Il s'agira de démontrer que si la mondialisation rend effectivement fictive toute stimulation conjoncturelle nationale indépendante, cette interdépendance n'en autorise pas moins la recherche de nouveaux cadres de régulation rendant possible une certaine émancipation des politiques économiques vis-à-vis des contraintes extérieures

Extraits

[...] Les nouvelles théories de la croissance qui font du progrès technique un facteur de production endogène avancent qu'il existe des rendements croissants à long terme susceptibles d'entretenir un processus de croissance permanente : le développement des connaissances et surtout la diffusion de ces résultats aux entreprises, les innovations technologiques, l'investissement dans l'éducation et dans la formation, la qualité des infrastructures peuvent être qualifiés d'efficaces, au sens très précis que l'économie donne à ce terme. Une politique est efficace si elle bénéficie à certains sans léser personne. Ce n'est pas le cas des politiques visant à compenser par des transferts les effets de la globalisation. [...]

[...] Il existe en effet de surcroît un risque de cercle vicieux de la monnaie faible. Les dévaluations conduisent à de l'inflation importée, à un déficit extérieur dans un premier temps et à une spéculation sur la monnaie ; le succès d'une telle opération dépend de la conjoncture internationale : si l'environnement est dépressif, les possibilités de hausse des exportations sont limitées, et si en revanche la demande intérieure est soutenue, les importations continueront de croître, comme ça a été le cas en 1982-1983. [...]

[...] Il faut donc pour le supprimer des politiques ayant un contenu structurel. Trois types de solutions sont possibles. D'abord, la solution libérale prescrit la flexibilisation du marché du travail, afin que ces marchés fixent librement le prix de chaque catégories de force de travail. Elle admet une variante : baisser drastiquement les charges sur les bas salaires. Ensuite, on peut citer la réduction du temps de travail, les modalités de cette dernière pouvant être très différentes (temps partiel, baisse de la durée légale Cette option est très controversée, mais beaucoup s'accordent à dire que ces politiques sont envisageables surtout pour les protégés Enfin, il est envisagé la solution de créer de nouveaux emplois publics ou parapublics, en augmentant simplement le nombre de fonctionnaires ou en subventionnant le tiers secteur, par exemple en activant les sommes actuellement dépensées pour l'indemnisation du chômage. [...]

[...] Il ne fait donc aucun doute, si l'on garde en mémoire que ses frontières économiques ne sont pas statiques, que les Etats-nations ont encore un rôle à jouer aujourd'hui. D'ailleurs, une étude récente montre une corrélation très forte entre le volume des dépenses publiques (en % du PIB) et le degré d'ouverture aux échanges extérieurs Si une telle relation positive existe, l'opinion actuellement répandue selon laquelle la nature centralisée de l'Etat est incompatible avec la mondialisation ne peut s'expliquer que par l'idéologie qui sous-entend l'ordre mondial actuel. [...]

[...] Mais n'est-il pas excessif d'avancer qu'une stimulation conjoncturelle n'a plus de sens à l'heure de la mondialisation ? Et quand bien même cette affirmation serait vérifiée, est-ce pour autant la fin de l'Etat ? Ainsi, il s'agira de démontrer que si la mondialisation rend effectivement fictive toute stimulation conjoncturelle nationale indépendante, cette interdépendance n'en autorise pas moins la recherche de nouveaux cadres de régulation rendant possible une certaine émancipation des politiques économiques vis-à-vis des contraintes extérieures. Tout d'abord, force est de constater que l'autonomie des politiques de relance conjoncturelles de l'activité sont rendues caduques par le processus de mondialisation croissante de l'économie Il est en effet incontestable que l'interdépendance des marchés au niveau national s'est fortement accrue au cours de ces dernières années. [...]