« La spéculation mériterait d'être portée au rang de huitième péché capital : tout le monde la réprouve, chacun la pratique. » écrit Jean Peyrelevade dans L'économie de spéculation, cherchant à montrer ainsi le caractère à la fois nécessaire et dangereux ou en tout cas mal vu d'une telle activité. La spéculation au sens large est une activité humaine qui parie sur l'avenir, dans ce sens nous sommes tous des spéculateurs. Au sens plus restreint, la spéculation financière consiste en l'achat ou la vente de titres financiers (titres de créances, actions, produits dérivés) sur un marché organisé du type de la Bourse ou à l'amiable dans l'espoir d'en tirer profit grâce à l'évolution future des cours, tout en acceptant que l'on perde au final. Le spéculateur joue donc avec le décalage temporel qu'introduisent certaines transactions afin d'en dégager un profit et ce en fonction de ses vues de l'avenir, c'est-à-dire de ses anticipations. Quel est l'impact de la spéculation financière, qui par définition est détachée de l'économie réelle ? Est-ce que son rôle de créatrice de crise est avéré ? Autrement dit est-ce qu'elle est l'âme damnée de l'efficience des marchés, au sens du processus d'ajustement et d'équilibre qui constitue le fondement des marchés ? S'il ne faut pas considérer la spéculation comme une activité nuisible en soi, et si effectivement de nombreuses théories sont venues soutenir les bienfaits réalisés par les spéculateurs, il est nécessaire de sortir des théories traditionnelles basées sur la référence au modèle de concurrence pure et parfaite en levant leurs hypothèses parfois trop fortes qui contredisent les vérifications empiriques.
[...] Tous sont conscients des risques d'euphorie et inversement de panique financière mais peu d'investisseurs en réchappent et parviennent à s'échapper du marché avant le krach. Cela est du à la tendance auto réalisatrice des spéculations des marchés et qui plus est amplificatrice ; les agents adoptent en effet une logique de comportement de mimétisme démontré par André Orléan. C'est déjà ce qui disait Keynes en parlant de la Bourse comme d'un concours de beauté : il ne s'agit pas de parier sur celle qu'on considère comme la plus belle, c'est-à-dire le titre ayant le plus de potentiel, mais sur celle qu'en majorité les autres parieurs trouvent la plus belle, c'est-à-dire sur les titres qui centralisent le plus d'analyses positives. [...]
[...] La différence introduite entre bon et mauvais spéculateur Les théoriciens favorables à la spéculation avaient anticipé les critiques concernant la non-vérification empirique de leurs dires. Ils font alors la distinction entre mauvais et bons spéculateurs. Le bon spéculateur est celui qui unifie les prix des divers marchés, celui qui fait gagner la société. S'il y a des crises c'est qu'à côté de ce bon spéculateur il y en a un mauvais, un qui en se trompant fait perdre du profit. Ce sont les amateurs qui en faisant des erreurs perturbent l'action des professionnels dont la spéculation est bénéfique. [...]
[...] Sur un marché liquide les agents sont price taker quelque soit la quantité qu'on vende et qu'on achète le cours ne bouge pas. Un marché illiquide où la concentration boursière est plus marquée, a donc plus de mal à absorber les chocs, et est plus sensible aux bulles financières. Il est donc difficile de déterminer si oui ou non la spéculation est réellement l'âme damnée de l'efficience des marchés financiers, c'est-à- dire si elle a une fonction déstabilisatrice ou non. [...]
[...] C'est le point de départ de la réflexion de certains économistes comme Tobin qui on l'a vu préconise la taxation des transactions financières afin d'introduire une certaine viscosité dans les marchés financiers qui freinerait la formation des bulles spéculatives. Bibliographie J.E. Stiglitz, C.E. Walsh, Principes d'économie moderne, De Boeck Erwan Le Saout, Introduction aux marchés financiers, Economica Sous la direction de Marcel Drach, L'argent Croyances, mesures, spéculation, La Découverte Jean Peyrelevade, L'économie de spéculation, Seuil Samuelson Paul et Nordhaus William, Economie, Economica, 18ème édition http://www.aef.asso.fr/parution.jsp?prm=26130 : site de l'Association d'économie financière. [...]
[...] Il est à noter que la volatilité n'est pas mauvaise en soi, puisque la nature même des marchés financiers est d'être volatils. Cependant il existe une volatilité déstabilisatrice car excessive. Une volatilité trop forte devient mauvaise pour le marché car le prix des actifs est censé donner des indications cohérentes sur la santé des firmes, sur la capacité du marché à gérer les infos et donc à allouer le capital de façon optimale De plus la volatilité entraîne une crainte chez les investisseurs (plus elle est grande, plus le risque est fort) et donc ils ont tendance à augmenter leur exigence de rendement, ce qui entraîne donc une hausse des taux d'intérêt. [...]
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