Comme l'a rappelé P. Bairoch, les niveaux de vie observables dans les différentes régions de l'économie mondiale étaient relativement proches avant la révolution industrielle Celle-ci a ouvert un écart entre les pays qui ont amorcé leur décollage ou take off selon l'expression de Rostow, et se sont développés, et les autres. Dès le XIXe siècle, une première amorce de mondialisation, ou du moins d'internationalisation des économies s'est opérée, et a semblé favoriser l'essor d'un certain nombre de pays « retardataires », qui ont pu rejoindre le groupe des pays industrialisés. Le même processus toutefois a été accusé de bloquer le décollage d'un vaste ensemble de pays, sous la domination directe des puissances avancées. Ceux-là ont conservé des structures traditionnelles, et se sont maintenus dans ce que l'on a appelé par la suite le « sous-développement ».
Aujourd'hui le monde économique est un monde largement déséquilibré et particulièrement hétérogène. Ceci est la conséquence donc des insertions inégalitaires dans le commerce international ; mais aussi au sein d'un même groupe à savoir des pays du tiers monde qui forme plutôt « des » tiers mondes. De plus on note qu'aujourd'hui les échanges internationaux sont déséquilibrés dans la mesure où ils sont particulièrement polarisés aux Nord. En effet les flux d'Investissement Direct à l'Etranger (IDE) se font d'abord entre pays riches, quant aux Firmes multinationales (FMN), elles sont majoritairement d'origine des pays développés. Les déséquilibres internationaux sont aussi marqués par le fait que cette situation, qui peut être avantageuse pour les pays du Nord, l'est beaucoup moins pour les pays en voie de développement. C'est d'ailleurs sur cette idée que repose la thèse de Samir Amin, qui souligne le fait que les pays en périphérie sont exploités par les pays du centre ce qui empêche les premiers de se développer. D'ailleurs le phénomène du « brain drain » en est un exemple flagrant.
Les déséquilibres internationaux sont de ce fait nombreux. Outre les déséquilibres budgétaires et courants, l'économie mondiale pâtit de multiples autres disparités et déséquilibres, qu'il s'agisse de l'énergie, des régimes de retraite, des inégalités de revenus, de la flexibilité des marchés du travail nationaux, du profil démographique des pays et régions du monde ou de la protection sociale, et bien d'autres.
Mais la question qui se pose est alors relative à la soutenabilité ou durabilité de ces déséquilibres. En effet l'année 2004 s'est annoncée comme une bonne année pour la croissance mondiale. La reprise était générale, mais encore une fois inégale. Si l'Asie caracole en tête, avec une croissance beaucoup plus rapide que le reste du monde (de sorte que sa part dans la richesse mondiale progresse), le rattrapage des autres zones en développement est en revanche plus problématique. Les écarts de croissance sont aussi très accusés entre les pays riches, le dynamisme de l'économie américaine tranche avec la reprise molle dont doit se contenter la zone euro, ou même la croissance quasi inespérée du Japon, qui semble entrevoir la fin de quinze ans de marasme. Ce différentiel de croissance ne va pas sans de profonds déséquilibres. Cette année encore, le déficit courant américain devrait représenter plus de 5% du produit intérieur brut (PIB). Pour financer ce gouffre, le pays le plus riche du monde est aussi celui qui importe le plus de capitaux. Les Etats-Unis captent ainsi à leur profit une portion importante de l'épargne mondiale, tandis que le monde en développement est exportateur net de capitaux. Sans parler de l'épée de Damoclès que ce déficit fait peser sur l'économie mondiale, en menaçant la stabilité du dollar.
Quelle est alors la limite de ces déséquilibres ?
[...] L'aide publique au développement (APD) fut décidée en 1970 par un engagement pris devant les Nations Unies. L'APD doit représenter de leur revenu national brut. Cet objectif de n'est atteint que par quelques pays du nord de l'Europe (la Norvège, le Luxembourg, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas) alors que trois pays ne dépassent pas (l'Italie, les Etats-Unis et le Japon). Le 24 mai 2005, les pays de l'Union européenne ont avancé le chiffre de d'ici à 2010, et d'ici à 2015. Cette promesse a-t-elle davantage de chances d'être tenue que celle de 1970 ? [...]
[...] Toutefois, pour être efficace et préempter les fluctuations du marché, l'effort doit être crédible. Plus particulièrement, si l'épargne n'augmente pas aux États-Unis, il est peu probable qu'un accroissement de la demande intérieure à l'étranger et une plus grande souplesse des taux de change aient une incidence notable sur les déséquilibres internationaux ; ils risquent plutôt d'exacerber les contraintes de capacité au plan mondial, ce qui réduirait les chances d'un atterrissage en douceur. D'autant plus que pour que le déficit courant des États-Unis soit ramené à un niveau viable, la demande intérieure doit diminuer dans ce pays. [...]
[...] Toutefois, les déséquilibres actuels ne sont à l'évidence pas soutenables dans la durée. Supposons que les postes de la balance américaine autres que les revenus du capital se stabilisent à leur niveau du dernier trimestre 2004 (le déficit courant a atteint le niveau record de du PIB) ; que le rendement des actifs des non-résidents aux Etats-Unis soit de et que le PIB américain en valeur augmente en tendance de par an. A taux de change inchangés, la position extérieure nette des Etats-Unis, négative à hauteur d'environ 25% du PIB fin 2004, serait négative à hauteur de 60% du PIB en 2010 et de près de 90% du PIB en 2015. [...]
[...] La montée des réserves de change de la Chine et de quelques autres pays d'Asie les a également placés en position de créditeurs importants ces dernières années. Eux aussi privilégient le dollar dans leur placement et ont donc intérêt à ce que la devise américaine ne s'affaiblisse pas trop : en cas de chute du dollar, leurs actifs aux Etats-Unis connaîtraient une forte dépréciation, mettant nombre de ces banques centrales comptablement en faillite ! II/ Les risques lies a la résolution du déficit américain A. Explosion de la bulle spéculative : instabilité financière Et maintenant où va l'économie mondiale ? [...]
[...] Contrairement aux Etats-Unis, la Chine et le Japon ont un excès d'épargne et représentent à eux-seuls près de 30% de l'épargne mondiale disponible. Le taux d'épargne chinois avoisine les 50% et l'investissement y est supérieur à ces chiffres sont suffisamment rares pour être soulignés. Paradoxalement, les pays du Sud sont majoritairement exportateurs de capitaux alors qu'ils ont des besoins importants en investissements pour se développer. Par ailleurs le surplus d'épargne mondial est utilisé pour ses deux tiers au financement du déficit américain. [...]
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