La sélection adverse (ou antisélection) est un terme utilisé à l'origine par les compagnies d'assurance pour désigner le fait que les individus à hauts risques ont tendance à s'assurer plus que les autres, de sorte qu'une « sélection » se fait parmi les assurés, mais dans un sens défavorable pour l'assureur.
L'antisélection suppose qu'il y a asymétrie d'informations, rationalité des acteurs, et variabilité de la qualité des produits offerts sur le marché. Une des parties dispose de plus d'informations que l'autre (par exemple, l'assuré sait qu'il est « à hauts risques » ou non, ce qui n'est pas le cas pour l'assureur.)
Ce phénomène est connu depuis très longtemps (Sir Thomas Gresham avait montré, dès le XVIe siècle, que dans les systèmes monétaires bimétalliques (avec une monnaie en or et une en argent), la « mauvaise monnaie avait tendance à chasser la bonne »). C'est toutefois dans les années 1970 que la question de la sélection adverse a été mise à l'ordre du jour par les théoriciens néoclassiques, qui y voient une cause possible de défaillance du marché. L'antisélection est en effet généralement source d'inefficience, puisqu'elle peut empêcher que se nouent des relations mutuellement bénéfiques.
[...] Il y a donc un marché unique et un prix unique sur ces véhicules. Pour se repérer, les acheteurs vont donc raisonner en probabilité, en calculant la valeur moyenne espérée. Ils savent qu'un véhicule sur deux est de bonne qualité, et qu'un véhicule sur deux est un tacot. Or + 1200 / 2 = 1800 ; 1800 euros sera donc le prix maximal que les acheteurs seront prêts à payer pour acquérir un bien sur ce marché. En dessous, ils sont sûrs de faire des pertes lors de l'achat. [...]
[...] L'intérêt du signalement est qu'il permet une différenciation des produits (sur les marchés de biens et de services) et du capital humain (sur le marché de l'emploi). Dès lors, les biens peuvent être hiérarchisés et la création de sous-marchés est donc rendue possible, comme si par exemple dans le marché des Lemons les acheteurs pouvaient effectivement distinguer les voitures de bonne qualité des tacots. On voit donc l'importance majeure de ce concept de signalement, puisqu'en permettant de réduire l'asymétrie d'information, il permet d'augmenter le surplus collectif en permettant au consommateur (ou au recruteur) de faire des choix qui soient les plus conformes possible à ses envies. [...]
[...] Les mauvais employés ont tout intérêt à se comporter en passagers clandestins, en bénéficiant de la productivité des bons. Mais les bons, sachant qu'ils méritent une meilleure rémunération que la rémunération moyenne, ont tout intérêt à investir dans un signal, en l'occurrence, ici, l'éducation. Pour Spence, l'éducation n'a pas tellement de valeur en soi (elle n'a pas d'influence directe sur la productivité), par contre, il considère que les bons, sachant que les entreprises sont désireuses de distinguer les bons des mauvais, n'auront pas d'hésitations à investir dans de l'éducation pour prouver en quelque sorte qu'ils sont capables de payer (en termes d'efforts). [...]
[...] Le problème du consommateur est donc bien sur d'identifier les biens de qualité. En situation de symétrie d'information parfaite, sans doute y aurait-il sur un tel marché des acheteurs potentiels de biens de bonne qualité et de mauvaise qualité, dans des barèmes de prix adéquats. Néanmoins, la présence sur le marché de commerçants qui n'hésitent pas à faire passer des biens de mauvaise qualité pour des biens de bonne qualité tend à décourager les commerçants honnêtes et à induire en erreur le consommateur. [...]
[...] Néanmoins, les signaux peuvent transférer le problème d'asymétrie d'information sans le résoudre ; la profusion de différents signes de qualité sur un même marché peut amener à une confusion de la part des consommateurs concernant la différenciation de la qualité des biens. Par ailleurs, l'élargissement du nombre de souscrivant à un même signal peut aussi réduire la force du signal (c'est relativement évident dans le cas de la publicité par exemple) ; la valeur du signal est alors liée à sa rareté. Un exemple: le niveau d'éducation (Michael Spence, 1973). Supposons deux types d'employés ; un bon et un mauvais. [...]
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