Quel est le champ des sciences sociales ? Leur objet ? Elles ont un champ commun : l'étude des hommes vivant en société. Mais il semblerait que l'économie ait eu la volonté de s'arracher des sciences sociales et cela par sa méthode notamment (mathématisation et modélisation). Par ailleurs, les théories classiques et néo-classiques dominent le monde économique. Parmi les nombreuses hypothèses données dans ces théories, la rationalité de l'individu occupe une place non négligeable. En effet, elles se focalisent sur le comportement d'un individu, isolé du groupe, représenté par « l'Homo Oeconomicus ». L'individu rationnel est capable de faire un choix selon un calcul coût-avantage. Ainsi, la théorie microéconomique explique les phénomènes économiques et sociaux à travers ce comportement, cette attitude de « rationalité formelle ». Cependant, en dépit de l'importance qu'on lui accorde, elle est soumise à de vives critiques de la part, entre autres, de l'hétérodoxie. Cette dernière met en évidence l'aspect réducteur de cette approche.
Face à ces différents mouvements, nous pouvons nous interroger quant à la place des sciences économiques vis-à-vis des sciences sociales. Dans quelles mesures les sciences économiques sont-elles le modèle des sciences sociales ? Comment ces sciences ont-elles évolué ? Ne devrait-on pas considérer, aujourd'hui, les sciences sociales comme le modèle des sciences économiques ?
L'étude suivante a pour objet de répondre à ces questions. Nous reviendrons tout d'abord sur l'évolution des sciences économiques et sur l'origine de la rationalité formelle. Puis nous présenterons la vision de l'orthodoxie à savoir la domination de l'économie. Dans un dernier temps, nous exposerons les critiques formulées à l'encontre de l'orthodoxie et sa remise en cause.
[...] (L'économique devient un tout autonome Quesnay, la séparation du politique Locke, l'abandon de la référence à la moralité Mandeville et la Fable des abeilles, l'harmonie naturelle d'un monde fondé sur l'individualisme Smith et la main invisible la supériorité des phénomènes économiques comme clé explicative de l'histoire et de l'évolution des sociétés Marx). Le XIXème et le XXème siècle ont tenté de construire un monde conforme à cette idéologie économique. Au XIXème siècle, l'économie se scientifise et se définit comme un type d'activités humaines (production, consommation ) dont l'enjeu est la satisfaction des besoins dans un univers de rareté. Dans ce cadre, la rationalité des individus et leur comportement intéressé deviennent fondamentaux. B. [...]
[...] Le concept de Rationalité dans l'analyse Wébérienne Un des auteurs qui défend le concept de rationalité n'est autre que Max Weber. A travers deux ouvrages Ethique protestante et esprit du capitalisme et Economie et Société il tend à nous montrer l'existence de la rationalité dans de nombreux domaines. Il distingue ainsi deux types de rationalité : - la rationalité formelle qui est une relation d'efficacité entre des fins et des moyens Celle-ci est fondée sur un calcul. - la rationalité en valeur qui est une relation d'efficacité qui porte sur des objectifs politiques, moraux ou religieux Ce qui implique, pour l'auteur, que l'intérêt privé (accroître ses richesses) ne constitue pas le but ultime de l'individu. [...]
[...] L'instruction Boudon R., L'Inégalité des chances L'école apparaît comme un outil au service de l'individu au sens où elle est une réponse aux stratégies des familles : R. Boudon, partisan de l'individualisme méthodologique, analyse la prise en compte des coûts et des bénéfices attendus de l'école par les familles en fonction de leurs positions sociales. Ceci explique les différences constatées entre les cursus scolaires des différents milieux sociaux. Cependant, le but n'est pas de dire que les parents ou les étudiants calculent sans cesse, mais que tout se passe comme s'ils étaient rationnels. [...]
[...] Comme science des choix rationnels l'économie est un outil qui permet de traiter toutes sortes de problèmes sociaux. Le champ d'action de l'économie a été étendu à la sociologie (Becker), à l'histoire (Fogel et North) et à la science politique (Buchanan). Hirshleifer écrit en 1985 que l'économie peut être considérée comme la grammaire universelle des sciences sociales Aussi, les sciences sociales et la sociologie en particulier ont cherché à s'inspirer du modèle théorique mis en exergue par les sciences économiques pour le développement de leurs propres analyses. [...]
[...] Par ailleurs, l'homo oeconomicus peut apparaître ébranlé lorsque les travaux économiques s'intéressent à des domaines relevant normalement d'autres sciences sociales. La vision selon laquelle l'économie partirait à l'assaut des autres sciences semble simplificatrice : la démarche économique s'adapte et se diversifie au contact des autres sciences. Il existe donc un dialogue avec d'autres sciences sociales telles que la psychologie. Par exemple Kahneman et Tversky (Prospect theory : an analysis of Decision under Risk, Economica, 1979) intègrent des réactions psychologiques dans leur modèle de décision en situation d'incertitude (Ecce homo oeconomicus ou sapiens ? [...]
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