Si, d'un point de vue 'optimiste', le rôle de l'endettement ne peut être que neutre (dans l'hypothèse de cycles exogènes) ou favoriser à court terme la phase expansionniste des cycles (I), il apparaît en réalité que son impact récessif à long terme sur le cycle de croissance justifie le choix de politiques macro-économiques et de structures de financement visant à combattre ses effets pervers (II)
[...] Concernant l'investissement des entreprises, leur financement par l'endettement et la pression trop forte sur le " levier " les fait buter à terme sur une contrainte de solvabilité matérialisée par un ratio d'indépendance financière (rapport de la dette sur les fonds propres) qui rend tout endettement supplémentaire difficile à obtenir alors même que l'entreprise se trouve désormais en situation de forte dépendance vis à vis de ses créanciers. A terme, cet état de fait conduit à des " restructurations de bilan " douloureuses, visant à reconstituer les fonds propres et la santé financière de l'entreprise. [...]
[...] Au mieux, on pourrait invoquer, avec P. Artus, le fait que la dette et le déficit budgétaire peuvent constituer un instrument de la relance temporaire provoquée de façon exogène par l'approche des élections. Mais au-delà des cycles exogènes, d'autres approches de l'évolution cyclique des économies permettent de prêter à l'endettement un rôle déterminant dans la phase expansionniste du cycle économique. L'approche de type keynésien du cycle économique formalisée par Samuelson incite à penser que l'endettement puisse jouer un rôle expansionniste majeur. [...]
[...] Il est dès lors fort difficile, au sein de ce cadre théorique, de faire jouer quelque rôle que ce soit à l'endettement qui, dans ses déterminants comme dans ses effets, s'intègre fondamentalement dans l'enchaînement économique. Ainsi, pour la théorie du " cycle politique l'élément déterminant le cycle économique serait l'intervention, à période régulière, d'élections : l'objectif de toute majorité étant de la conserver, toute phase préélectorale se caractérise par une relance due à une politique économique accommodante, dont les effets négatifs ne se font sentir sur les agrégats qu'une fois l'élection passée, et seulement alors intervient une politique de rigueur qui vient corriger ces excès " électoralistes De même, pour les théoriciens des cycles stochastiques ou exogènes, toute fluctuation résulte d'un aléa exogène, pour exemple, une mutation technologique (cf. [...]
[...] Au titre de cette logique fort classique du débiteur et du créancier, l'endettement peut concerner tous les acteurs de l'économie : les ménages, les entreprises, tout comme les administrations publiques. L'endettement résulte ainsi d'un arbitrage intertemporel : la préférence pour une dépense présente dont le coût est reporté à l'avenir. Dès lors, dans une perspective macro-économique, se pose une question induite par cet arbitrage : une économie peut-elle vivre durablement " au-dessus de ses moyens " ? Et en admettant le comportement cyclique des économies, quel rôle joue l'endettement dans ces cycles postulant une succession régulière de phases d'expansion et de récession de l'activité ? [...]
[...] Ce rôle apparaît comme fondamentalement ambivalent, et ses effets contradictoires selon la perspective temporelle adoptée et l'hypothèse cyclique considérée. En effet, si, d'un point de vue " optimiste le rôle de l'endettement ne peut être que neutre (dans l'hypothèse de cycles exogènes) ou favoriser à court terme la phase expansionniste des cycles il apparaît en réalité que son impact récessif à long terme sur le cycle de croissance justifie le choix de politiques macro-économiques et de structures de financement visant à combattre ses effets pervers (II). [...]
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