L'industrie, particulièrement la chimie, le nucléaire et les activités liées de transport et de stockage, est une activité dangereuse. Exemple en 2001 d'AZF, et en 2003 de l'explosion de l'usine de dynamite de Billy-Bercleau dans le Nord qui ont reposé le problème de la place de cette industrie dans les villes. Ce danger provoque des risques quand il est inséré dans un tissu dense et de ce fait vulnérable. Mais il peut aussi représenter une contrainte forte dans un espace rural. Ainsi après avoir été créateur de nouveaux espaces urbains et de ressources (ce qu'il est toujours) ce type est devenue une contrainte. La ville et l'industrie ont toujours entretenu des liens conflictuels. La ville a permis l'essor de la grande industrie, en lui fournissant des capitaux, de la main d'œuvre et des marchés pour écouler la production. Tout au long des XIXème et XXème siècles, les villes se sont donc développées grâce à l'industrie et en ont accompagné l'essor. Toutefois, l'industrialisation des villes engendre des désagréments. Ainsi, dès 1868, Elisée Reclus écrivait : « Une autre cause de laideur dans nos villes modernes provient de l'invasion des grandes industries manufacturières. Presque chaque agglomération urbaine est assombrie par un ou plusieurs faubourgs, hérissés de cheminées puantes, traversés de rues noires » (L'homme et la terre). On commence donc à prendre conscience des nuisances de l'industrie : la pollution, les paysages qui défigurent les faubourgs… Cela ne remet pour autant pas en cause le développement des industries en ville.
Le risque industriel présente une dimension sociale importante, car la présence d'industries en ville, lorsqu'elle représente une gêne, à plus forte raison un danger, pose toujours problème. Le débat n'a pas manqué de ressurgir après AZF : l'alternative était la délocalisation, la fermeture de l'usine, ou le déplacement des populations. Si la question des rapports entre ville et industrie est une vieille question géographique, la remise en cause de sa localisation est d'ordre social (c'est aussi la question d'un certain « vivre ensemble »).
[...] Une interface spatiale : Le risque est donc bien un objet géographique, il faut donc le traiter en terme spatial. Il se situe à l'interface entre un espace industriel et des espaces urbains ou ruraux englobant. Cette interface fonctionne dans les deux sens : - de l'entreprise - sujet au territoire - objet : schéma classique où on privilégie la stratégie des entreprises. C'est-à-dire que le territoire constitue l'environnement de l'usine, le support des ces activités. Les effets se mesurent en terme d'impacts économiques et financiers (bénéfices), d'emplois (bénéfices ou contraintes), de nuisances, pollution ou risques. [...]
[...] La catastrophe industrielle a pour conséquence de désorganiser les pouvoirs en place. Ainsi, lors de l'actualité on fait souvent le constat de l'inefficacité des secours, de la prévention La gestion des risques et la prévention pose donc des problèmes politiques : - Faut-il déménager les usines dangereuses ou les populations riveraines ? - Faut-il créer des exclusives spatiales ou bien au contraire favoriser les formes de mixité entre habitat et industrie dangereuse, dans une perspective de développement durable ? Fondamentalement, le risque est un révélateur des inégalités sociales. [...]
[...] À la différence des risques naturels, le risque industriel a d'abord été l'affaire des ingénieurs. Il fut ainsi défini par le couple probabilité/conséquences, ou fréquence/gravité. Si on met en relation ces deux critères, on obtient une courbe, dite courbe de Farmer[1], qui permet de quantifier le phénomène et de définir un niveau d'acceptabilité[2]. Au- delà d'un certain seuil apparaît la notion de risque majeur, définit par E. Propeck-Zimmermann : probabilité d'un événement hors du commun temporellement inattendu, lié au dysfonctionnement d'un système complexe et sont les conséquences d'une ampleur exceptionnelle, mais non délimitable dans le temps et dans l'espace, peuvent affecter la collectivité dans son ensemble et déstabiliser les pouvoirs en place La probabilité d'occurrence est si faible qu'on serait tenté de dire qu'elle est nulle. [...]
[...] Le danger lié à l'industrie est donc un phénomène concentré. Attention à l'effet d'échelle : le RTM reste un phénomène ponctuel et non zonal, même s'il y a concentration d'industries dans une région, et flux d'échanges de matières dangereuses entre les usines, cela ne signifie pas qu'il puisse y avoir des interférences (effets domino) entre ces sources de danger qui sont trop éloignées les unes des autres. B. La singularité du nucléaire Le nucléaire en France fait l'objet d'une autre réglementation. [...]
[...] Si la question des rapports entre ville et industrie est une vieille question géographique, la remise en cause de sa localisation est d'ordre social (c'est aussi la question d'un certain vivre ensemble I. Le risque, entre danger et vulnérabilité A. Le champ conceptuel du risque industriel 1. Industrie et nature : deux domaines antagonistes et pourtant On préférera parler en matière de risque industriel de danger plutôt que d'aléa, car le fonctionnement de l'industrie est tout sauf aléatoire tandis que le danger est permanent dans l'industrie nucléaire ou chimique. [...]
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