En 1780, la France est une grande puissance commerciale : dotée de colonies prospères, maîtrisant les mers, et à l'aube d'une nouvelle ère supposée de son industrie et son agriculture, elle semble devoir dominer de longues années durant l'économie mondiale.
En 1815, il semble bien que ces espoirs n'aient été que de doux rêves, ou des réalités de bien courte durée : depuis 1789 en effet, le pays fut le cadre de la Révolution, qui devait en théorie conduire à la refonte totale du système politique et social français. Aussi la période vit-elle de nombreux troubles et conflits agiter aussi bien la France que ses colonies et les autres pays d'Europe…
Mais dès lors qu'il est admis que le commerce ne peut prospérer autrement que dans la paix, la Révolution française n'a-t-elle pas tué l'économie ? Une telle hypothèse semble plausible : car perpétuellement sous l'influence de fortes tensions de tous ordres, comment l'économie nationale aurait-elle pu progresser ? De quelles manières la Révolution a-t-elle alors influé sur l'économie, tant d'un point de vue géographique que sectoriel ?
Afin de répondre à ces interrogations, nous verrons, dans une première partie, dans quelle mesure la Révolution française produisit différents effets dans l'économie nationale, et comment, d'une volonté de modernisation, l'on passa finalement à système économique somme toute relativement proche, dans ses théories, à celui en place sous l'Ancien Régime.
Puis, nous détaillerons dans une deuxième partie les répercussions de la Révolution sur les différents secteurs de l'économie dans les différentes régions de France.
Enfin, nous analyserons, dans une dernière partie, les causes et modalités de l'érection d'un modèle économique spécifiquement français.
[...] De même au niveau de l'industrie, qui se développa selon des modalités différentes, celles d'une ‘proto-industrialisation' fondée sur l'imbrication étroite entre les divers secteurs de l'économie française, en témoigne l'exemple de la mulquinerie. C/. Un système fragile voué à s'effondrer Néanmoins un tel système, s'il était encore viable en 1815, n'était pas destiné à perdurer : en effet, avec la nécessaire ouverture des économies nationales sur les marchés extérieurs, la France bientôt devait subir les affres de la concurrence de régions dotées d'une productivité plus forte, et en ce sens plus compétitives. [...]
[...] Néanmoins, ces changements furent minimes et fréquemment laborieux ; l'économie rurale fut sans conteste la grande perdante de la période révolutionnaire. En effet, les progrès furent fort minces : les outils n'évoluèrent guère, de même d'ailleurs que les assolements qui continuèrent à fonctionner selon un rythme triennal le plus souvent. En conséquence, la croissance du produit agricole ne dépassa pas 0,27% par an sur la période. Il faut dire que les de nombreuses mesures révolutionnaires vint mettre à mal le dynamisme agricole français, au rang desquelles le maximum vient en première ligne : en un moment où la France, libérée des contraintes féodales, aurait du emprunter la voie de la modernité, ces mesures, en augmentant les incertitudes quant à la conjoncture et la manque de confiance en l'avenir, mirent le progrès quantitatif et qualitatif de la production. [...]
[...] Enfin, au niveau de commerce extérieur, l'Angleterre en 1815 jouit d'une avance considérable sur la France, pour les raisons que nous évoquions plus haut : maîtresse des mers, la Grande-Bretagne assure en 1820 plus du quart du commerce européen, soit davantage qu'en 1780 la France ayant elle connu l'évolution inverse . mais faut-il pour autant parler de retard ? Est-il néanmoins judicieux de parler de retard de l'économie française vis-à-vis de l'Angleterre d'une part, et des autres pays d'Europe d'autre part ? [...]
[...] Seulement de telles initiatives revenaient à mettre à mort l'économie française : du fait du maximum des salaires, les gens ne pouvaient plus ni acheter ni investir, cependant que les producteurs cessèrent de produire, ne voyant pas l'intérêt de vendre à perte. Par ailleurs, l'état des routes n'avait cessé de se dégrader. La crise était telle que les mesures prises après thermidor visant à relancer l'économie (comme l'abandon du Maximum, la création du mandat territorial, l'action de François de Neufchâteau pour ‘exciter l'émulation des producteurs') ne devaient pas porter leurs fruits avant plusieurs années. C/. [...]
[...] Ainsi donc, si la Révolution ne tua pas l'économie, elle la contraignit de façon indéniable à évoluer selon des modalités originales qui, une fois supprimée la protection assurée par l'Empire, devaient s'avérer être autant de handicaps à surmonter impérativement. Retard industriel, archaïsme agricole tout ceci ne devait disparaître qu'avec le Second Empire, seul régime depuis 1789 à s'intéresser véritablement, et judicieusement à l'économie. Bibliographie - "Révolution et Empire 1783 à 1815" de Jean-Pierre Jessenne - "Histoire de la France rurale" tome 3 (1789-1914) de Georges Duby et Armand Wallon. [...]
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