Joseph Alois Schumpeter, économiste autrichien (1883-1950), a développé des idées qui ont secoué tant la pensée néo-classique que la pensée marxiste. Après des études très classiques, il obtient un doctorat de droit, puis participe aux activités d'un tribunal international au Caire avant d'enseigner dans divers pays, et finalement à Harvard à partir de 1932 et jusqu'à sa mort. Son œuvre traduit un souci constant de remise en question, de Nature et contenu principal de la théorie économique (1908) à Histoire de l'analyse économique (posthume, 1954), souci qui le fera passer d'une approche essentiellement statique à une autre plus dynamique de l'économie, où le rôle de l'entrepreneur sera mis en avant à travers l'importance donnée à l'innovation, et où l'alternance des phases cycliques de prospérité et de dépression sera prépondérante. Cette notion de cycle décrit des mouvements de l'activité économique alternés, récurrents, d'amplitude et de périodicité régulière. La conception qu'en a Schumpeter se base sur les cycles longs de Kondratiev (cycles de 50 ans environ, comprenant deux phases A et B de 20 à 25 ans chacune), et non sur des cycles courts comme les évoquait Juglar. Il y a un an, un grand nombre d'observateurs s'accordaient à dire que la croissance économique connaissait une « nouvelle donne » liée à l'apparition de l'e-économie et des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC), ce qui mènerait à terme à l'absence de revers économique durable. Aujourd'hui, les thèses de Schumpeter reviennent sur le devant de la scène. A l'aune de ses analyses, le retournement cyclique qui semble désormais bien entamé paraîtrait plus explicable qu'on aurait voulu le croire jusqu ‘à maintenant, ce qui mettrait fin à l'illusion que créa l'accélération de la croissance et le niveau élevé des gains de productivité aux USA en 2000. De fait il s'agit de constater que si la période charnière que vit l'économie aujourd'hui est spécifique (I), elle n'en révèle pas moins la pertinence de la vision schumpeterienne de l'économie (II).
[...] En effet, elle permet de ne pas être ni optimiste ni pessimiste vis-à-vis de l'évolution structurelle de l'économie, en ce qu'elle prend une forte distance par rapport aux faits, pour mettre en valeur une dialectique qui explique les succès comme les revers de la tendance économique, à une échelle très large. Pendant les Trente Glorieuses, il était normal que cette vision ne remporte pas un succès important face à la pertinence, à ce moment, des théories keynésiennes. Néanmoins, et sur le long terme, Schumpeter a prouvé son côté visionnaire Un autre apport majeur de Schumpeter, lié au premier énoncé, est sa conception d'un déséquilibre, d'une fragilité intrinsèque de l'économie de marché. [...]
[...] Les marchés financiers, après s'être enthousiasmé à propos des start-ups et de la révolution des moyens de communication, ont du se réajuster, se réguler par rapport à la réalité de la fragilité de ces concepts. Cet excès de spéculation est révélateur de cette illusion des NTIC, et la punition qu'il subit traduit la prédominance des mécanismes classiques dans les circuits économiques On constate de fait que l'économie, malgré un réel boom expliqué ci- dessus (cf. s'est heurtée finalement au mur du cycle économique traditionnel dont parle D. [...]
[...] Le retournement cyclique actuel peut-il être expliqué par l'analyse de Schumpeter ? Introduction Joseph Alois Schumpeter, économiste autrichien (1883-1950), a développé des idées qui ont secoué tant la pensée néo-classique que la pensée marxiste. Après des études très classiques, il obtient un doctorat de droit, puis participe aux activités d'un tribunal international au Caire avant d'enseigner dans divers pays, et finalement à Harvard à partir de 1932 et jusqu'à sa mort. Son œuvre traduit un souci constant de remise en question, de Nature et contenu principal de la théorie économique (1908) à Histoire de l'analyse économique (posthume, 1954), souci qui le fera passer d'une approche essentiellement statique à une autre plus dynamique de l'économie, où le rôle de l'entrepreneur sera mis en avant à travers l'importance donnée à l'innovation, et où l'alternance des phases cycliques de prospérité et de dépression sera prépondérante. [...]
[...] Et si les conclusions que Schumpeter en tire son erronées (cf. Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942) quand il évoque la prédominance à terme du modèle socialiste et de la propriété collective des moyens de productions, il n'en demeure pas moins que cette instabilité inhérente aux circuits économiques s'est révélée particulièrement juste au vu des évolutions actuelles de l'économie de marché. Conclusion Ainsi l'on a pu observer que le retournement cyclique qui s'est opéré d'abord aux Etats-Unis, puis en Europe à partir du troisième trimestre 2000, bien qu'il soit spécifique quant aux facteurs de son avènement et aux modalités de son déroulement, reste le fruit d'une évolution cyclique que Schumpeter avait mis en avant dans la première moitié du XXè siècle. [...]
[...] Ce niveau d'investissement élevé s'explique par la faiblesse des taux d'intérêt et la croissance de la consommation (elle-même due à un effet d'optimisme induit par le développement des NTIC). Il a résulté en un faux dynamisme, dans le sens où on n'assistait pas à une hausse réelle de l'efficacité du travail, mais plutôt à une hausse de la productivité globale des facteurs surtout motivée par l'élévation de la dose de capital utilisée par chaque salarié. Par ailleurs, le triomphe du NASDAQ a révélé son aspect éphémère de manière brutale à travers un revers qu'il est aujourd'hui de plus en plus difficile de considérer comme uniquement conjoncturel. [...]
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